Gabriel Attal s'y voit déjà...
L'occasion lui en était donnée par un meeting des JAM - vous vous souvenez, les « Jeunes avec Macron » aux clips et aux flyers plus ridicules les uns que les autres. Gabriel Attal y a déroulé un discours de présidentiable. Premier mot clef : « chemin ». « Ce 5 juillet 2025, je veux vous proposer de poser les premiers jalons d’un chemin nouveau pour notre jeunesse et pour notre pays […], un chemin d’espoir, un chemin de bonheur, un chemin pour la jeunesse de France et pour notre pays. » Chemin, ça fait destin de l'homme qui marche, etc. Second élément de langage : « aventure collective ». Un marqueur de gauche : « Je veux proposer aux Français une nouvelle aventure collective. Partons ensemble. » Oui, qu'ils partent ensemble ! Et enfin, pour cocher toutes les cases de la grandiloquence politicienne : le « serment ». « Je fais devant vous le serment de tout faire pour vous conduire dans deux ans sur le chemin de la victoire », a assuré Attal. Gabriel Attal veut aussi « tout changer » ! Il s'exprimait devant le mouvement des jeunes macronistes qui s'est justement défait, ce samedi, de la marque Macron pour s'appeler de nouveau, comme aux grandes heures de 2017, les « Jeunes en marche ». Au fait, combien sont-ils, ces jeunes d'un parti surtout constitué de retraités et qui ne comptait plus, à l'automne, que 8.500 adhérents à jour de leur cotisation ? Et puis Édouard Philippe a lui aussi son mouvement de jeunes. Pour le moment, le jeune Attal est un peu seul, sur son chemin... et le public était clairsemé, au Cirque d'hiver. Mais une chose est certaine : c'était bien du cirque !
Emmanuel Macron, chef d'orchestre de la cacophonie qu'il a lui-même créée
Ces derniers jours, le président de la République s'est érigé en grand recadreur du gouvernement : de Bruno Retailleau, qui, trop heureux de ce brevet anti-macroniste, n'en demandait pas tant, mais aussi de ce pauvre Bayrou, qu'il a exhorté à « diriger son gouvernement ». Là, c'est l'humiliation, et il paraîtrait que le Président songerait à le virer. « Depuis quelques semaines, il est avéré que Macron n’a plus qu’une idée en tête, c’est de faire chuter Bayrou », a confié un macroniste au Monde ! Le Président peut bien, ensuite, dénoncer la « cacophonie » gouvernementale. Mais il en est lui-même le premier organisateur ! Par la dissolution, d'abord, et les alliances avec la gauche, évidemment ; puis par l'envoi de la bonne élève Pannier-Runacher en commando écolo contre Retailleau ; et, enfin, par son apparition à ce meeting des jeunes de son parti. Était-ce vraiment la place d'un Président, surtout dans les circonstances actuelles ? Il y a lancé des appels à l'unité : « Si, dans les deux ans qui viennent, on passe notre temps à parler de 2027, à ne rien faire, à être dans les calculs, à être dans les divisions, ce sera aucun d’entre nous, dans deux ans. » Histoire de ramener Attal à la réalité. Mais Macron a aussi lancé un appel personnel à son dernier carré de fidèles en leur assurant qu'il avait « besoin d’eux pour dans deux ans, pour dans cinq ans, pour dans dix ans ». Rien que ça ! Si Attal se veut héritier de Macron et capte ce qui reste des troupes, Macron, lui, se veut héritier de lui-même et prend date pour... 2035 ! Ces gens sont extraordinaires : leur gouvernement et leur majorité peuvent sombrer d'une semaine à l'autre, la France, qu'ils pilotent depuis bientôt dix ans, est quasiment en faillite, mais ils pensent qu'ils sont la solution d'avenir que les Français attendent...