
Après les déclarations de Fabien Mandon, chef d’état-major des armées, qui juge nécessaire d’« accepter de perdre nos enfants » dans une guerre contre la Russie, il est bon de prendre le recul nécessaire pour comprendre les réalités d’une « Ukraine réelle » censée motiver un tel sacrifice pour sa défense. Le romancier et traducteur Thierry Marignac, qui arpente de longue date ces deux pays en digne héritier d’Albert Londres, propose des éléments de réponse, issus de sources divergentes, dans un article diffusé dernièrement sur son blog Antifixion : « L’affaire des toilettes en or ». Cet auteur, qui se veut indépendant de toute propagande d’État, a été le premier à rendre compte du niveau de corruption régnant en Ukraine dans son livre La guerre avant la guerre, un sujet qui intéresse particulièrement les contribuables européens tant les aides financières ont été généreuses à son égard depuis le début du conflit avec la Russie.
Une corruption systémique
À l’heure où le gouvernement ukrainien est touché par un vaste scandale de corruption au plus haut niveau, Thierry Marignac souligne « la servilité abjecte des médias français qui ont le culot de prétendre dans un dossier aussi accablant que la démocratie est en marche puisqu’il y a une enquête ».
Le journaliste ukraino-australien Peter Korotaev remarque quant à lui que « les NABU [agence chargée de la lutte contre la corruption] et SAPO [agence nationale de prévention de la corruption] n’ont jamais rendu un verdict de peine de prison sur aucune des figures influentes qu’ils ont accusées de corruption ».
De fait, dans l’histoire récente de l’Ukraine, très peu de suspects de corruption ont été condamnés à des peines de prison ferme. En général, on se contente de les limoger.
L’auteur observe que « l’État ukrainien étant aux mains de bandes depuis son origine (34 ans), il est peu probable qu’on puisse survivre en n’étant pas soi-même un escroc, le plus vif à poignarder dans le dos ».
À son arrivée au pouvoir, Volodymyr Zelinsky était considéré comme la créature d’Igor Kolomoïski, un des oligarques les plus puissants du pays. Ce dernier fait exception à la règle d’impunité pour les puissants depuis son arrestation et son inculpation pour détournement de fonds en 2023, mais il avait fini par inquiéter les alliés occidentaux de Kiev, comme le rappelle un article du Parisien du 30 juillet dernier.
La grande presse considère cependant que le président ukrainien, entouré d’escrocs, serait « bien mal informé ou très naïf, […] sans jamais s’en apercevoir, ni rien toucher, blanc comme neige… ».
Le refus d’un audit sur l’aide occidentale
Dans les médias de grand chemin, il était impensable d’exprimer, il y a peu encore, ce qui devient progressivement une vérité admise, à savoir « le détournement des sommes folles versées au titre de l’aide occidentale à l’Ukraine, par les intimes du président en exercice ».
Dès lors, une question se pose : les décideurs européens ont-ils validé l’injection de milliards d’euros d’argent public en Ukraine sans réel contrôle ?
« Dans un article publié le 16 novembre, le média polonais Mysl Polska s’interroge ouvertement : “Est-il possible que les services de renseignement occidentaux, capables de suivre chaque transfert ou conversation, aient pu ignorer un tel système de corruption ?” »
En lien avec ce sujet, une information d’importance est passée inaperçue dans les grands médias français, bien qu’elle soit diffusée ces jours-ci par le très sérieux Wall Street Journal : « Kiev a exigé qu’on retire du ‘plan de paix’ le point concernant un audit sur l’aide internationale obtenue ».
Selon le quotidien américain, le camp ukrainien a insisté pour exclure ce projet d’audit et pour obtenir une complète amnistie pour ses actions pendant la guerre.
Dans ce cas de figure, exit l’audit sur l’aide occidentale, tant pour ses émetteurs que pour ses bénéficiaires !
Thierry Marignac se demande donc — et il n’est pas le seul — si les amendements au plan de paix proposés par le camp ukrainien aux fins d’aboutir à une « amnistie complète pour les actions pendant la guerre » sont uniquement avancés et soutenus par l’Ukraine seule…
Une affaire à suivre, comme on dit, à l’heure où l’exécutif réclame des sacrifices croissants aux contribuables français pour équilibrer le budget de l’État.
Johan Hardoy 25/11/2025
https://www.polemia.com/quid-des-aides-financieres-accordees-par-leurope-a-lukraine/