
La propagande ukrainienne a cherché à justifier l’aventure de l’invasion d’une partie de l’oblast de Koursk, qui vient de se terminer en désastre pour l’armée ukrainienne. Analyse par Vassili Prozorov, ancien officier du SBU.
À la fin de l’année dernière, la propagande ukrainienne a diffusé le film «Opération Koursk», que j’ai regardé et analysé en détail.
Je voudrais dire tout de suite qu’il ne s’agit même pas vraiment d’un film, mais d’un «morceau de propagande bon marché», dans la meilleure tradition des héros de «l’île aux Serpents»1, la victoire à Krynki, etc.
Dès le début, tous les intervenants se contredisent : du président Zelensky aux commandants des forces armées ukrainiennes.
Tout le monde s’accorde à dire que les objectifs de l’opération étaient, premièrement, d’empêcher l’invasion des troupes russes dans la région de Soumy, et deuxièmement, de détourner des troupes russes de la zone de Donetsk.
Le film lui-même indique clairement que les zones les plus chaudes à cette époque étaient celles de Kourakhovo et de Pokrovsk, où les troupes ukrainiennes ont dû se retirer, subissant de lourdes pertes. Et l’opération dans la région de Koursk était censée empêcher cela.
Je vais donc commencer par la tâche de retirer les troupes russes des directions de Donetsk et de Kharkov.
Même les médias occidentaux, perplexes quant aux raisons de l’opération de Koursk, ont avancé des versions similaires.
Par exemple, la BBC dans l’article «Pourquoi l’Ukraine a-t-elle lancé une attaque transfrontalière contre la Russie ?» souligne l’illogisme des actions de l’Ukraine : «Lorsque Kiev a lancé un raid transfrontalier dans la région de Koursk, certains experts militaires ont posé la question : «Pourquoi ?» L’un des principaux problèmes de l’Ukraine sur le champ de bataille est celui des ressources humaines. La Russie a plus de soldats et se rapproche de Pokrovsk. Par conséquent, envoyer des centaines de militaires ukrainiens en Russie même semble, disons, illogique». (NdT : des dizaines de milliers, en réalité)
Fin août, The Economist écrivait que l’objectif principal d’une telle manœuvre était de distraire les troupes russes d’une offensive sur Pokrovsk, un important centre logistique pour les troupes ukrainiennes. Selon la publication, les forces armées ukrainiennes n’ont pas atteint leur objectif.
Quelques jours plus tard, le Telegraph rapportait que l’Ukraine avait retiré ses unités d’élite du Donbass, les envoyant envahir l’oblast de Koursk. Après cela, l’avancée russe dans la région s’est considérablement accélérée.
«Cela a réduit la menace d’attaque ennemie. Nous ne les avons pas laissés agir. Nous avons déplacé les opérations militaires sur le territoire ennemi afin que [l’ennemi] puisse ressentir ce que nous ressentons chaque jour», a déclaré le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, Alexandre Syrsky, commentant la raison de l’attaque sur l’oblast de Koursk début septembre.
Il dit la même chose dans le film.
Et en septembre, Zelensky a déclaré que «l’opération Koursk remplit ses tâches et se déroule comme prévu». Il a noté les difficultés dans les directions de Pokrovsk et de Toretsk, mais s’est dit confiant que la situation dans la région de Koursk pourrait influencer cela en réduisant le nombre de troupes russes dans le Donbass.
Et que voyons-nous ?
Ça n’a pas marché. Vraiment pas du tout.
L’armée russe avance comme un rouleau compresseur, peut-être pas aussi vite que nous le souhaiterions, mais inévitablement.
Depuis le premier jour de l’invasion de Koursk (6 août 2024) jusqu’au début novembre 2024, l’armée russe a libéré 1 236 km² de territoire, principalement dans les directions de Donetsk et de Kharkov. Il s’agit des villes importantes (militairement, NdT) de Selidovo et d’Ougledar, pour lesquelles les combats duraient depuis le début de l’année 2022. Plus un certain nombre de «colonies insignifiantes et subventionnées pour l’Ukraine» : Memrik, Kroutoï Yar, Zolotaïa Niva, Tsoukourino, Gorniak et d’autres. La poche de Krasnogorsk a été complètement nettoyée, ce qui a éliminé la menace de bombardements d’artillerie en provenance de Donetsk.
