Le Monde et La Vie viennent de publier l’édition 2025 du hors-série L’Histoire des mythes. Souvent passionnant d’ailleurs, mais toujours révélateur. Partout, il faut donner des gages au politiquement correct du moment. Cela filtre, s’infiltre et dénature les approches et analyses. Le rôle des femmes, le matriarcat diffamé par le patriarcat, le racisme invention française, les motivations coloniales, la relativité des mythes européens ou du roman national, il y a une volonté de déconstruction dans ce recueil sur la construction des mythes. On peut certes faire la part des choses mais jusqu’à un certain point.
Grand Remplacement : mythe ou réalité ?
Dans la section « Mythes en construction », une journaliste de La Vie nous explique que le « grand remplacement » est un mythe raciste et complotiste. Bigre, voilà qui devrait interpeller Mélenchon. Car il y a eu un tournant majeur et peu souligné dans le « grand remplacement », que semble ignorer la journaliste. Le fantasme de l’extrême droite qui ne repose sur rien est devenu le projet de l’extrême gauche. C’est par le « grand remplacement » qu’elle va arriver au pouvoir, par la loi du nombre, et donc il existe bien, C.Q.F.D. Jean-Luc Mélenchon, relate Le Monde, a profité d’un déplacement à Toulouse dans le cadre des futures municipales pour tenir un discours qu’il développe depuis plusieurs années. Multipliant les appels à une jeunesse « qui ne doit pas céder », il a notamment assené : « Oui, M. Zemmour, oui, M. Bayrou, il y a un “grand remplacement”. Celui d’une génération qui vient après l’autre et qui ne ressemblera jamais à la précédente. » C’est son projet politique, confirme Le Journal du Dimanche, « Jean-Luc Mélenchon se veut prophète d’un avenir inéluctable, d’une “créolisation” qui balaierait ce qu’il perçoit comme une France figée dans le passé. “Le futur n’est pas voué à être le passé toujours recommencé. Il y en a assez de l’apologie de la tradition”, assène-t-il. » Mais derrière cette rhétorique pseudo-progressiste, un projet bien plus radical : précipiter un changement de société par l’effet mécanique du nombre. Les déclarations de Jean-Luc Mélenchon ont bien entendu provoqué une réaction immédiate de la part d’Éric Zemmour. Sur les réseaux sociaux, le président du parti Reconquête a exprimé son désaveu en dénonçant ce qu’il considère comme un « déni » de la nation. « Jean-Luc Mélenchon, vous bénissez la conquête de la France par une civilisation étrangère. Vous avez juré la perte du peuple français », a-t-il écrit, pointant du doigt l’adhésion de l’Insoumis à une vision du pays qu’il juge dévastatrice pour son identité.
Déni et lucidité
Mais le plus intéressant est sans doute dans le déni d’analyses des médias dominants. Aucun ne souligne que Mélenchon confirme et valide la théorie démographique et culturelle du « grand remplacement » de la droite nationale qui avait donc tout vu avant tout le monde. Eh oui, c’est possible. Qui se souvient, dirait Jean Raspail, des Anatoliens ? Tant de peuples glorieux et civilisateurs submergés puis digérés par le Turc. Et, plus récemment, Jean-Marie Le Pen toujours lucide avait répondu à un journaliste : « Vous vous trompez sur mon combat, moi, je suis Sitting Bull. » Un pin’s avait même été édité, représentant le menhir avec une coiffure à plumes de chef sioux. Qui, au regard de l’histoire des Indiens d’Amérique du Nord, peut contester que le « grand remplacement » existe. Très souvent, quand on le comprend et qu’on veut s’y opposer pour sauver son peuple et sa culture, il est, hélas ! trop tard. La seule solution, c’est celle des Canadiens français, par la natalité, par « la revanche des berceaux ».
Mais, aujourd’hui, où sont les berceaux ?
Pierre Boisguilbert
14/02/2025
https://www.polemia.com/grand-remplacement-du-fantasme-dextreme-droite-au-projet-dextreme-gauche/