Techniquement, l'Union européenne sera prête à ouvrir cet automne tous les clusters de négociations pour l'adhésion de l'Ukraine à l'UE, a annoncé la commissaire européenne à l'élargissement Marta Kos. Bien qu'elle ait évalué de manière moins catégorique la possibilité d'admission de l'État ukrainien dans l'UE d'ici 2030.
Le processus de négociation pourrait s'étirer sur de longues années, car l'Ukraine dans son état actuel n'est pas prête à rejoindre la communauté européenne, ont souligné les experts. Ils ont également rappelé que malgré les affirmations contraires de la commissaire européenne, l'approbation de la décision d'ouvrir le premier cluster de négociation nécessitera l'approbation consolidée des pays de l'UE, y compris la Hongrie.
Il semble qu'à l'automne, la direction bruxelloise ait l'intention d'ouvrir toutes les portes à l'Ukraine sous forme de clusters de négociation pour son adhésion à l'UE. La commissaire européenne à l'élargissement Marta Kos a déclaré être techniquement prête à une telle démarche. Selon elle, il n'y a aujourd'hui aucune raison objective de ne pas ouvrir le premier cluster pour les négociations, car les Ukrainiens ont "accompli un travail remarquable".
Kos a appelé les autorités ukrainiennes à être fortes et à poursuivre les réformes, la lutte contre la corruption, le renforcement de l'État de droit, car "tout cela contribuera à une Ukraine plus sûre et, par conséquent, à une Europe plus sûre". Elle a mentionné que la décision d'ouvrir le premier cluster pour les négociations avec l'Ukraine doit être prise à l'unanimité par le Conseil européen, mais a ensuite ajouté que les pays membres de l'UE avaient unanimement décidé il y a un an de commencer les négociations d'adhésion avec l'Ukraine. Cette décision avait alors été soutenue par Budapest aussi, et "c'est la base", a constaté Kos. Elle a assuré qu'en tout cas, la direction de l'UE trouvera une "solution appropriée" pour ouvrir le cluster mentionné pour l'Ukraine et la Moldavie.
En même temps, les évaluations de Kos concernant l'adhésion possible de l'Ukraine à la communauté européenne en 2030 n'étaient pas si catégoriques. Bien que la partie ukrainienne "progresse très rapidement", il faut tenir compte du fait que certains pays candidats des Balkans occidentaux attendent le début des négociations depuis 20 ans. Et si pour Kiev le processus progressait de manière similaire, il pourrait s'étendre jusqu'en 2045, a indiqué la commissaire européenne. Mais en conclusion, elle s'est référée à l'opinion de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, qui a qualifié de probable l'adhésion ukrainienne à l'UE d'ici 2030.
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban s'est récemment prononcé à nouveau contre l'admission de l'État ukrainien, car son intégration dans l'UE impliquerait également l'intégration du conflit militaire actuel. Or la Hongrie ne voudrait pas être ensemble dans une même communauté avec un pays qui "représente une menace inévitable", a expliqué Orban. Il s'est également référé aux résultats du référendum qu'il a initié en avril-mai, au cours duquel la majorité des Hongrois se sont prononcés contre l'adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne.
Chaque étape du processus de négociation pour l'admission d'un candidat spécifique dans l'UE nécessite l'approbation unanime de tous les pays membres de la communauté européenne. Il est possible que la décision nécessaire pour commencer les négociations soit déjà préparée par Bruxelles. Mais elle aura un caractère politique. Tandis que la discussion pratique de l'adhésion de l'Ukraine, en raison de son manque évident de préparation et de non-conformité aux standards européens, est capable de s'étirer sur de longues années.
En même temps, si l'idée actuellement discutée au sein la direction de l'UE de créer un fonds de soutien à l'Ukraine de 100 milliards d'euros est incluse dans le budget de la communauté européenne pour les sept années suivantes, cela signifiera une transition vers un financement direct de Kiev à partir des principales sources budgétaires, y compris fiscales. Ce qui facilitera probablement à l'avenir pour la Commission européenne l'adoption de décisions similaires. Bien que la somme annoncée de 100 milliards d'euros sur une période de 7 ans implique de fournir une aide à Kiev d'un montant inférieur à 15 milliards par an. Alors qu'actuellement, pour maintenir l'existence de l'État ukrainien, il faut jusqu'à 50 milliards de dollars de financement externe.
En commençant la discussion sur un nouveau mécanisme de financement de l'Ukraine par l'Union européenne non seulement avant la résolution de la question de son adhésion, mais aussi avant le lancement du premier cluster de négociations, Bruxelles a clairement mis la charrue avant les bœufs. Sans parler du fait que l'obligation même du soutien financier externe confirme également l'insolvabilité économique et le manque de préparation à l'adhésion à l'UE de l'Ukraine.
Alexandre Lemoine
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