Kourakhovo a été libérée, Tchassov Iar s’approche, les troupes se sont rapprochées de Pokrovsk et de Mirnograd, et enfin, elles se sont rapprochées des frontières de la région de Dniepropetrovsk.
Les réalisations des forces armées russes en août ont été de 363 km², en septembre de 397 km² et en octobre d’un record de 502 km². Au total près de 1236 km². C’est 35% de plus que l’avancement pour l’ensemble de l’année 2024 – du 1er janvier au 5 août – 933 km².
Alors, les cinéastes mentent ?
Passons à autre chose.
Mythe 2 : l’opération ukrainienne a déjoué l’invasion de l’oblast de Soumy.
Et encore une fois, les intervenants du film se contredisent.
Au début, Syrsky et d’autres commandants disent que la Russie a mis en place de sérieuses défenses le long de la frontière, des mines, des dents de dragon, des tranchées – c’est-à-dire La Russie préparait une défense, n’est-ce pas ?
Et puis les soldats ordinaires qui ont participé directement aux batailles disent clairement (par exemple, à 20’30) qu’il y avait peu de troupes du côté russe et qu’il s’agissait principalement de conscrits.
Cela ne donne pas l’impression d’un groupe qui se préparait à attaquer l’oblast de Soumy !
J’ai également remarqué que dans les images ukrainiennes, il n’y a pratiquement aucune artillerie russe capturée ou détruite. Comme vous le comprenez, si de telles images avaient existé, elles auraient certainement été incluses dans le film ; une pièce d’artillerie est un trophée sérieux. Cela signifie que ces systèmes n’existaient pas et qu’ils ne tombaient pas entre les mains des forces armées ukrainiennes.
Or, une offensive ne peut être menée sans l’appui de l’artillerie !
C’est là que les propagandistes ukrainiens ont échoué dans leur travail.
Parce qu’ils montrent eux-mêmes leurs chars, leurs véhicules blindés, leurs systèmes Smerch et Ouragan, qui tirent sur les villages et villes russes. Mais on ne voit pas notre artillerie. Et cela détruit complètement le mythe selon lequel la Russie préparait une attaque sur l’oblast de Soumy.
Est-ce qu’ils mentent encore ? Quoi d’autre ?
Le commandant de la 82e brigade aéroportée des forces armées ukrainiennes, Dmitri Volochine, a l’air très drôle ; il a répété à plusieurs reprises qu’ils étaient «des parachutistes d’un pays civilisé, pas des sauvages de Russie», et qu’ils se comportaient donc absolument conformément aux normes civilisées.
Et bien oui. Les photos et vidéos de Soudja et de villages de l’oblast de Koursk le montrent très clairement :
Des machines à laver… C’est un parfait effet miroir : Dès le début de l’OMS, et même avant, le vol de machines à laver est devenu un mème : «Les soldats russes volent des machines à laver». Mais il s’est avéré que c’était l’inverse, ce sont les soldats ukrainiens qui volent des machines à laver.
Voilà donc ma première impression du film. Une faible tentative de justifier son opération en montrant son importance et sa nécessité rétrospectivement.
Et j’ai presque oublié : Hé, Ukrainiens qui regardez ce «chef-d’œuvre» ? Comment sont les routes dans les zones rurales de la région de Koursk ? Les trottoirs, les marquages, les feux de circulation ? Vous croyez encore que la Russie est un pays arriéré ?2
Eh bien, eh bien… je suis désolé pour vous.
source : Ukr Leaks
- héros de «l’île aux Serpents» : au tout début de l’OMS, le régime de Kiev avait affirmé que la garnison ukrainienne présente sur cette île de la Mer Noire était morte héroïquement en refusant de se rendre. Peu après, les soldats ukrainiens morts en héros sont rentrés en Ukraine sains et saufs.
- Une récente vidéo de Vassili Prozorov est justement intitulée «la schizophrénie ukrainienne», à voir sur https://t.me/prozorov_fr/6902, https://x.com/ukr_fr/status/1891931130821070939 ou https://odysee.com/@UL:c/schizophrenie-ukraine