En direct du palais de justice de Marseille et devant un parterre de journalistes, dont BV, le garde des Sceaux a parlé narcotrafic, blanchiment d’argent, corruption... Il a pointé du doigt « le manque de moyens » de la Justice et sa lenteur en rappelant que dans les Bouches-du-Rhône, il y avait « deux cents procès d’assise en attente ». Un constat que quiconque pouvait faire et que son prédécesseur, Didier Migaud, accompagné de Bruno Retailleau, avait déjà fait, à Marseille, le 8 novembre dernier.
Beaucoup de problèmes...
La seule nouveauté notable annoncée par Gérald Darmanin concerne les policiers, les magistrats et les agents pénitentiaires. À leur sujet, le garde des Sceaux a déclaré : « Je suis venu dire que nous allions alourdir les peines pour ceux qui menacent et corrompent les agents de l'État. » What else?
Pas grand-chose ! Des petites phrases classiques du type : « Il y a trop de peines de prison qui sont prononcées et qui ne sont pas exécutées » et un tacle appuyé sur Éric Dupond-Moretti, ancien ministre de la Justice qui avait mis en doute la parole des magistrats marseillais : « Les mots prononcés par les magistrats correspondent à la réalité. »
Le reste de la séquence n’a été que précaution et mesure. Le nouveau locataire de la Place Vendôme a dit vouloir « nettoyer les prisons » des téléphones portables, tout en indiquant qu’il n’en avait ni les moyens ni la capacité. Il manque, selon lui, 500 millions d’euros pour que cela soit possible. Il a ensuite redit vouloir isoler les cent narcotrafiquants les plus dangereux. Une ambition d’une faiblesse déconcertante, lorsque l’on sait qu’il y a 186 prisons en France et que 17.000 narcotrafiquants y sont incarcérés. Oui, la « priorité » de Gérald Darmanin est de neutraliser 0,6 % des dealers déjà sous les verrous. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne présume pas de ses forces.
... mais peu d’ambition
Durant toute sa prise de parole, le ministre de la Justice a été des plus mesurés. Il n’a pris aucun risque, ni dans ses propositions, ni dans ses commentaires. À deux reprises, suite à des questions de journalistes sur les règlements de comptes commandités depuis la prison de Luynes et sur le déménagement de la cité judiciaire de Marseille non souhaité par les avocats phocéens, il a déclaré ne pas avoir pris connaissance des dossiers.
Gérald Darmanin, absent du gouvernement uniquement trois mois, du 21 septembre au 23 décembre, et précédemment en poste à l’Intérieur, un ministère intimement lié à celui de la Justice, aurait voulu nous faire croire qu’il était novice en politique et au gouvernement qu'il ne s’y serait pas pris autrement. Après plus de quatre ans aux affaires, l’ancien maire de Tourcoing, qui a affirmé que « police et justice sont dans la même barque », n’a visiblement, jusqu’à présent, jamais songé à s'intéresser à ce qui se passait à l’arrière du navire.
Il s’est aussi caché derrière le fait « qu’il n’y a pas de budget voté » et, donc, aucun moyen « d’ouvrir des postes » pour la Justice, avant d’expliquer qu’il faut « sept ans » pour construire des prisons et qu’il ne pourra donc pas s’engager sur ce terrain-là.
Vous l’aurez compris, Gérald Darmanin n’est responsable d’aucun raté du passé, et pour ce qui est de l’avenir, il ne prend que d’infimes engagements. En ce jour de pluie, il ouvre très grand le parapluie.
Sarah-Louise Guille
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