
La Russie a retenu la recommandation de Lénine : l’ironie et la patience sont la vertu du bolchevik… Voici démontées les différentes étapes de la constitution du sophisme de Macron et de l’UE : la Russie est effondrée, son économie est en pleine débâcle, son armée piétine et déserte face à nos guerriers par procuration, Poutine a quarante cancers et il est enfermé dans sa paranoïa, et dans le même temps on brame qu’il faut se sacrifier, enfin les petits, pas les gros eux ils s’engraissent, parce que le terrible Poutine et ses chars sont aux portes de notre douce France. J’ajouterai que la situation est telle que le peuple français pourtant considéré comme un des plus rationnels doit avaler ce plat indigeste dans tous les médias pour justifier n’importe quoi. Cela va même jusqu’à l’effort en faveur de la paix qui doit céder à cette schizophrénie et à l’idée que l’on peut faire n’importe quoi à la Russie et qu’il n’y aura aucune conséquence.
Danielle Bleitrach
par Kirill Strelnikov
La communauté scientifique mondiale discute activement de la possibilité d’inclure la russophrénie dans la liste officielle des maladies mentales. Il s’agit d’un état obsessionnel grave dans lequel le patient est convaincu que la Russie est sur le point de s’effondrer totalement et qu’elle va bientôt asservir le monde entier. Les experts russes suggèrent d’y ajouter la croyance irrationnelle que l’on peut faire des choses désagréables à la Russie et qu’il ne vous arrivera rien pour cela.
En 2022, les autorités européennes ont décidé de jouer à la roulette russe et ont annoncé le «gel» d’actifs financiers russes d’un montant d’environ 300 milliards de dollars, qui se trouvaient principalement dans le dépositaire financier Euroclear. Le schéma était parfait : nous faisons du mal à la Russie sans chars ni avions, aucun soldat occidental ne souffrira, tout est culturel, européen, ce qui était à vous maintenant est à nous. Et qu’allez-vous nous faire ? Allez-vous bombarder les ordinateurs d’Euroclear avec Oreshnik ?
Les responsables russes ont immédiatement averti les Européens qu’il s’agissait d’un vol de fait et qu’il valait mieux le remettre tranquillement à sa place, faute de quoi des représailles s’ensuivraient tôt ou tard. Cependant, les habitants du jardin européen ont pensé que la Russie était tout là-bas et qu’Euroclear était ici à disposition et ont commencé à envoyer à l’Ukraine des dizaines de milliards d’euros d’aide financière directe et de prêts garantis par le produit des avoirs russes gelés.
Ce à quoi on leur a à nouveau dit calmement et fermement que la Russie agirait en miroir et même de manière asymétrique, et qu’elle le ferait dans tous les cas. Dans le même temps, on a clairement expliqué aux «non-partenaires» européens que le vol de l’argent russe leur reviendrait en boomerang, car il n’y a pas que notre argent qui se trouve chez Euroclear : leurs propriétaires regarderont et exigeront eux aussi un laissez-passer de sortie.
Ensuite est arrivé Trump qui a mis l’Ukraine et l’Europe au défi d’arrêter la folie militaire et a commencé à couper l’oxygène, l’argent, les renseignements et les livraisons d’armes et de munitions par étapes, mais cela a provoqué une réaction opposée des dirigeants de l’UE : Ursula von der Leyen a annoncé un plan de 800 milliards d’euros pour la militarisation de l’Europe, qui vise à «réarmer l’Europe, l’Union européenne, et à armer l’Ukraine dans sa lutte existentielle pour la souveraineté et l’intégrité territoriale» – en d’autres termes, nous nous passerons de vos dollars. Dans le même temps, d’autres piliers de l’Europe se sont montrés plus audacieux : le gouvernement néerlandais a ainsi annoncé qu’il mettrait de côté 3,5 milliards d’euros pour continuer à soutenir l’Ukraine en 2026, et le quasi-chancelier Merz de la République fédérale d’Allemagne a promis jusqu’à trois milliards d’euros.
