Des inhumations gauloises en position assise : un rituel particulier
Les vestiges les plus anciens du site, datés du second âge du fer (entre 450 ans et la fin du premier siècle avant Jésus-Christ), sont constitués de treize tombes alignées sur une bande de 25 mètres. Ces fosses circulaires, d’environ un mètre de diamètre, abritaient des individus adultes inhumés selon une disposition inhabituelle : assis, le dos appuyé contre la paroi orientale, regard tourné vers l’ouest. Leurs jambes étaient fortement fléchies, souvent asymétriquement, et leurs bras reposaient le long du buste.
L’absence quasi totale de mobilier funéraire, hormis un brassard en roche noire, pose la question du statut social et du rôle de ces individus dans leur communauté celtique. Une telle homogénéité dans la disposition des corps suggère, pour les archéologues, un rituel structuré, peut-être réservé à une catégorie particulière de la population comme des guerriers, des notables ou des figures religieuses.
Bien que rares, d’autres tombes en position assise ont été également identifiées en Europe, notamment en France et en Suisse. Ces sépultures sont généralement situées en marge d’habitats aristocratiques ou à proximité de sanctuaires, suggérant un lien avec des élites ou des fonctions rituelles. Les représentations de figures accroupies ou assises en tailleur, sculptées dans la pierre ou le métal à la fin de la période gauloise et sous le Haut-Empire, pourraient trouver un écho dans ces pratiques funéraires.
Une autre nécropole pour des nourrissons
Au-delà de ces tombes gauloises, une autre nécropole datant du Ier siècle fut également retrouvée. Cet espace funéraire protégeait alors 22 sépultures exclusivement occupées par des nourrissons âgés de moins d’un an au moment de leur décès. L’absence de sujets plus âgés suggère, ainsi, un lieu spécifiquement dédié à l’inhumation des très jeunes enfants, témoignant ainsi d’une pratique funéraire particulière.
Avec les rares ossements retrouvés dans ces tombes, les archéologues ont pu également déterminer que les jeunes défunts étaient allongés sur le dos ou sur le côté. Certaines sépultures présentent aussi des traces de coffrages en pierre et des clous attestant la présence de cercueils en bois. Par ailleurs, plusieurs tombeaux contenaient des offrandes, telles que des pièces de monnaie ou des céramiques déposées dans les fosses funéraires, illustrant des rites d’accompagnement des défunts dans l’au-delà.
Le site à travers le temps
Cependant, la fonction du site a profondément changé, au fil des siècles. Après l’abandon de l’espace funéraire, une série de fosses de plantation, probablement datées de la période gallo-romaine, a été mise en évidence par les archéologues. Ces alignements rappellent ceux découverts à Gevrey-Chambertin en 2008, interprétés comme des vestiges de cultures viticoles. La mutation du site, passant d’une nécropole à un espace agricole, illustre ainsi de profonds changements dans les coutumes locales face aux besoins changeants des populations. Sous l’Ancien Régime, le site fut intégré au jardin du couvent des Cordeliers. Les fouilles ont révélé, également, des traces d’activités artisanales, notamment de boucherie, marquées par la présence de fragments de crânes de bovidés. Cependant, l’édification de l’école Turgot, en 1877, a profondément remanié le terrain du site, entraînant la destruction partielle des structures anciennes.
Ces fouilles menées à Dijon ont donc permis de mettre en lumière une occupation continue du site, depuis l’époque gauloise jusqu'à l'époque contemporaine. Si de nombreuses études sont encore à faire sur ces découvertes, ces dernières offrent déjà une meilleure compréhension de la civilisation gauloise.