« J’aurais aimé être Che Guevara »
Oui, mais, c’est à L’Humanité que Pierre Richard a choisi de se confier… Il est clair, alors, que ce qui l'énerve, ce ne sont pas tant les vérités révélées par la chaîne que le fait qu'elle les montre. D’autant plus que l’acteur, talentueux sans nul doute mais aussi pur produit de la société post-68, a toujours préféré les anarchistes. « J’aurais aimé être Che Guevara », disait-il au Nouvel Obs. Même s’il y a quelque chose de comique à imaginer « le grand blond » en révolutionnaire marxiste-léniniste, c’est aussi tout à fait affligeant. À L’Humanité, il raconte que « le fils d’Hildita, la fille de Che Guevara, jouait avec mon petit-fils, le petit blond et le petit brun. C’est émouvant ! » Le petit-fils, donc, du même Che qui préconisait, comme l’écrit Historia, « la haine comme facteur de lutte ; la haine intransigeante de l'ennemi, qui pousse au-delà des limites naturelles de l'être humain et en fait une efficace, violente, sélective et froide machine à tuer ». C’est émouvant, en effet !
En réalisant, dans les années 80, son documentaire sur le Che - Parlez-moi du Che, 1988 -, l’acteur avait même pu rencontrer Fidel Castro, comme il le racontait au JDD, en 2022. Il lui avait trouvé « une espèce d'aura, un charme incroyable »... JDD racheté en 2021 par Vincent Bolloré, ce qui, manifestement, à l’époque, ne l’avait pas trop « énervé » ! Serait-il en colère parce que CNews représente la nouvelle dissidence et qu’elle n’a pas l’heur d’être socialiste ? Allez savoir ! Que la colère le maintienne en forme, tant mieux pour lui, et si sa colère augmente les audiences, tant mieux pour la chaîne ! Quel dommage, cependant, qu’un homme de 90 ans soit resté soumis à l’idéologiquement correct de sa génération…
Comme anarchiste, Pierre Richard se pose là !
Il se fait fort, dans ses films, d’avoir toujours dénoncé le capitalisme et la bourgeoisie, comme dans Le Jouet qui est, rapporte Le Nouvel Obs, « un film de gauche qui dénonce la lâcheté des journalistes, l'oppression d'un puissant homme de presse, inspiré de Marcel Dassault ». Quelle ironie, n’est-ce pas ? L’art de rester campé sur ses positions alors que dénoncer la lâcheté des journalistes n’a plus rien de gauche… Comme anarchiste, Pierre Richard se pose là. Hurler avec les loups contre CNews est d’un conformisme déroutant. « Malheureusement, je me suis perdu en route après », déplore l'acteur, dans L'Humanité. On confirme : il s’est bien perdu en route…
Son nouveau film présenté en séance spéciale au Festival de Cannes, L’Homme qui a vu l’ours qui a vu l’homme, ne serait pas moins que « Bolloré, en famille, qui d’un seul coup a une révélation : "Qu’est-ce que je fais avec ces cons ? J’en ai marre, je suis un salaud…" Et il fout le camp ! Tout ça parce qu’il y a une tache en lui, une culpabilité énorme d’avoir bâti sa fortune sur l’éradication de forêts entières en Amazonie. En chemin, il va se faire copain avec un jeune homme qui n’est pas de son monde. » Aucun doute que le Festival de Cannes saura faire caisse de résonance. Reste à savoir si les spectateurs ne risquent pas d’y aller exprès pour s’énerver ?
Si la colère maintient Pierre Richard en forme, tant mieux. On ne peut alors que souhaiter longue vie à CNews et même conseiller à tous les EHPAD d’allumer le canal 16.