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[ÉDITO] Bayrou : ça patauge

Capture d'écran
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Les jours de François Bayrou sont-ils comptés ? À Matignon s’entend. Depuis qu’il a succédé à Michel Barnier, on se pose la question. D’aucuns ne le voyaient pas passer l’hiver et, finalement, il devrait passer le printemps. Mais l’épreuve de vérité approche : début juillet, le Premier ministre va présenter son plan pluriannuel de redressement des finances publiques. Le premier volet de ce plan sera évidemment le projet de loi de finance (PLF) et le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026, dont les parlementaires s’empareront au retour des grandes vacances.

Le doute commence à s’installer

Pour l’instant, le Béarnais n’a pas vraiment donné d’indices sur ce que sera son plan. Le 15 avril dernier, lors de sa conférence sur l’état de notre dette et de nos finances, le chef du gouvernement a passé plus de temps à poser le diagnostic d’une situation que tout le monde connaît qu’à ouvrir des pistes de solutions pour réduire notre déficit public. Et le doute commence à s’installer. Notamment après ses déclarations chez Apolline de Malherbe sur l’appel à l’effort de tous les Français, évoqué mercredi soir par Marc Baudriller. « Demander un effort à tous les Français ». C’est-à-dire ?

Ne pas toucher aux grands tabous ou totems

D’emblée, on commence à comprendre – si ce n’était pas déjà le cas – que Bayrou ne renversera pas la table, qu’il usera des méthodes usées jusqu’à la corde depuis quarante ans : on rabotera un coup par ci, un coup par là pour réduire la colonne des dépenses et on grignotera un coup par ci, un coup par là pour augmenter la colonne des recettes. Avec, évidemment, cela va sans dire mais autant le dire d’avance, l’impérieuse nécessité de ne pas toucher aux grands tabous ou totems : l’immigration et la contribution à l’Union européenne. Tiens, parlons-en de notre contribution à l’UE*. En 2017, elle était de 18,1 milliards ; en 2025,  elle s’élève à 23,3 milliards d’euros. Soit une hausse de 28,72 % en huit ans. Rien qu’entre 2024 et 2025, la contribution française augmente de 7,9 %. Il ne semble pas que les salaires et pensions des Français à qui François Bayrou va demander un effort en 2026 aient progressé dans ces proportions.

On bricole

Mais revenons à l’effort demandé à tous les Français. À ce sujet, le chef du gouvernement a évoqué la piste d’une TVA sociale. On ne va pas faire ici un argumentaire du pour et du contre de cette mesure, tant au plan économique que social. Rapidement, elle consisterait à baisser les contributions patronales pour augmenter d’autant la TVA qui pèserait alors sur tous les consommateurs, actifs comme retraités. Mais l’on voit bien que l’on bricole. Que ce n’est évidemment pas la martingale pour réduire le déficit car cela peut se terminer, globalement, en opération à somme nulle pour les finances publiques. Notons au passage, qu’il y a déjà quelques années que la TVA est en quelque sorte sociale ! Ainsi, en 2022, sur les 183 milliards que cet impôt indirect avait rapporté, 57 avait été affectés à la protection sociale : 31 %...

Bayrou a-t-il lancé cette idée en l’air, histoire de voir comment ça réagirait ? Il est bien trop expérimenté pour ne pas se douter qu’à gauche comme au RN, on agiterait aussitôt la menace de la censure. On se perd en conjectures !

Tout juste de quoi patauger dans la mare

Quoiqu'il en soit, la dernière fois que la France connut un véritable grand plan de redressement de ses finances publiques, c’était en 1958 : le fameux plan Pinay-Rueff. Mais les circonstances étaient toutes autres. D’abord les fondamentaux de notre économie étaient plus solides qu’aujourd’hui : les Trente glorieuses ! Ensuite, la pression fiscale était encore acceptable pour les Français. Et, surtout, ce plan put être mis en œuvre dans le souffle du retour du général de Gaulle en mai 1958, fort d’une large légitimité populaire obtenue après le référendum constitutionnel de septembre et les législatives de novembre. Tous les atouts pour affronter la haute mer. Bayrou n’a rien de tout cela dans un contexte de macronisme finissant et à bout de souffle. Au minimum, a-t-il de quoi patauger dans la mare au canards, au mieux de quoi faire du cabotage à vue, pendant que Macron, lui, fait du cabotinage « à l’international ».

Georges Michel

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