Par Olivier Perceval
« Cela fait donc six mois que Boualem Sansal est l’otage des hiérarques algériens. À 80 ans, souffrant d’un cancer, notre ami paye au prix fort sa liberté. Sa détention est un scandale et tout homme attaché aux valeurs de simple humanité ne peut qu’en éprouver indignation et révolte. C’est un fait qu’il y a déshonneur, comme l’a dit implicitement le président Macron, dès lors qu’un État embastille un homme, un écrivain de surcroît, parce que cet homme use de son droit naturel, imprescriptible, à dire ce qu’il pense », affirme Arnaud Benedetti dans Le Figaro cette semaine.
On se demande en effet dans cette affaire où sont les humanistes et les donneurs de leçons en matière de lutte contre les oppressions. La dinde décérébrée du festival de Canne qui a cru commettre un acte de bravoure en arpentant le tapis rouge couverte d’un voile (à quelques milliers d’euros) n’a pas cru utile de dire un mot sur cet otage politique enlevé et enfermé pour avoir usé de sa liberté d’expression, chose totalement illégale en Algérie.
Mais, au-delà de ces considérations sur un gauchisme aveugle et sectaire qui nous a habitués à de tels comportements depuis qu’il existe, on doit se poser de vraies questions sur la passivité du gouvernement devant un casus belli aussi flagrant. Enfin, il s’agit d’un citoyen Français croyant naïvement que ce statut le protégerait contre toute tentative d’atteinte à sa liberté. Eh bien apparemment ce n’est pas le cas. Notre président, qui prétendait que la France n’a pas de culture propre, pense aussi sans doute qu’elle n’a pas la moindre souveraineté ni solidarité nationale à faire valoir à l’égard de ses ressortissants. Dès lors, le signal est envoyé au monde entier : l’État ne s’interposera plus jamais aux atteintes portées à l’étranger contre les Français. On se demande pourquoi on a un État qui par ailleurs se souvient de nous en nous criblant d’impôts, si ni notre sécurité intérieure, ni celle des expatriés n’est assurée.
Les plus renseignés assurent que la libération de l’otage français de l’Algérie dictatoriale et corrompue devrait intervenir en juillet ; ainsi c’est l’agenda de Monsieur Téboune qui prévaut et Jupiter subissant l’autorité de son suzerain s’incline en essayant de se faire passer pour un fin diplomate. Mais la diplomatie, mon bon monsieur, c’est une autre paire de manches. Le président Macron, certainement inspiré par ses conseillers eux-mêmes mal inspirés, a dissous le corps diplomatique (comme le corps préfectoral) pour pouvoir sans entraves nommer qui il veut à ces postes régaliens. Il a mis fin ainsi à la vision géopolitique de la France installée par De Gaulle dans le temps long, au profit d’une réserve de postes pour faciliter la carrière des amis qu’on ne peut garder dans les instances gouvernementales.
Ce n’est pas avec une telle diplomatie d’école de commerce, amnésique, déculturée et sans âme, que l’on saura imposer la France dans le monde.
On en est là, et la crise se résorbera partiellement et surtout momentanément comme les crises d’urticaire. Boualem Sansal sortira probablement de sa prison cet été, non sans avoir été prié par quelques émissaires discrets de l’Élysée de mettre une sourdine à sa liberté d’expression.
La soumission de la France à l’Algérie des barbaresques n’en changera pas moins et l’on n’imagine mal le président, le premier ministre, ni même celui de l’intérieur, souffleter un jour le Bey d’Alger.
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