Un sondage YouGov révèle que l’immigration reste la préoccupation centrale des électeurs ayant quitté les conservateurs pour rejoindre le parti de Nigel Farage. Une dynamique qui pourrait bouleverser l’échiquier politique britannique.
L’immigration, sujet longtemps promis mais jamais maîtrisé par les gouvernements successifs, s’impose plus que jamais comme la priorité des électeurs britanniques. D’après une récente enquête de l’institut YouGov, c’est cette question qui motive en premier lieu les ralliements massifs à Reform UK, le parti dirigé par Nigel Farage.
En dépit d’engagements répétés dans leurs programmes électoraux depuis 2010, les conservateurs ont supervisé des niveaux records de migration, ce qui a contribué à leur déroute historique lors des dernières élections générales. Désormais, ce manque de crédibilité sur le sujet continue de les hanter, au profit d’un Farage offensif et stratège.
Une défiance massive sur la question migratoire
Le sondage révèle que 56 % des électeurs ayant quitté les conservateurs pour Reform UK citent l’immigration comme le facteur déterminant de leur revirement. Parmi ces nouveaux partisans de Farage, 88 % considèrent l’immigration comme un enjeu prioritaire, contre 64 % parmi ceux restés fidèles aux tories, et 56 % chez les indécis.
Cette lame de fond touche également les anciens électeurs travaillistes issus des classes populaires : une autre enquête, réalisée le mois précédent, indique que 62 % des anciens électeurs Labour ayant rallié Reform UK évoquent l’inefficacité de la gauche sur l’immigration comme principal motif de leur bascule.
Une stratégie à double front
Nigel Farage tire profit de la crise de confiance qui frappe les partis traditionnels. Reform UK, en articulant un discours musclé sur les frontières et une politique économique favorable aux travailleurs, capte simultanément les déçus du Labour et des Tories. Une tactique qui paie : selon YouGov, 26 % des électeurs conservateurs de 2024 soutiennent désormais Farage.
Parmi les autres raisons invoquées pour justifier ce ralliement :
- 41 % estiment que les autres partis sont encore pires,
- 36 % pensent que Reform défend mieux « les gens comme eux »,
- 25 % jugent le parti plus proche de leurs valeurs,
- 24 % le considèrent comme mieux placé pour gagner la prochaine élection.
En outre, 21 % pensent que Nigel Farage ferait un bon Premier ministre, et 20 % estiment que Reform joue un meilleur rôle d’opposition que les conservateurs depuis leur défaite électorale.
Les projections sont éloquentes : selon une analyse d’Ipsos, Reform UK pourrait remporter jusqu’à 400 sièges aux prochaines élections si la tendance se confirme. Toutefois, YouGov nuance : 67 % des électeurs conservateurs passés chez Reform pourraient encore revenir au bercail, en fonction des évolutions politiques à venir. En revanche, la fidélité semble plus forte chez les anciens électeurs travaillistes, dont seulement 13 % envisageraient de voter à nouveau pour Keir Starmer.
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