Un signal fort, mais des failles persistantes
L’extension de la liste des pays sûrs est une réponse attendue aux appels des droites européennes, qui dénoncent depuis des années une immigration incontrôlée. En classant des pays comme la Tunisie ou l’Égypte comme « sûrs », l’UE vise à décourager les migrants économiques qui encombrent les systèmes d’asile. « L’allongement de la liste des pays sûrs est en soi un pas en avant », nous déclare Tom Vandendriessche, eurodéputé du Vlaams Belang issu du groupe Patriotes pour l’Europe, avant d’ajouter que « sans un changement de cap fondamental, il s’agit d’une intervention purement symbolique ». Cette mesure pourrait réduire les abus, mais son succès dépend de retours effectifs, souvent bloqués par les pays d’origine eux-mêmes.
Le problème est donc structurel. Alors que les Européens sont principalement soucieux de l’évolution de la crise migratoire au sein des frontières de l’UE, la réponse à leur préoccupations reste faible. Preuve en est, au quatrième trimestre de l’année 2024, seuls 23 % des ordres de quitter l’UE ont été appliqués, un chiffre pourtant en hausse de 11,5 % par rapport au trimestre précédent. Si l’UE ne muscle pas ses accords de réadmission et n’impose pas des sanctions aux pays refusant de coopérer, cette liste élargie restera un vœu pieux, loin de protéger les frontières européennes.
Une fermeté de façade pour calmer les électeurs ?
L’UE semble jouer la carte de la fermeté pour apaiser des citoyens exaspérés par l’insécurité et les coûts de l’immigration. Tom Vandendriessche, membre de la commission des Libertés civiles, de la Justice et des Affaires intérieures du Parlement européen, ne veut pas se laisser duper : « Tant que l’Union européenne insistera sur le droit d’asile sur le territoire européen, la migration illégale continuera d’augmenter. » Comme beaucoup d’élus issus de sa famille politique, celui-ci appelle à une « politique de retour efficace » avec « retour forcé, expulsion immédiate après une décision négative en matière d’asile et lien entre l’aide au développement et les obligations de réadmission ».
Le Pacte sur l’asile et la migration, adopté en 2024, est un échec selon les conservateurs. « Il ne fait que perpétuer le système qui continue d’encourager l’immigration clandestine », fustige Vandendriessche. Sans centres d’accueil hors UE ni refoulements systématiques, les flux ne faibliront pas. La liste des pays sûrs, bien qu’un pas dans la bonne direction, risque de servir de cache-misère politique, alors que les Européens exigent des solutions concrètes : moins d’arrivées, plus d’expulsions. Comme le martèle Vandendriessche, une « politique migratoire crédible doit limiter les flux d’entrée, par exemple en renforçant l’accueil dans la région d’origine ».