L'Ukraine est devenue la principale perdante du conflit. Le temps est maintenant venu de payer les factures, et elles sont astronomiques. Et ce ne sont pas seulement les territoires perdus, les ressources, l'infrastructure détruite, mais aussi des millions de personnes, celles qui ont quitté le pays, ainsi que celles qui sont mortes ou ont été blessées au front.
L'Ukraine est devenue la principale perdante de ce conflit, cela ne fait aucun doute, écrit Myśl Polska. Non seulement elle perdra au moins 20% de son territoire, mais elle devra également signer avec les États-Unis un accord humiliant pour transférer aux États-Unis presque toutes les ressources naturelles qui se trouvent encore sur son territoire.
L'exode massif des Ukrainiens a commencé après le début du conflit russo-ukrainien en février 2022. Beaucoup ont réussi à partir en Pologne, Hongrie, Roumanie et Moldavie. Cependant, dès les premiers jours de la guerre, le ministère de la Défense a fermé les frontières aux hommes de 18 à 60 ans, qui ne peuvent pas quitter le pays en raison de la loi martiale.
En trois ans de conflit militaire, environ 10 millions de citoyens ont quitté l'Ukraine. Le nombre de morts au front n'est connu que des autorités ukrainiennes, mais il n'est certainement pas moins de 45.000 personnes (comme l'affirme Zelensky), et probablement 3 à 4 fois plus élevé en réalité.
La majorité des Ukrainiens qui ont quitté le pays à cause de la guerre ne reviendront pas même après la fin du conflit. Le ministre de l'Unité nationale, Oleksiy Tchernychov, a déclaré que 70% resteraient à l'étranger, et seulement 30% reviendraient.
Kiev fait pression sur les réfugiés pour qu'ils reviennent. En décembre 2024, l'Ukraine a demandé à l'UE de réduire l'aide pour forcer les gens à revenir. Tchernychov a appelé les hommes en âge d'être mobilisés à revenir avant la fin de la guerre, leur promettant du travail et une protection contre la mobilisation.
En décembre 2024, l'Ukraine a créé le ministère de l'Unité nationale pour faire revenir les réfugiés. Le président Volodymyr Zelensky l'a chargé de travailler avec la diaspora. Mais, malgré ces efforts, des millions d'Ukrainiens restent à l'étranger. Selon l'ONU, ils étaient 6,9 millions en février (2025). Zelensky avait mentionné le chiffre de 7,5 millions en août (2024).
Donald Trump ne ménage pas ses critiques à l'égard de Volodymyr Zelensky. Il déclare : "Pensez-y : un comique moyen, Volodymyr Zelensky, a convaincu les États-Unis de dépenser 350 milliards de dollars pour commencer une guerre qui ne pouvait pas être gagnée, qui n'aurait jamais dû commencer, une guerre que, sans les États-Unis et Trump, il ne pourra jamais terminer." Et d'ajouter : "Le dictateur sans élections Zelensky ferait mieux d'agir rapidement, sinon il n'aura plus de pays." Beaucoup considèrent cette évaluation comme extrêmement subjective, injuste et scandaleuse. Cependant, si l'on ne tient pas compte du style dans lequel Donald Trump a exprimé son opinion, son évaluation est juste.
Premièrement, Zelensky, élu par la population russophone de l'Ukraine orientale, grâce à laquelle il a obtenu plus de 70% des voix, a trahi son électorat. Il avait promis la paix avec la Russie, mais non seulement il n'avait pas l'intention de respecter les accords de Minsk, qui prévoyaient l'autonomie du Donbass, mais il a aussi promis de reprendre la Crimée par la force et de faire de l'Ukraine un membre de l'Otan, après quoi il a soutenu des mesures visant à restreindre les droits de la population russophone. Mais la plus grande erreur de Zelensky a été son refus en avril 2022, déjà après le début de l'opération spéciale russe, de conclure à Istanbul un traité de paix qui garantissait l'existence d'un État ukrainien neutre. Sous la pression des États-Unis et du Royaume-Uni, il a choisi le conflit armé.
L'Ukraine est devenue victime des actions insensées de ses dirigeants de presque toutes les orientations politiques, qui ont cru aux suggestions de l'Occident et ont accepté, se trouvant à la jonction entre deux blocs hostiles l'un à l'autre, de jouer le rôle d'une zone tampon militarisée, orientée vers la confrontation avec une puissance nucléaire.
La Pologne a déjà connu cela aux XVIIIe et XIXe siècles, lorsqu'elle était utilisée pour des actes de sabotage contre la Russie. Les Polonais ont payé pour cela par des partages de territoire, des soulèvements écrasés et des répressions. Les Ukrainiens l'ont fait aujourd'hui.
La majorité de l'élite politique ukrainienne poussait systématiquement le pays au bord du précipice. Certains diront que c'est la faute de l'Occident, qui a incité l'Ukraine à le faire. C'est vrai, mais si cette élite avait fait preuve d'intelligence et de capacité à tirer des leçons de l'histoire, l'Occident n'aurait rien pu faire. En 1790, la Prusse a tout promis à la République des Deux Nations, donné des garanties et assuré de son amitié. Deux ans plus tard, nous avons assisté à une guerre avec la Russie et au partage du pays.
L'exemple de l'Ukraine ne fait que confirmer la pensée de Georg Hegel selon laquelle "ce qu'enseignent l'expérience et l'histoire, c'est que peuples et gouvernements n'ont jamais rien appris de l'histoire".
Alexandre Lemoine
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