Un certain “Vincent Laloy” (se targuant d’être au comité de rédaction de la revue Commentaire, autrefois illustre) est l’illustration presque typique de ce simplisme propagandiste qui veut de plus en plus faire la loi ; tout en étant par ailleurs la marque de fabrique, par excellence, du sous-développement intellectuel français, par exemple en s’attaquant très brutalement, genre bas du front, à certains auteurs de Riposte Laïque (pourquoi pas) mais sous un seul, unique, angle : si vous n’êtes pas anti-Poutine alors (en plus d’être de la “droite extrême et complotiste” écrit-il en s’appuyant sur… ”conspiracywatch”…) vous êtes à ses “ordres” (dixit) et il met dans le même sac, malgré quelques maigres bémols, ”Le Pen-Mariani-Zemmour-Fillon-Chevènement-Védrine-Mélenchon et leurs affidés (…)” (10e paragraphe), excusez du peu…
Sans entrer dans les détails amalgamant, allègrement, les angles idéologiques géopolitiques géostratégiques géosymboliques, cette prose (écrite en novembre 2023) s’avère être au fond la quintessence de ce que l’on trouve encore actuellement dans nombre de postures médiatiques prétendant incarner l’élite actuelle au pouvoir : maniant ainsi une binarité globale permanente des jugements (si tu n’es pas contre alors tu es pour) évacuant le fait que le ou/ou ne se comprend que dans des situations extrêmes : ainsi Hitler, le djihadisme global, etc. c’est-à-dire à l’encontre d’ennemis qui ne cherchent absolument aucun “dialogue” sinon de se rallier de se soumettre à eux.
C’est ce que fait ce Vincent Laloy qui prend comme prétexte le fait que certains auteurs qu’il attaque dans ce brûlot ne dénoncent pas suffisamment ou pas du tout le soutien bien plus géopolitique qu’idéologique de Poutine aux djihadistes occupant Gaza ; ou alors que ces auteurs émettent des bémols, selon leur point de vue (d’ailleurs discuté ouvertement dans des articles en permanence au sein même de Riposte Laïque qui prône la pluralité) sur une attaque frontale voire totale contre les khomeynistes ou encore sur la mise au ban des despotes nord coréens, sur le fait aussi que les démocrates US aiment à jeter de l’huile sur le feu entre Taïwan et le régime maoïste, tous ces dossiers, épineux, sont alors simplifiés à l’extrême par notre redresseur de torses lui permettant ainsi de considérer ces auteurs comme étant purement et simplement des “adorateurs” poutiniens donc des fanatiques prêts à tout avaler, comme si au fond les relations internationales n’étaient qu’un salon de thé du Quai d’Orsay où l’on disserte, certes savamment, sur le sexe des anges (aujourd’hui des “genres”) et les YAKA-FAUCON des danseurs d’opérette.
Et c’est bien là où le bât blesse : le degré de naïveté inouï de certains Monsieur Jourdain lorsqu’ils font de la prose dans ce domaine, n’observant pas par exemple lors de la guerre en Tchétchénie (qui aveugla tout autant les Glucksmann père et… fils) qu’il ne s’agissait pas seulement du refus poutinien de voir démanteler encore plus ce qui était devenue “la Fédération de Russie” mais surtout de s’opposer à l’emprise de la mafia tchétchène, y compris en Tchétchénie, sur… Moscou même, tant sous l’occupation de la mafia soviétique d’Etat, le marché noir (indispensable) était tenu par tous ces réseaux souterrains qui à la suite de l’effondrement en 89 puis 91 ont voulu se comporter comme des micro-Etats, un peu comme aujourd’hui dans les narco-Etats en devenir que sont la Belgique, les Pays-Bas et de plus en plus la France (ne parlons pas du Mexique encore en prise, du Venezuela, etc.).
Qu’il y ait des pots cassés, qu’un président tchétchène ait été renversé, cela n’empêche pas aussi d’observer qu’il en fut de même à Kiev en 2014, en Géorgie, récemment en Roumanie (et actuellement… en France). Certes, il ne s’agit pas d’exagérer sur les analogies et surtout d’amoindrir le fait que toute position lorsqu’elle occulte certains aspects risque en effet de tomber sous la critique, il n’en reste pas moins que celle-ci n’aide en rien à observer, objectivement, les choses, surtout en relations internationales, mettant en prise non pas des bisounours mais des “monstres froids” ce qui implique de ne pas réduire la critique à une analyse binaire constante de sa complexité, sauf à faire de l’idéologie et son extrême la propagande.
Aussi lorsque ce sieur considère (en trois lignes) que la critique envers Courtois et Thom (effectuée en 2022) s’avère nulle et non avenue (paragraphe 20) sa “riposte” lapidaire montre surtout que l’on a beau être de bons “historiens” cela n’empêche pas d’être bien peu à même de comprendre que les rouages et méandres du Politique, surtout au niveau “géo” (etc.) ne sont pas un “long fleuve tranquille” ou alors les écrits de Machiavel, Hobbes, voire Aron (fondateur de la revue Commentaire) sont à jeter et vite aux oubliettes…
Mais au vu où l’on est arrivé aujourd’hui, sur le plan également intellectuel, hormis d’heureuses exceptions, il n’est guère étonnant de lire de plus en plus cette prose de Monsieur Jourdain qui prolifère tant et si bien qu’un nouveau La Bruyère pourrait en croquer à souhait quelques Caractères, du moins si le système scolaire et l’ambiance intellectuelle actuelle le permettaient, mais c’est hélas de moins en moins le cas tant la France, l’Europe, “l’Occident” est devenu un quasi-désert culturel certes peuplé de musées Potemkine…
Lucien Samir Oulahbib