Les départements imposent, sans consulter les mairies
La hausse du nombre de mineurs isolés étrangers constitue un défi majeur pour les dispositifs départementaux responsables de leur accueil. En plus du coût exorbitant que représente la prise en charge de ces profils - elle est estimée à 50.000 euros par mineur par an -, la question de la localisation des centres d’accueil constitue un réel enjeu. En France, pour désengorger les métropoles saturées, un plan de répartition des migrants est en place. Pour l’accueil des mineurs isolés, la gestion semble être comparable. Commencent, alors, à fleurir dans les petits villages préservés des établissements voués à recevoir ces nombreux mineurs étrangers non accompagnés. L'installation d'étrangers dans de petites villes et des villages encore préservés semble toucher tous les départements français et provoquer la colère des habitants et des élus locaux. Véronique Besse, députée non inscrite de la Vendée, conspue cette logique de répartition. Elle confie à BV : « Je souhaite alerter sur ces pratiques. Je ne veux pas que les villes et les départements encore préservés, jouissant d’une bonne qualité de vie, d’une vie associative riche, souffrent de l’échec de la politique migratoire au niveau national, au nom de la répartition migratoire, de la loi des villes. J’ajoute que les MNA (mineurs non accompagnés) coûtent très cher aux départements. »
Les petites villes ne peuvent pas accueillir décemment autant de mineurs
À Baillet-en-France (95), dans le Val-d’Oise, la situation est similaire. Le département impose sa décision à la mairie, pourtant opposée à ce projet, a-t-elle confié à France Info. En cause : l’installation de cent mineurs isolés étrangers dans un hôtel de la petite ville, au bord de la route nationale. Au regard des 2.000 habitants, les nouveaux arrivants représentent 5 % de la population, une surreprésentation, selon Jérôme Ruget, conseiller municipal « Ensemble continuons », qui assure que la petite commune n’est pas en mesure d’accueillir ces cent mineurs migrants dans des conditions dignes. La mairie assure à France Info ne pas avoir été consultée par le département dans l’élaboration de ce projet. Contactée par nos soins, la mairie n'a pas donné suite à nos sollicitations.
Un schéma similaire se produit à Maignelay-Montigny (60), dans l’Oise, petite commune de 2.500 habitants. Le conseil départemental de l’Oise impose à la ville l’ouverture d’un foyer pour mineurs non accompagnés. Une trentaine d'habitants y sont farouchement opposés, manifestant et brandissant des banderoles, le 28 décembre dernier, devant le bâtiment concerné pour tenter d’empêcher la mise en œuvre d’un projet jugé déraisonnable.
De la vie quotidienne de ces villes et villages, les départements décident de manière déconnectée, sans prendre en compte la réalité du terrain. Combien de temps, encore, les habitants et les élus locaux qui connaissent vraiment leurs terres souffriront-ils d'une politique migratoire nationale déréglée ?