Depuis plusieurs années, le mouvement pro-vie prend une ampleur inédite, aux États-Unis. Certaines des premières décisions de Donald Trump, les propos récents du président argentin à Davos, montrent que s’opposer à l’avortement ne confronte plus les dirigeants au tabou d’autrefois. Une politique anti-IVG se développe, créant une vive inquiétude chez une partie des Américains.
Le président républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson, et le vice-président américain James David Vance participaient à la marche. Ce dernier a enflammé les manifestants : « Nous marchons pour protéger les enfants à naître. Nous marchons pour proclamer et vivre la vérité sacrée que chaque enfant est un miracle et un don de Dieu. [...] Permettez-moi donc de dire très simplement que je veux plus de bébés aux États-Unis. [...] Nous avons besoin d’une culture qui célèbre la vie à tous les stades. [...] Notre pays voit le retour du président américain le plus pro-famille et pro-vie de l’histoire », a dit Vance aux manifestants.
Les États-Unis rejoignent la Déclaration de consensus de Genève
Le même jour, Marco Rubio, secrétaire d’État, affirmait que les États-Unis allaient rejoindre la Déclaration de consensus de Genève sur la promotion de la santé de la femme et le renforcement de la famille. « L'administration Trump s'engage à soutenir les familles, à promouvoir la santé de la femme et à protéger les enfants à toutes les étapes de la vie », a-t-il écrit, dans un communiqué. Cette organisation internationale, qui regroupe 35 pays signataires, avait été lancée en 2020 à l’initiative des États-Unis, sous le premier mandat de Donal Trump. L’ancien président démocrate Joe Biden s’en était retiré. Cette coalition rappelle que le droit à la vie est inhérent à la personne humaine, que l’enfant a besoin d’une protection spéciale avant sa naissance et que « l’avortement ne devrait, en aucun cas, être promu comme méthode de planification familiale ».
C'est l'aboutissement d'un long combat des militants pro-vie. Rappelons qu’en 2022, la Cour suprême des États-Unis avait annulé l'arrêt historique Roe v. Wade, qui garantissait le droit à l'avortement dans tout le pays, après la nomination de trois juges conservateurs au cours du premier mandat de Donal Trump. À ce jour, quatorze États américains interdisent le droit à l’avortement.
Donald Trump signe des décrets « pro-life »
Une semaine après son investiture, le nouveau président américain a donc signé de nombreux décrets, parmi lesquels deux ne passent pas inaperçus. Le premier gracie 23 personnes poursuivies par le précédent gouvernement pour avoir participé à des manifestations visant à bloquer des cliniques pratiquant l’avortement. « Ils n'auraient pas dû être poursuivis, a déclaré Donald Trump, aux journalistes. C'est un grand honneur pour moi de signer ce document. »
Le second décret rétablit le « Mexico City Policy » (déjà rétabli par Trump en 2017 et abrogé par Biden en 2021). Un texte qui, selon le Washington Post, « interdit aux organisations qui reçoivent des fonds américains pour la santé mondiale, à quelques exceptions près, de pratiquer des avortements, de conseiller ou de fournir des informations sur la possibilité d'avorter, ou de plaider en faveur de la libéralisation du droit à l'avortement ».
C’est dans ce contexte que, le 23 janvier, le président argentin Javier Milei a prononcé à Davos un discours en forme de charge violente contre le wokisme. Il y dénonce le « programme sanglant et meurtrier de l’avortement » comme une branche de « l’idéologie woke ».
Ces prises de parole et ces mesures inquiètent le mouvement pro-choice américain et la communauté LGBT, qui dénoncent un climat de menace de la liberté sexuelle. Des inquiétudes illustrées par Amnesty International qui expliquait, voilà quelques jours : « Aussitôt investi, le nouveau président a déjà signé plusieurs décrets qui marquent une nette offensive contre les droits de l'homme. »
Presque totalement absent en Europe, le combat contre l'avortement fait plus que jamais l'actualité, aux États-Unis.