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Les Républicains est-il le parti des éoliennes ?

Capture écran BFMTV
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Samedi 28 juin, Les Républicains tenaient leur Conseil national, le premier sous la présidence de Bruno Retailleau, par ailleurs ministre de l’Intérieur. L’occasion de dévoiler le nouvel organigramme du parti et les différentes personnalités en charge de l’élaboration du programme et de la formation politique en vue des futures échéances électorales. En ligne de mire, les municipales en 2026 et la présidentielle en 2027. Autour de l’eurodéputé François-Xavier Bellamy, vice-président délégué, plusieurs personnalités viennent renforcer la tête du parti : la sénatrice de Paris, Agnès Evren, est nommée porte-parole, l’ancien Premier ministre, Michel Barnier, président du Conseil national, Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, est présidente de la Commission nationale d’investitures. Treize hommes et femmes politiques d’expérience sont nommés vice-présidents : le maire de Cannes, David Lisnard, les anciens députés Julien Aubert, Daniel Fasquelle et Guillaume Larrivé.

Travailler sur le projet politique LR et être avocat d'un mastodonte de l'éolien

Une autre nomination n’est pas passé inaperçue : Jean-François Copé intègre un groupe de cinq personnes, parmi lesquelles Philippe Juvin, député des Hauts-de-Seine, et François-Xavier Bellamy : ils travailleront sur le fond du projet politique du parti. Le maire de Meaux s’est réjoui de « préparer le programme de la droite républicaine en vue des prochaines échéances électorales ». Sur X, il a lancé un appel « à toutes les Françaises et tous les Français qui veulent s’engager pour leur pays, apporter leurs idées, leur expertise, leur expérience de terrain : nous avons besoin de vous pour bâtir un projet solide, crédible et profondément enraciné dans la réalité ».

Mais cette nomination ne manque pas d’interpeller. En effet, il y a quelques semaines, Boulevard Voltaire soulevait un mélange des genres étonnant : Jean-François Copé, maire LR de Meaux, est aussi l’avocat du géant allemand de l’éolien WindStrom, qui est en guerre avec le petit village de 200 habitants de Puyrolland, en Charente-Maritime. Le village est menacé en Justice de devoir payer 44 millions d’euros de dommages et intérêts parce que le maire et les habitants se battent contre l’installation de sept éoliennes sur la commune et les alentours.

Pour Fabien Bouglé, « les LR se suicident parce que l’électorat Républicain est hostile aux énergies intermittentes, et en particulier aux éoliennes ». Auprès de BV, l’expert en politique énergétique dénonce le « dualisme dans l’action de Jean-François Copé : le maintien de ses activités professionnelles est sous-jacent, puisqu’il défend juridiquement les exploitants éoliens ». Jean-François Copé n’a pas manqué d’apporter son soutien à la filière éolienne, sur le plateau de BFM TV, dimanche 29 juin. Tout en évoquant un « problème de pollution paysagère », le maire de Meaux a plaidé en faveur des énergies intermittentes : « On a des objectifs à tenir au niveau national, il faut absolument déployer ce mix énergétique », a-t-il affirmé. Fabien Bouglé ne décolère pas : « La nomination de Jean-François Copé au sein du programme des Républicains est une très mauvaise nouvelle et, surtout, elle met en relief la raison pour laquelle les députés LR s’étaient abstenus de voter, lors de la loi Gremillet concernant la programmation pluriannuelle de l’énergie. » La semaine dernière, l’abstention des députés LR avait été remarquée, sur un texte qui proposait un moratoire sur les énergies éoliennes et photovoltaïques. Pourtant, à droite, des messages clairs remettant en cause le dogme de l’éolien et des énergies renouvelables en général font surface. L’ancien président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer, figure de la droite dite de gouvernement, s’interrogeait, la semaine dernière, dans Le Figaro : « Combien de Français savent que l’éolien et le solaire ont fait doubler leur facture d’électricité, depuis dix ans ? » Il plaidait en faveur du moratoire qu’ont boudé les députés LR.

« Il ne sera pas chargé de ce sujet », confie l'entourage de Bruno Retailleau

Contacté par BV, Jean-François Copé se défend de « prendre position pour ou contre l’éolien en général » mais affirme travailler en tant qu’avocat « sur un sujet de droit pur »« en vue d’un accord amiable sur un sujet qui n’est pas tant un problème d’éolien qu’un problème de respect d’engagement contractuel ». LR sont-ils favorables à l’extension de la filière éolienne ? Le maire de Meaux rappelle que « la ligne n’est pas définitivement fixée, puisque le parti a entamé seulement maintenant la démarche collective de construction du projet ». Néanmoins, cette figure de la droite sarkozyste invite à « faire preuve de pragmatisme dans l’intérêt du pays en évitant les positions doctrinaires dans un sens comme dans l’autre ». Du côté de Beauvau, dans l’entourage de Bruno Retailleau, on relativise : le groupe de travail sera dirigé par le président du parti « qui fixe la ligne ». La nomination de Jean-François Copé est-elle un soutien à la filière éolienne ? « Il ne sera pas chargé de ce sujet », affirme un proche du ministre de l’Intérieur.

Pendant ce temps, le mouvement des Gueux d’Alexandre Jardin, après les ZFE, étend son combat à l’éolien. Samedi matin, 200 personnes se sont réunies dans le Morbihan pour dénoncer le projet d’éoliennes en mer au large des côtes sud de la Bretagne.

« En s’abstenant de soutenir le moratoire sur les éoliennes et les panneaux solaires, les Républicains ont commis une grave faute politique », estime Fabien Bouglé, qui avertit : « Si Bruno Retailleau ne se ressaisit pas, il y a fort à parier qu’il subira le sort de Valérie Pécresse. Son soutien à la filière éolienne n’était pas passé inaperçu et cela a probablement joué un rôle dans sa défaite tonitruante. » Les anti-éoliens se tiennent en embuscade.

Yves-Marie Sévillia

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