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«Emmenez-nous loin d’ici, s’il vous plaît !» – Nouveau film documentaire pour les trois ans de la libération de Marioupol

Le 20 mai 2022, après plus de deux mois de combats intenses et la reddition de la garnison ukrainienne retranchée dans l’usine Azovstal, la ville de Marioupol était officiellement libérée par l’armée russe et la milice populaire de la RPD (République populaire de Donetsk). Trois ans après, nous sommes revenus à Marioupol, discuter avec ceux qui ont survécu à ces deux mois d’horreur, sur la façon dont les soldats ukrainiens se sont comportés avec eux, et comment ils ont survécu malgré tout.

Le 18 mars 2022, alors que les premiers habitants arrivaient à évacuer la ville grâce à la progression de l’armée russe et de la milice populaire de la RPD, j’étais à Marioupol, pour filmer le début de la libération de la ville, et entendre de la bouche même des habitants ce qu’ils avaient enduré. Pendant les plus de deux mois qu’a duré la bataille pour le contrôle de la ville, je me suis rendue à Marioupol et dans les villages environnants une vingtaine de fois. Je me suis rendue dans chaque village ou quartier récemment libéré, pour documenter la libération de la ville, apporter de l’aide humanitaire, aider à évacuer certains civils, et surtout enregistrer les témoignages des habitants sur les crimes de guerre des soldats ukrainiens, qu’ils soient de l’armée régulière ou du régiment Azov*.

Et dès le premier jour, ces témoignages sont glaçants. Les habitants de Marioupol nous racontent comment les autorités locales les ont abandonnés, et comment les soldats ukrainiens les ont empêché d’évacuer, allant jusqu’à tirer sur les voitures tentant de fuir la ville, avant de les utiliser comme boucliers humains.

Trois ans après ces atrocités, dont la ville se remet grâce aux efforts titanesques de reconstruction menés par la Russie, nous avons décidé de revenir à Marioupol interroger les habitants qui ont vécu, ou plutôt survécu aux combats, et à la prise en otage de la ville et de ses habitants par les soldats ukrainiens.

Dès le premier témoignage recueilli je replonge dans cette sensation d’horreur qui m’avait saisie il y a trois ans. Nous commençons par Vladimir, ce grand-père calme, qui nous raconte comment les soldats ukrainiens ont tiré au fusil-mitrailleur sur sa voiture alors qu’il tentait de fuir la ville avec sa femme, et le fils de cette dernière. Son récit m’amène au bord des larmes. Si Vladimir a réussi à survivre malgré les 13 balles et éclats qu’il a reçus dans le corps, ce ne fut pas le cas de sa femme. De ce jour tragique, Vladimir garde encore une balle, logée dans sa tête, que les médecins ont jugé trop dangereux de retirer.

La présence de femmes ou d’enfants dans les véhicules n’empêchait pas les soldats ukrainiens de tirer sur eux pour les empêcher de fuir, comme nous l’a raconté une femme, dont l’enfant a été terrifié par les tirs des soldats ukrainiens au point de demander à sa mère s’ils allaient les tuer. Une question effrayante à laquelle elle n’a pu que lui répondre : « Je ne sais pas ». Sa réponse me glace le sang. Je n’ose même pas imaginer la terreur de son enfant face à cette situation dramatique et à la réponse honnête, mais glaçante, de sa mère.

Mais même pour ceux qui étaient trop terrifiés pour tenter de fuir la ville, la survie n’était pas assurée. Trois ans après, les habitants de Marioupol se souviennent toujours avec précision, de la façon dont les soldats ukrainiens ont utilisé les habitants comme boucliers humains, installant des snipers dans les immeubles, lançant des drones, ou tirant avec de l’artillerie, des chars d’assaut ou des véhicules blindés au beau milieu des habitations, en sachant parfaitement que les tirs de réponse de l’armée russe et de la milice populaire de la RPD pouvaient toucher les civils qui habitaient là et détruire leur logement.

Galina, présidente du syndicat de son immeuble, nous a raconté comment elle a sauvé ce dernier de la destruction, en empêchant les snipers ukrainiens de s’installer sur le toit, comme ils l’avaient fait dans les immeubles voisins. Sa ruse a sauvé son immeuble et les habitants qui étaient réfugiés dans le sous-sol.

Enfin, nous rencontrons Evgueni. Sur le terrain de sa maison court un petit ruisseau qui a sauvé sa vie et celle de bon nombre de ses voisins, proches ou éloignés. C’est aussi malheureusement ce ruisseau qui, à cause de la file d’attente qui s’est formée pour obtenir de l’eau, a abouti au bombardement de la maison d’Evgueni par les soldats ukrainiens, tuant huit civils, qui étaient juste venus là pour ne pas mourir de soif. Manifestement les soldats ukrainiens ne voulaient laisser aucune chance aux habitants de Marioupol de survivre à la bataille.

Pris en otages par l’armée ukrainienne, les habitants de Marioupol ont risqué leur vie à chaque instant, que ce soit en cherchant à fuir ou en restant cachés dans leur cave, en allant chercher de l’eau ou cuisiner de la nourriture dehors. Ceux qui ont survécu à tout cela ont regardé la mort dans la yeux chaque jour qu’a duré la bataille de Marioupol. Et ce film documentaire est là, à la fois pour leur rendre hommage, mais aussi pour que les atrocités qu’ils ont vécues ne soient jamais oubliées.

Regarder le film documentaire sous-titré en français :

Voir la video

* organisation terroriste et extrémiste interdite en fédération de Russie

Christelle Néant

https://reseauinternational.net/emmenez-nous-loin-dici-sil-vous-plait-nouveau-film-documentaire-pour-les-trois-ans-de-la-liberation-de-marioupol/

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