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La colère des parents de Quentin, rugbyman fauché par un chauffard récidiviste

© Photo donnée par la famille
© Photo donnée par la famille
« La société ne le punira pas assez… » Dix mois après la violente collision qui a coûté la vie à Quentin, son fils, Philippe Gobet, ne cache pas sa colère. Fin juin, il a appris que l’homme qui a pris la fuite après avoir foncé dans la voiture de son fils cadet sera jugé le 16 juillet prochain par le tribunal de Niort. À quelques jours de l’audience, le père de famille ne se fait pas d’illusions. Le chauffard « encourt au maximum dix ans de prison et 150.000 euros d’amende. On sait comment ça marche… Dans cinq ou six ans, il sera à nouveau dehors. » Philippe Gobet entend donc faire entendre sa voix, celle d’un « Français honnête et travailleur qui n’intéresse personne ».

Alcoolémie et délit de fuite

Dix mois après les faits, l’émotion est toujours présente. Le 13 septembre 2024, aux alentours de 19 heures, Philippe Gobet reçoit un appel de sa belle-fille. « Elle me dit qu’ils ont eu un gros accident et que Quentin ne bouge plus », se souvient le père de famille. Avec son épouse, ils quittent leur domicile en catastrophe et partent pour Niort, où a eu lieu l’accident. En chemin, ils apprennent que leur fils a été transféré au CHU de Poitiers. « Arrivés sur place, on est reçus par un médecin qui nous apprend qu’ils n’ont pas réussi à sauver notre fils… », se remémore Philippe, avant de marquer un silence.

Quentin, 26 ans, avait la vie devant lui. Fiancé, il envisageait d’accueillir un enfant. Jeune rugbyman prometteur, formé au LOU Rugby, champion de France de Nationale en 2023 avec le Valence Romans Drôme Rugby, il avait rejoint l’équipe de Niort au poste d’arrière. Son rêve ? « Pourquoi pas intégrer l’ASM [club de Clermont-Ferrand en Top 14, NDLR] », imagine son père, lui aussi joueur de rugby. « C’était un jeune homme heureux. Il avait tout pour que ça aille bien. C’était un beau garçon, sportif accompli. Il était calme et posé », décrit avec fierté Philippe.

Rapidement après l’annonce du décès, les questions se bousculent dans sa tête. Que s’est-il passé ? Qui a tué Quentin ? Le chauffard a-t-il été interpellé ? Le lendemain, Philippe et son épouse se rendent au commissariat. « On apprend alors que la police vient de récupérer le tueur de notre fils à son domicile après un délit de fuite. Il était soûl… » Une prise de sang est réalisée, l’individu présenterait un taux d’alcoolémie d'un gramme par litre de sang, rapporte le père de Quentin. Avait-il bu avant de prendre le volant et de foncer à pleine vitesse (110 km/h, selon les constatations) dans la voiture qui était arrêtée derrière celle de Quentin, à un feu rouge ? Impossible à dire. « Pour se défendre, il va dire qu’il a bu après la collision et que s’il a fui, c’est parce qu’il a eu peur », regrette Philippe. Au terme de l’enquête, l’état d’ébriété n’a pas été retenu.

Une famille « usée »

Connu des services de police - « il a un casier long comme le bras », nous assure Philippe -, l’individu est mis en examen pour homicide et blessures involontaires et placé en détention provisoire. Une qualification honteuse pour le père de Quentin qui craint une remise en liberté rapide de l’individu responsable de la mort de son fils. « La nouvelle loi ne va pas assez loin non plus, souligne-t-il, à propos du texte adopté récemment pour sanctionner les « homicides routiers »Ils ont seulement changé le nom. » « Quoi qu’il arrive, on sera déçu par le procès… »

Dix mois après les faits, Philippe Gobet se dit « usé »« On a notre peine, mais en plus, il y a beaucoup trop de choses à gérer. On a eu beaucoup de difficultés à rapatrier le corps de notre fils après l’autopsie. J’ai eu peur de ne jamais revoir mon enfant… On doit faire face aux courriers des assurances. On a reçu une lettre du tribunal qui revient sur les circonstances de l’accident. J’ai mis plusieurs jours à m’en remettre… On n’est pas préparé à tout ça », énumère ce père de famille, qui a le sentiment d’avoir été « abandonné ».

Aujourd’hui, Philippe entend « se battre pour faire bouger les choses, même un tout petit peu. Je le dois à mon fiston… » Il a tenté d’interpeller son député, un élu Les Républicains, sans grand succès. « Il m’a dit qu’il nous comprenait, qu’on avait raison mais qu’il ne pourrait rien faire, se désole-t-il. Mais il faut que les choses changent ! »

Clémence de Longraye

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