La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a une nouvelle fois condamné la Hongrie pour ses pratiques en matière d’expulsion de migrants. Dans un arrêt rendu le 24 juin 2025, l’instance basée à Strasbourg a estimé que Budapest avait procédé à des « expulsions collectives » contraires à la Convention européenne des droits de l’homme. Les trois requérants, deux Afghans et un Syrien, avaient été renvoyés à la frontière serbe sans que leur demande d’asile ne soit sérieusement examinée. Deux d’entre eux étaient sortis d’hôpital après de graves blessures causées par des accidents de la route.
Selon la CEDH, ces hommes ont été contraints de franchir la frontière à pied, parfois « pieds nus et sans effets personnels », bien qu’ils aient exprimé leur intention de demander l’asile, selon le média Euractiv. Dans son arrêt, la Cour souligne que le mécanisme d’expulsion automatique mis en place par la Hongrie a déjà été jugé contraire au droit européen : « Malgré cela, l’État défendeur a maintenu ce mécanisme en place ». La Hongrie a été condamnée à verser un total de 23 000 euros pour dommage moral et 8 000 euros pour frais de procédure.
La pratique hongroise de renvoi systématique aux frontières a été condamnée à plusieurs reprises par la Cour de justice de l’Union européenne. En 2024, cette dernière avait infligé à la Hongrie une amende de 200 millions d’euros, assortie d’une astreinte d’un million d’euros par jour pour non-respect du droit d’asile. Budapest a depuis refusé de payer, préférant voir Bruxelles retenir une partie des fonds européens destinés au pays. En réaction, le gouvernement hongrois a annoncé, le 12 juin dernier, vouloir contester cette décision devant la CJUE.
Pour le Premier ministre hongrois Viktor Orbán, ces sanctions s’inscrivent dans une logique de confrontation avec Bruxelles sur les questions migratoires. Son conseiller à la sécurité, György Bakondi, justifie la politique hongroise par les événements de 2015, lorsque « 400 000 immigrés clandestins ont franchi la frontière en deux mois ». Il affirme que la barrière érigée à la frontière a permis d’« éviter le terrorisme », la création de « zones interdites » et une dégradation de la sécurité publique.
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