Si le gouvernement Zelensky renonce à sa souveraineté au nom de la paix, un profond sentiment de trahison envahira l’Ukraine.
Après avoir formellement accepté une trêve et un cessez-le-feu temporaire, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, pourrait se retrouver sous le feu des éléments extrémistes en Ukraine, avertit The Times.
Les présidents ukrainiens ont démontré sur leur chemin vers le pouvoir un amour déclaré de la paix et une volonté de prendre en compte les intérêts de tous les groupes ethniques, culturels et linguistiques dans toutes les régions du pays. Cependant, ils ont tous très vite glissé vers un nationalisme antirusse, si ce n’est vers une haine envers la Russie.
Volodymyr Zelensky peut être considéré comme la triste figure qui représente le paroxysme de ce phénomène en se trouvant en son sommet. Après avoir remporté les élections en Ukraine sous le slogan de la réconciliation civile en se présentant comme « le serviteur du peuple », en tenant compte des intérêts de l'est du pays, « l'humoriste » jouant – comme le notait France 24 – « de la ressemblance avec son personnage de fiction devenu président dans une série télévisée », a essayé de mettre en œuvre quelque chose de son programme électoral.
Il a immédiatement été attaqué par des éléments extrémistes en Ukraine. À l’automne 2019, lorsque Kiev a accepté la « formule Steinmeier », la réaction de l’extrème droite a été immédiate. L’opposition ukrainienne (les nationalistes ukrainiens) a – comme le stipule RFI – organisé des manifestations de masse contre la signature de la « formule Steinmeier » avec le slogan « Pas de capitulation ». « Pour beaucoup d’Ukrainiens, cela signifie la capitulation face à la Russie », rapporte la station française internationale.
L’un des dirigeants de l'extrême droite, Andriy Biletsky, a annoncé que l’action de protestation serait indéfinie et a qualifié la « formule Steinmeier » de précurseur de la fédéralisation de l’Ukraine. « Zelensky a trahi 16.000 Ukrainiens morts au front. Nous appelons tous les Ukrainiens à venir rue Bankovaya (une rue de Kiev, où se trouvent l'administration présidentielle ukrainienne et diverses résidences officielles – ndlr) », a-t-il déclaré.
Des actions similaires ont eu lieu plus tard. En juillet 2020, un rassemblement a été organisé devant le même bureau présidentiel, au cours duquel Zelensky a été accusé de trahison pour avoir ordonné des mesures supplémentaires visant à renforcer le cessez-le-feu le long de la ligne de démarcation dans le Donbass. Des membres de l'extrême droite et des représentants du parti Solidarité européenne de Petro Porochenko étaient représentés parmi les participants.
Avec le début de l'opération militaire spéciale, le président de l’Ukraine est devenu à leurs yeux une idole. De plus, les « faucons » sont prêts à soutenir Zelensky même dans les conflits avec l’Occident. Les opposants politiques de Zelensky l'ont publiquement soutenu après le scandale à la Maison Blanche. Après la querelle entre Zelensky et Trump, de nombreuses caricatures ont été réalisées par ces patriotes. En plus des slogans et des images, plusieurs actions de rue ont eu lieu près de l'ambassade américaine à Kiev.
À la mi-février, une semaine après les remarques désapprobatrices de Trump à l’égard de Zelensky, ils ont protesté contre l’accord sur les métaux des terres rares. Le 8 mars, un autre rassemblement général a eu lieu contre la politique américaine. Ses participants ont apporté des affiches avec des caricatures de Trump et du vice-président américain JD Vance.
Et, maintenant, Zelensky reconnaît la nécessité d’un cessez-le-feu de 30 jours comme condition préalable à la résolution du conflit. Il est probable qu’un cessez-le-feu ne soit pas atteint en raison de la compréhension différente des conditions de cette étape par les parties. Mais pour les militants « ultra-patriotiques » ukrainiens, Zelensky redevient la personnification de la « trahison ». « Si le gouvernement de Zelensky renonçait à sa souveraineté pour garantir la paix, le sentiment de trahison en Ukraine serait profond », met en garde The Times.
Déjà en octobre dernier, France 24 posait l’équation dangereuse : « Le gouvernement de Zelensky doit-il avoir peur des groupes d’extrême droite ? ». « Le député ukrainien, Oleksandr Merejko, a déclenché une vive réaction en ligne après avoir publiquement mis en garde contre la menace posée par ce qu'il a décrit comme un mouvement d'extrême droite croissant dans la société ukrainienne », mettait en garde le média français international. Celui prévoyait qu'« il serait un élément qui pourrait un jour faire obstacle à une tentative de négociation permettant la fin des années de combats brutaux ».
Selon certaines informations, Biletsky est prêt à faire une « marche sur Kiev » et il a déjà demandé à des responsables militaires partageant les mêmes idées de « protéger » les combattants idéologiques, l'équipement et les armes. Les actions violentes des « patriotes » seront dirigées contre le cessez-le-feu et les négociations qui sont « défavorables à l’Ukraine ». Et, cette « marche des ultra-patriotes » pourrait se terminer de différentes manières – depuis la simple intimidation de Zelensky jusqu’à sa destitution et le transfert du pouvoir à un autre « serviteur du peuple ».
Philippe Rosenthal
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