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La France peut-elle défendre l’Europe avec ses armes nucléaires ?

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La France pourrait déployer ses forces nucléaires en Allemagne, ce qui pourrait se produire si les États-Unis décident de réduire leur contingent en Europe. Cependant, il serait très difficile de se passer du parapluie américain. 

C'est ce que rapporte The Telegraph. Comme le souligne le journal, Paris est prêt à franchir ce pas sur fond d'informations que les États-Unis pourraient décider de retirer leurs troupes d'Europe.

Selon des sources citées par The Telegraph, le déploiement de plusieurs chasseurs français capables d'embarquer l'arme nucléaire en Allemagne "ne devrait pas être compliqué" et "constituera un message fort" pour la Russie. De plus, cette démarche s'inscrit dans la politique du président français Emmanuel Macron, qui cherche à assurer "l'indépendance stratégique" de l'Europe. Il est rapporté que la France a l'intention de convaincre Londres d'envoyer également ses armes nucléaires en Allemagne. 

Le leader du parti Les Patriotes, Florian Philippot, a exprimé son désaccord avec le déploiement de chasseurs français équipés d'armes nucléaires sur le territoire allemand, écrivant sur le réseau social X que les forces nucléaires appartiennent exclusivement à la France : "La dissuasion nucléaire, c'est aux Français, c'est à la France !" 

Les autorités allemandes avaient songé à l'aide de la France et du Royaume-Uni concernant le déploiement de forces nucléaires il y a un an déjà, en février 2024, à la suite des déclarations de Donald Trump, qui était alors seulement candidat à la présidence. 

Selon The Telegraph, environ 100 missiles nucléaires américains sont actuellement déployés en Europe, la plupart d'entre eux étant situés sur des bases en Allemagne. L'arsenal nucléaire français comprend environ 300 ogives, tandis que les moyens de dissuasion nucléaire britanniques comptent 4 sous-marins, chacun pouvant transporter jusqu'à 16 ogives nucléaires. 

Friedrich Merz, probable prochain chancelier allemand issu du bloc CDU/CSU qui a remporté les législatives du 23 février, a appelé le Royaume-Uni et la France à étendre leur parapluie nucléaire à l'Allemagne. Cependant, de telles négociations ne sont pas encore menées, car les politiciens allemands doivent d'abord s'accorder sur la formation d'une coalition gouvernementale. Pour l'instant, les garanties de sécurité nucléaire pour la majeure partie de l'Europe sont assurées par les États-Unis, notamment avec environ 150 bombes nucléaires aériennes déployées en Allemagne, en Belgique, en Italie, aux Pays-Bas et en Turquie. 

Le 24 février, lors de sa visite aux États-Unis, le président français Emmanuel Macron a déclaré : "L'Europe est prête à devenir un partenaire plus fort [des États-Unis] et à faire davantage en matière de défense". 

Auparavant, le président américain Donald Trump avait exigé des pays de l'Otan, y compris européens, une augmentation des dépenses de défense. Selon lui, ils devraient dépenser 5% du PIB au lieu de 2%. 

Le déploiement des forces nucléaires françaises sur le territoire allemand est possible en cas de retrait d'Europe des troupes américaines et de leurs armes nucléaires. Cela provoquerait une réaction brusque de la Russie, et les relations avec la France se détérioreraient davantage. Cependant, il n'est pas question d'un retrait imminent des troupes américaines d'Europe, même en tenant compte du fait que les États-Unis sont actuellement dirigés par Trump. 

Pour l'instant, il s'agit d'une possibilité hypothétique de déploiement d'armes nucléaires. D'un point de vue militaire, la viabilité d'un "déploiement avancé" sous forme de déploiement d'avions français et de stockage de leurs missiles fait l'objet de discussions, mais, d'autre part, la pratique actuelle de stockage des bombes nucléaires américaines sur les bases aériennes européennes est aussi et avant tout de nature politique. 

En ce qui concerne les missiles balistiques des sous-marins (SLBM), même sur la base de la politique déclarative française existante dans le domaine nucléaire, on peut conclure que la sécurité de l'Europe est un intérêt vital que Paris défend notamment par la dissuasion nucléaire. Cependant, la France se trouve en dehors des structures de planification nucléaire de l'Otan, bien qu'elle ait développé une coopération avec le Royaume-Uni dans le domaine des armes nucléaires. 

L'arsenal français, comme le britannique, est considérablement inférieur aux arsenaux russe et américain, principalement en termes de quantité et de diversité. Mais les chiffres absolus ne jouent pas toujours un rôle clé, et après plusieurs cycles de réduction, le "poids" relatif de leurs ogives a considérablement augmenté. D'où l'exigence russe de prendre en compte ces arsenaux dans d'éventuelles futures négociations avec les États-Unis. 

La France s'accroche traditionnellement assez fermement à ses forces nucléaires, sa position étant que les armes nucléaires françaises sont destinées à être utilisées en cas de menace pour les intérêts vitaux du pays. Macron a effectivement déclaré qu'elles avaient également une dimension européenne, mais cela laisse place à l'interprétation. 

À en juger par les opinions des experts français, Paris envisage d'inviter d'autres Européens à des exercices et à des démonstrations similaires de capacités, mais probablement pas à quelque chose de plus important, à moins de considérer un scénario de frappes de représailles. Outre les raisons politiques, il est difficile d'imaginer des armes nucléaires françaises dans d'autres pays pour des raisons purement techniques : les missiles balistiques sur les sous-marins ne peuvent pas être déployés en Allemagne.

Alexandre Lemoine

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