En attaquant frontalement les retraités qui auraient profité du système, M. Bayrou s’est livré non seulement à une généralisation hasardeuse et à la stigmatisation d’une catégorie, tout en s’excluant de ce groupe des boomers dont il fait pourtant partie.
Ainsi donc, les boomers « ordinaires » se gobergeraient aujourd’hui sur le dos des générations montantes et cela grâce aux conditions favorables des Trente Glorieuses : c’est aller un peu vite en besogne car tous les retraités d’aujourd’hui ne roulent pas sur l’or et beaucoup ont commencé leur activité avant l’âge de 15 ans pour la terminer à 60, sans profiter pleinement des 35 heures…
Il existe cependant une autre catégorie de boomers, pire que les autres, je veux parler du boomer politique, celui qui a fait quasiment toute sa carrière dans la vie publique, sautant d’un mandat à un autre, les cumulant parfois au prix d’une certaine flexibilité dans les convictions et surtout oublieux des décisions qu’il a pu prendre ou ne pas prendre et qui lui ont permis de se maintenir malgré les crises de toutes natures qu’il n’aura jamais voulu arbitrer à partir du moment où cela aurait pu nuire à sa carrière. Nous sommes désormais face au prix de ces comportements peu responsables.
Alors sur qui taper ? Les retraités sont montrés du doigt, mais aussi les actifs dont le filet social à tendance à se distendre. Les rentiers, les riches ? N’y pensez pas, ils quitteraient le pays. Les niches fiscales, pareil…
Il n’y a qu’une seule catégorie, absente du débat, qui se fait très discrète et pourtant à l’origine de l’explosion de la dépense publique, je veux parler de la classe politique, celle dont les élus votent les budgets en déficit depuis 1974, et gèrent le système très coûteux des collectivités territoriales avec ses doublons administratifs et ses choix d’investissements pas toujours pertinents.
Je ne ferai pas la même erreur que celle commise par M. Bayrou, en stigmatisant un groupe, en l’espèce les élus locaux, mais un système politique verrouillé servant d’incubateur aux jeunes pousses politiques recrutés par les exécutifs locaux, payées par le contribuable local, qui deviendront les boomers politiques de demain et commettront les mêmes erreurs.
Les partis politiques, quels qu’ils soient, depuis qu’ils ont perdu leur socle populaire, font fonctionner ce système très coûteux et s’opposent bec et ongles à la réforme pourtant nécessaire des collectivités territoriales en tenant le corps électoral, en le flattant et en lui cachant les enjeux réels.
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