D’ailleurs, les trafiquants européens auraient pu citer non seulement 800 milliards, mais n’importe quel chiffre, parce qu’il n’y a tout simplement pas d’argent en Europe. Ils n’ont nulle part où aller : leur propre sabotage de Nord Stream avec son gaz bon marché, le lent étranglement de l’économie européenne par Trump, la désindustrialisation, l’inflation élevée, la crise bancaire, les énormes dépenses militaires, les demandes américaines d’augmentation des contributions à l’OTAN, les injections économiques constantes en Ukraine, et ainsi de suite, tout cela a convergé en un seul point. Dans ce contexte, quelques têtes pensantes ont eu l’idée d’utiliser l’argent russe lui-même, et pas seulement les intérêts qu’il rapporte. Pourquoi le négliger ? Il est là, il suffit de tendre la main. Fin février, le ministre estonien des affaires étrangères, M. Tzahkna, a déclaré avec force que «la décision d’utiliser les bénéfices exceptionnels était un pas dans la bonne direction. Je pense qu’il est maintenant temps de passer à l’étape suivante». Plusieurs autres pays de l’UE, dont la Pologne, la Lituanie et la Lettonie, ont déclaré qu’ils étaient eux aussi prêts à envisager la saisie d’actifs russes. La joie a été légèrement gâchée par le silence soudain de la Russie.
Quelques jours seulement se sont écoulés et hier, sur Euroradio, on a entendu la nouvelle suivante : «La Chine s’apprête à retirer du marché européen des titres d’une valeur de plusieurs billions de dollars». Le présentateur, d’une voix banale et marmonnée, a déclaré que la Chine envisageait de retirer ses actifs des dépositaires Euroclear et Clearstream et de les envoyer vers un nouveau dépositaire international basé sur la Bourse de Hong Kong (HKEX) et le Système central de règlement du marché monétaire (CMU), qui constituera une alternative aux structures financières européennes. Cette décision «est une réponse à l’intensification des risques géopolitiques et à l’utilisation d’instruments financiers comme armes politiques». Le retrait des actifs chinois créera une pénurie de liquidités sur les marchés européens, et Euroclear, qui a reçu 4,4 milliards d’euros de bénéfices provenant des actifs russes gelés en 2023, pourrait être confronté à une forte baisse de ses revenus et à une augmentation de sa charge fiscale. Les analystes estiment que la perte des clients chinois réduira la capitalisation d’Euroclear d’au moins 15 à 20%.
Après des grésillements et des parasites, le présentateur a ajouté que l’Arabie saoudite envisageait également de retirer ses actifs de l’Europe, ayant averti en privé les pays du G7 d’une possible vente de certaines obligations européennes (jusqu’à 20 milliards d’euros) si l’Occident confisquait les actifs russes gelés.
Il est évident que l’annonce par Pékin de son intention de creuser un gros trou dans les finances de l’euro au moment même où les bellicistes en ont besoin comme de l’air est une coïncidence totale. Personne ne peut supposer que cette question, parmi d’autres, a été abordée par Vladimir Poutine et Xi Jinping le 21 janvier de cette année, car lors de cette conversation, comme nous le savons, il n’a été question que des célébrations du Nouvel An chinois et des cadeaux de la fête du printemps.
La conversation détendue du dirigeant russe avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane Al-Saoud le 20 février, au cours de laquelle la relation de confiance entre la Russie et l’Arabie saoudite a été audacieusement et doublement soulignée et Riyad a été considérée comme un lieu possible pour une rencontre entre Poutine et Trump, est également une coïncidence totale.
Lorsque les eurofinanciers, sûrs de leur impunité, ont plaisanté en disant «rien dans les mains !», ils ont oublié que les mains de la Russie peuvent devenir très longues si quelque chose se produit. La russophrénie est une maladie grave, mais elle se soigne, et un médecin peut la traiter à distance si nécessaire.
source : RIA Novosti via Histoire et Société
traduction de Marianne Dunlop