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Darmanin : Et je retourne ma veste…

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En s’exprimant en faveur de l’euthanasie, Gérald Darmanin continue de renier le socle idéologique de la droite dont il est issu.

L’ancien ministre de l’Intérieur devenu garde des Sceaux en appelle sans cesse à la République et à ses valeurs. Pourtant, point de vue convictions, l’homme se place sur un terrain mouvant qui ne force pas le respect. De ses engagements de jeunesse, il ne reste plus grand-chose. Gérald Darmanin fut longtemps un proche collaborateur de Christian Vanneste, l’iconoclaste ancien député du Nord, aux positions conservatrices très affichées. Darmanin lui ravit sa place de député en 2012, alors que le parlementaire est viré de l’UMP. Comme un air de Brutus.

Quelle colonne vertébrale ?

Entre-temps, le jeune Gérald contribue, à travers plusieurs articles, au magazine royaliste Politique Magazine. L’Action française ira même jusqu’à sous-entendre, sur X, que le désormais ministre de la Justice a participé à un de ses camps de formation.

A l’époque de la Manif pour tous, Darmanin s’opposera au mariage homosexuel qu’il qualifiera de « néfastes réformes de société ». « [...] Faut-il tout accepter sous prétexte que "la société évolue" ? », déclarait-il, sur X. Dix ans plus tard, il affirmera s’être « trompé ».

Celui qui, parlementaire, n’hésite pas à traiter la théorie du genre d’« absurdité absolue » sera pendant quatre ans ministre de l’Intérieur. Appartenir à un gouvernement sous Emmanuel Macron ne lui a pas causé d’états d’âme, alors qu'en 2017, il qualifiait, dans une tribune, le président de la République de « poison définitif », « caméléon », « démagogue ».

À Beauvau, malgré ses effets de matamore, Darmanin laisse un bilan misérable. 26.000 titres de séjour délivrés chaque mois, taux d’exécution d’ OQTF de 7 %, 351 homicides et tentatives d’homicide par mois : des chiffres encore plus mauvais que ses prédécesseurs.

Que reste-t-il de l'homme de droite ?

Ces dernières années, on ne compte plus ses déclarations qui laissent pantois. En 2023, après les émeutes qui suivirent la mort de Nahel, interrogé au Sénat sur l'origine et le profil des 3.651 émeutiers interpellés, Gérald Darmanin affirmait qu’il y avait « beaucoup de Kevin et de Matteo » parmi ces individus. Avec une volonté manifeste de nier (ou de dissimuler ?) le facteur identitaire des violences urbaines.

Citons encore ses mots alors qu’il quittait son poste de ministre de l’Intérieur : « Il est assez évident, si nous sommes honnêtes, que si je m’étais appelé Moussa Darmanin, je n’aurais pas été élu maire et député », avec cette idée maîtresse de culpabilité permanente : la France est une infâme terre de discrimination où les Français doivent battre leur coulpe, eux les odieux néo-colonisateurs dans leur propre pays. Une culture de l’excuse que Gérald Darmanin connaît bien, lui qui, en 2020, rendait hommage, à Alger, aux « martyrs » du FLN. Un comble, pour ce petit-fils de harki qui affirmait, toute honte bue, au micro de Sonia Mabrouk, le 16 avril, au sujet des questions mémorielles en Algérie : « Le passé est le passé, la France n’a pas à s’en excuser. »

Mardi 15 avril, au micro de RTL, Gérald Darmanin se disait « très favorable » à la proposition de loi légalisant l’euthanasie, qualifiant de « grand parlementaire » l’ancien député socialiste (désormais MoDem) Olivier Falorni, à l’origine du texte. « Merci, […], pour votre soutien clair et respectueux », lui a répondu mielleusement ce dernier. Un sujet sur lequel le garde des Sceaux assume d’être « en désaccord assez profond » avec Bruno Retailleau. Il faut dire que l’on cherche les sujets à propos desquels Gérald Darmanin est en cohérence avec lui-même.

Yves-Marie Sévillia

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