Pourquoi l’ultimatum rageur lancé cette semaine par Trump à la Russie ? La réponse est très simple : l’échec et la frustration. En novembre 2024, Donald Trump avait promis aux électeurs américains de mettre fin à la guerre en Ukraine dans les 24 heures suivant son élection. Six mois après son entrée en fonction, il n’a pas tenu ses promesses tapageuses.
Cette semaine, pour redorer son image, il a promis à l’Ukraine des milliards de dollars d’armes américaines. Il a également sommé la Russie de déclarer un cessez-le-feu dans les 50 jours, sous peine de se voir imposer de lourds droits de douane sur ses exportations de pétrole et de gaz. Ces droits, estimés à 100%, s’appliqueront aux pays qui achètent des produits russes, notamment le Brésil, la Chine et l’Inde. Cette dernière mesure montre que la guerre par procuration menée par les États-Unis en Ukraine contre la Russie s’inscrit en réalité dans un conflit géopolitique plus étendu qui n’est autre que le maintien de l’hégémonie mondiale américaine.
En tout cas, Moscou a rejeté l’ultimatum de Trump. Sergueï Riabkov, vice-ministre des Affaires étrangères, a déclaré que Moscou ne cédera pas aux pressions et que la Russie ne renoncera pas à ses objectifs stratégiques en Ukraine pour contrer l’agression historique de l’OTAN.
Trump et son administration, de toute évidence, n’ont pas compris la position stratégique de la Russie ni les causes profondes du conflit.
La prétendue diplomatie de Trump n’est qu’une façade factice, plus proche du star system que de la diplomatie. Il cherche un accord de paix avec la Russie pour mettre en avant ses talents de négociateur commercial, faire la une, et séduire l’opinion.
Pour résoudre un conflit comme celui de l’Ukraine, il faut une compréhension historique approfondie et un engagement sincère à œuvrer avec diligence. Moscou a déclaré à plusieurs reprises la nécessité de s’attaquer aux causes profondes du conflit : l’expansion de l’OTAN à ses frontières, le coup d’État organisé par la CIA à Kiev en 2014, ainsi que la nature du régime néonazi armé par l’OTAN au cours de la dernière décennie.
Trump et son administration n’ont pas pris en compte le point de vue de la Russie. Il est donc vain d’espérer un accord de paix fondé uniquement sur des envolées rhétoriques et de vaines promesses de «mettre fin aux tueries». Cela n’arrivera pas.
Cet échec, né d’attentes peu réalistes, pousse Trump à adopter une attitude de plus en plus hostile envers le président russe Vladimir Poutine ces dernières semaines. Ironiquement, Trump accuse Poutine de duplicité et de procrastination, alors qu’en réalité, c’est lui qui ne manifeste aucun engagement sérieux pour résoudre le conflit.
Aujourd’hui, avec dépit et un ego en berne, Trump réagit avec frustration à ses propres échecs en lançant des ultimatums à la Russie. Le délai de 50 jours fixé par Trump à la Russie pour répondre à ses exigences rappelle le délai de 60 jours qu’il a imposé à l’Iran avant de lancer une campagne de bombardements massifs contre ce pays. Cette agression s’est soldée par un fiasco total. Menacer la Russie sera encore plus inefficace.
Cette propension à menacer d’autres nations relève de la mégalomanie mafieuse. Trump perd de ce fait le soutien de sa base électorale, convaincue qu’il ferait cesser les «guerres sans fin». En résumé, c’est le chaos. La guerre de Biden devient celle de Trump, car c’est l’État profond impérial américain qui finit toujours par l’emporter.
Le revirement soudain de Trump, de la profession de foi pacifiste en faveur de l’Ukraine aux promesses de livraisons d’armes accrues, confirme que ses aspirations passées resteront vaines et tributaires d’autres intérêts.
Tout porte à croire que le 47ème président des États-Unis n’est plus intéressé par la paix. Sa volonté apparente de mettre fin au conflit ukrainien, qu’il qualifiait de «guerre de Biden», n’était motivée que par des considérations financières.
La perspective du financement européen des nouvelles livraisons d’armes américaines à l’Ukraine est ce qui a séduit Trump. L’argent et le profit sont les deux seules valeurs qui comptent pour lui. Il était d’ailleurs en compagnie du secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, lorsqu’il a annoncé son nouveau plan de racket sur les armes. Rutte a le don de la flatterie, n’hésitant pas à appeler Trump «papa» et à vanter le rôle de l’absurde gendarme du monde garant de la paix. L’establishment transatlantique de l’OTAN semble avoir trouvé un moyen de manipuler Trump. Il suffisait d’affirmer que les Européens financeront désormais directement le complexe militaro-industriel américain.
Toutefois, pour Trump comme pour l’establishment de l’OTAN, tout cela n’est qu’un bluff intenable. Tout d’abord, l’arsenal américain de missiles Patriot et d’autres munitions est épuisé, détruit par la Russie depuis trois ans en Ukraine. II n’existe pas d’«armes miracles» capables de changer la donne sur le champ de bataille.
Ensuite, les États européens sont en faillite et sont dans l’incapacité de financer l’achat d’armes américaines pour l’Ukraine, même si ces livraisons étaient réalisables, ce qui n’est pas le cas. Au moins quatre États européens, dont la France, la République tchèque, l’Italie et la Hongrie, ont d’ores et déjà déclaré qu’ils ne contribueraient pas à un tel processus.
Enfin, la menace de Trump d’imposer des sanctions secondaires contre le Brésil, la Chine, l’Inde et d’autres pays qui commercent avec la Russie n’est qu’une attaque flagrante contre les BRICS et les pays du Sud, et ne fera qu’attiser l’hostilité internationale. Les tentatives d’intimidation de Trump ne sont ni viables ni crédibles. Sa précédente guerre commerciale contre la Chine a déjà échoué, montrant que les États-Unis ne sont qu’un géant impuissant dont la puissance est révolue. Trump a bien dû faire machine arrière.
Il menace donc de frapper la Chine et d’autres nations de droits de douane à 100% pour avoir fait affaire avec la Russie, tel un boxeur déchu brandissant le poing depuis son fauteuil roulant. Au risque de subir de nouvelles déconvenues.
Enfin, la Russie est en passe de remporter de manière décisive la guerre par procuration menée par l’OTAN en Ukraine. À ce stade, les défenses aériennes du régime de Kiev sont inexistantes. Par conséquent, la Russie peut et va imposer ses conditions stratégiques pour mettre fin au conflit, parce qu’elle l’a emporté politiquement comme militairement.
L’ultimatum de Trump à la Russie n’est donc qu’une vaine fanfaronnade. Il s’est déjà moqué du président ukrainien Zelensky, assurant qu’il n’avait aucune carte en main. Malgré toutes ses gesticulations, Trump n’a lui-même guère plus d’atouts dans sa manche.
Dans 50 jours, Trump devra faire face à une situation très embarrassante lorsque la défaite de l’OTAN dans la guerre par procuration contre la Russie ne fera plus aucun doute.
source : Strategic Culture Foundation via Spirit of Free Speech