L’UE sur le banc de touche
La Commission européenne et ses alliés les plus fidèles au sein de l’UE se sont toujours refusés d’ouvrir la porte à des négociations avec Moscou sur la question ukrainienne. Le ministre français des Affaires étrangères l’a rappelé le 16 février à LCI, expliquant qu’il ne prendrait pas son homologue russe Sergueï Lavrov au téléphone si ce dernier venait à l’appeler. Dans ces conditions, il n'est d'ailleurs pas inintéressant de se demander pourquoi Moscou voudrait-elle appeler Paris, la Russie ayant, sans se plaindre de l'absence des Européens ou des Français, débuté des pourparlers avec Washington sur la possibilité de trouver une solution au conflit en Ukraine.
Du côté des États-Unis, on ne se plaint pas plus de l'absence des Européens à la table des négociations, ce qui est encore plus un revers diplomatique pour l'UE puisque cette dernière est censée être l'alliée de premier choix de Washington. Cette situation déplaît fortement aux dirigeants de l'UE, déplorant être exclus des discussions, alors que, rappelons-le, depuis près de trois ans, ils sont contre toute forme de négociation, incluant la Russie.
Humiliée, l’Europe ne parvient d’ailleurs même plus à s’afficher en nombre, la réunion convoquée à l’Élysée le 17 février par le président Macron n’ayant réuni que sept États membres sur vingt-sept, Paris ayant même réussi à provoquer la colère de pays pourtant acquis à la cause jusqu’au-boutiste bruxelloise tels que la Slovénie, la Tchéquie, mais surtout la Roumanie, en omettant de les inviter. En Roumanie, pays francophile et fidèle allié de l’OTAN, la presse titre depuis en boucle sur l’ingratitude d’Emmanuel Macron. Pendant ce temps, en Hongrie voisine, l’on se targue de ne désormais plus être en minorité sur le dossier ukrainien.
Isolée, l’UE montre ainsi un état de division totale, ce qui permet au passage de rappeler son inexistence diplomatique et la cacophonie systématique sur laquelle son fonctionnement débouche. Une non-puissance dont les autres acteurs ne veulent pas s’encombrer à la table des négociations.
Un USAID 2.0 à Bruxelles ?
Tout au plus l’UE est-elle une sorte de caisse de résonance, de plus en plus assourdissante, de l’idéologie progressiste. En effet, les coups portés par la nouvelle administration à l’USAID ne veulent pas pour autant dire la fin du mastodonte d’ONG pratiquant l’ingérence sous couvert de défense des droits de l’homme et autres arguments de la panoplie du camp du Bien.
La Commission internationale des juristes (CIJ), ainsi que plus de 60 organisations de la société civile, se sont jointes le 13 février à un « appel urgent demandant aux dirigeants de l'UE de prendre des mesures immédiates pour faire face à la crise mondiale de l'aide au développement déclenchée par les récentes décisions de l'administration américaine ». Il ne s’agit en l’occurrence ni plus ni moins d’un appel à ouvrir les vannes de l’UE pour maintenir à flot la nébuleuse des organisations que l’USAID parrainait jusqu’à la défaite des Démocrates américains.
Écartées du pouvoir à Washington, la ligne et l’idéologie de ces derniers est encore bien aux affaires à Bruxelles, capitale de ce qui fut autrefois le mainstream et devient chaque jour un peu plus le lieu des convulsions de dirigeants en perte de légitimité, dont la seule carte à jouer consiste à persévérer dans leurs propres échecs.