Les vieux ? A dégager ! Pas assez performants. Trop coûteux pour la société. Mais c’est pourtant au nom de l’humanisme que les députés ont voté hier (305 voix pour, 199 contre) le « droit à l’aide à mourir », euphémisme pour ne pas désigner l’euthanasie et le suicide assisté. Même le délit d’entrave à ce processus de mise à mort médicale sera sanctionné (jusqu’à deux ans de prison, 30.000 euros d’amende). Olivier Falorni (MoDem) s’est immédiatement félicité sur X d’avoir emporté cette première manche : « L’Assemblée nationale a adopté ! Un moment historique pour une très grande avancée républicaine car elle porte en son cœur la liberté, l’égalité et la fraternité. Il est des jours dont on sait qu’on ne les oubliera jamais. » En 1882, Friedrich Nietzsche écrivait : « Encore un siècle de journalisme et les mots pueront ».
Nous y sommes. Les mots, vidés de leur sens, ne sont plus que des slogans, y compris pour les professionnels de la politique. Car la liberté, l’égalité et la fraternité avancés par Falorni sont en contradiction avec ce texte, défendu par une élite qui a perdu de vue la fragilité des gens modestes et qui s’enorgueillit de pouvoir se libérer de l’interdit suranné du Décalogue : « Tu ne tueras point ». Comme le remarque Alain Minc dans le Figaro Magazine, pour le déplorer : « La franc-maçonnerie est un acteur assumé de ce combat, à la manœuvre de façon explicite ». Durant la crise sanitaire du Covid, les pensionnaires des Ehpad avaient déjà été sacrifiés dans leur isolement forcé, abrégé parfois par injection de Rivotril. C’est cette même brutalité régressive qui pourrait s’installer si ce texte « progressiste », qui sera débattu au Sénat en septembre sans doute, devait être inchangé. Seul le vote unanime sur le volet des soins palliatifs est satisfaisant en l’état.
Le fait que les mutuelles soient parmi les plus ardentes pour défendre l’euthanasie et le suicide devrait mettre la puce à l’oreille de ceux qui se contentent des autosatisfactions morales de la macronie et du reste de la gauche. Celles-ci ne s’expriment plus qu’à travers des sujets sociétaux (PMA pour toutes, IVG constitutionnalisée), faute d’émettre en urgence des idées neuves sur la révolution conservatrice qui déboule. Une étude récente de la Fondapol montrait que les plus de 85 ans coûtaient en moyenne 8000 euros par an, contre 1700 euros pour les moins de 59 ans. Un spécialiste de ces questions me disait récemment que les six derniers mois d’une vie pouvaient coûter autant, en prise en charge médicale, qu’une vie entière. Le manque de lits dans les hôpitaux est une autre donnée structurelle qui n’apparait évidemment pas dans les motivations de la loi mais qui est présente dans les esprits de bien des gestionnaires hospitaliers. Parallèlement, vingt et un départements sont dépourvus de soins palliatifs. 500 personnes meurent chaque jour sans avoir pu en bénéficier. Bref, cette loi « de liberté » contient, dans son esprit fonctionnel, toutes les dérives pouvant aboutir à l’élimination des improductifs car trop âgés, trop handicapés, trop fragiles mentalement. Une horreur.
Mon intervention de mardi sur Ligne Droite (8h40-8h50)
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