Le climat était logiquement électrique, ce 10 septembre, et il n’a pas fini de se tendre, autour d’Ursula von der Leyen.
Comme l’a annoncé Jordan Bardella lors de son propos au Parlement européen, une nouvelle motion de censure sera déposée au Parlement européen, ce 11 septembre 2025. Une procédure rare, élaborée cette fois sous la houlette de Bardella et du député européen RN, chef de la délégation française au sein du groupe des Patriotes européens, Jean-Paul Garraud. Déjà, début juillet, la présidente de la Commission avait fait l’objet de cette procédure de la part de 75 députés européens, pour la plupart issus du groupe des Conservateurs et Réformistes (ECR, le groupe de Giorgia Meloni ou de Marion Maréchal). Cette motion de censure portait notamment sur la polémique visant les achats de vaccins. Le Parlement de Strasbourg avait rejeté ce texte le 10 juillet dernier par 175 voix pour, 360 contre et 18 abstentions (sur 720 élus, au total), loin de la barre requise des deux tiers des suffrages exprimés.
Accusations graves
Cette fois, la motion de censure des Patriotes, que BV s’est procurée, balaie l’écologie et l’immigration mais se concentre surtout sur le fameux accord du Mercosur, redouté non sans raison par nos agriculteurs. Contrairement au texte de la précédente motion, celui-ci est court, très structuré et très juridique. Mais il appuie là où cela fait mal. Les signataires accusent von der Leyen d’œuvrer tout simplement contre les intérêts des nations européennes, de sacrifier le luxe, le vin et les spiritueux français – rares secteurs dans lesquels la France résiste encore – aux intérêts de l’industrie automobile allemande. Une accusation lourde, grave… et étayée.
La motion fait d’abord le constat, vérifiable, de la faillite d’une institution présentée jusqu’à aujourd’hui comme un indispensable atout dans la mondialisation… « Considérant qu'en raison des politiques écologiques malavisées de la Commission européenne, la compétitivité et la croissance économique européennes sont en déclin constant, que la position de l'Europe sur le marché mondial diminue... », commencent les auteurs. Des éléments que chacun peut étayer des chiffres officiels ou des propos d’entrepreneurs comme le patron de LVMH Bernard Arnault. Après les résultats, la motion met en cause sans gants la loyauté de von der Leyen. « Ces dernières années, la Commission européenne a violé à plusieurs reprises l'exigence de transparence dans ses processus décisionnels et outrepassé ses compétences, portant gravement atteinte à la souveraineté nationale et à la confiance des citoyens dans l'Union européenne », poursuit le texte. Elle accuse encore la présidente de la Commission d’avoir orchestré une trahison pure et simple des agriculteurs et éleveurs français et européens, assortie d’un viol de la représentation nationale. « La Commission européenne a procédé unilatéralement à la signature de l’accord Mercosur en décembre 2024, ignorant l’opposition forte et répétée de plusieurs Parlements nationaux, de ce Parlement et des agriculteurs et éleveurs européens. » La motion met ainsi des mots sur cette politique qui finira de ruiner les vastes zones dévolues à l’élevage en France (en gros, le très grand centre de la France) par une « concurrence déloyale qui met en danger les moyens de subsistance de milliers d’agriculteurs et d’éleveurs européens ».
« Incapacité persistante »
Enfin, le texte attaque l’accord sur les droits de douane conclu sans transparence avec les États-Unis : « Les engagements pris par la Commission demeurent vagues et ambigus. » Résultat ? « Cet accord est contraire aux intérêts de l'Union européenne et de ses citoyens. » On avait rarement résumé en si peu de mots et en quelques exemples la nocivité du boulet européen. Les signataires constatent finalement « l'incapacité persistante de la présidente de la Commission européenne à faire face aux défis les plus urgents ».
Cette motion de censure va circuler auprès des parlementaires, avant un vote en octobre, lors de la session plénière. Disons-le, elle a peu de chance d’emporter les deux tiers des voix nécessaires à la destitution de la Commission et de ses hiérarques. Mais elle mettra les points sur les i, secouera une fois de plus un pouvoir de moins en moins démocratique et… mettra au pied du mur le puissant PPL (centre droit) au Parlement européen qui compte, notamment, le député européen LR François-Xavier Bellamy.