Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Crise politique ou basculement vers une droite nouvelle ? – Par Bruno Mégret

Crise politique ou basculement vers une droite nouvelle ? – Par Bruno Mégret

La France est aujourd’hui plongée dans une situation de confusion totale, et il est légitime d’en faire porter la responsabilité à Emmanuel Macron, un président qui n’a jamais vraiment exercé sa fonction, ignorant totalement ce qu’est la politique au sens noble du terme. En huit années, il n’aura produit que du vent, ridiculisant notre nation à l’étranger et semant le désordre à l’intérieur du pays. Mais l’ensemble de la classe politique, on le voit actuellement, est également responsable de ce chaos. Elle l’est par sa médiocrité, le caractère pitoyable de ses arguments, ainsi que par le sentiment que donne chaque groupe d’agir pour ses propres intérêts électoraux. Quant à la remise en cause de la loi sur la mini-réforme des retraites, qui semble être au cœur des discussions de sortie de crise, elle est dérisoire face à l’ampleur des fléaux qui menacent la survie même de notre nation.
Bruno Mégret

Une vaste recomposition politique

Il est temps de prendre de la hauteur si l’on veut comprendre la nature des événements qui ont provoqué ce chaos. En réalité, nous sommes en train d’assister à une recomposition politique de grande ampleur. L’antagonisme qui opposait dans le passé la gauche égalitariste et collectiviste à la droite libérale et conservatrice a disparu pour donner naissance à un nouvel antagonisme dans lequel se font face, d’un côté, une droite nouvelle, défenderesse de notre identité nationale et civilisationnelle, et de l’autre, une gauche nouvelle, mondialiste et immigrationniste.

Le PS et LR s’effondrent, le RN s’envole

Cette nouvelle donne idéologique a commencé à se traduire électoralement lors des dernières élections présidentielles par la quasi-disparition du Parti socialiste comme du parti Les Républicains (LR). Dans le même temps, le RN, on l’a constaté à l’occasion des derniers scrutins, gagne des points et atteint des scores records en augmentation constante.
Cette progression spectaculaire est la conséquence du basculement idéologique qui, tout en fermant la porte aux acteurs de l’ancien clivage, a créé, pour les partisans de la défense de notre identité et de l’arrêt de l’immigration, un espace électoral considérable — un espace dont le Rassemblement national a pu bénéficier mécaniquement, sans effort particulier, puisqu’il était marqué du sceau indélébile anti-immigration forgé il y a plusieurs décennies déjà.

Un nouvel antagonisme

Comme nous l’avions annoncé dès 1990, la petite alternance entre le PS et le RPR devait céder la place à une grande alternance entre le FN et la classe politique. C’est ce qui est en train de se produire et qui a conduit le RN au cœur du nouvel antagonisme. De l’autre côté, l’ancienne classe politique, surprise par ce bouleversement, y fait face avec difficulté.
On voit cependant que le parti idéologiquement et fondamentalement opposé au RN est, à l’évidence, LFI, qui, avec tout ce qui le rend détestable, incarne l’autre branche de la nouvelle alternative : celle de l’immigration massive, de la « créolisation », voire du remplacement de notre peuple et de la déconstruction de notre nation et de notre civilisation.
LFI n’est pas encore un grand parti, mais il est dynamique, porteur d’une vision — odieuse mais cohérente politiquement — et, s’il persévère dans la ligne qui est la sienne, il pourra devenir la force que rejoindront les immigrés.
On peut craindre, en effet, que les musulmans ayant la nationalité française et s’intéressant de plus en plus à leur destin propre au sein de notre pays ne veuillent s’engager politiquement, et que les plus radicaux d’entre eux rejoignent la France insoumise, celle-ci ne pouvant dès lors que monter en puissance.

La crise comme conséquence du basculement idéologique

Ce grand basculement idéologique n’a pas encore produit tous ses effets, car si le RN et LFI sont bien positionnés dans le nouveau clivage, il n’en est rien du reste de la classe politique, qui constitue un troisième bloc au centre, formé de la macronie et des deux anciens partis de gouvernement (considérant les écologistes comme déjà alliés à LFI et le PC comme inexistant).
Dans ces conditions, la crise actuelle n’a rien à voir avec les institutions, lesquelles demeurent, à mon avis, dans leur intégrité essentielle à la stabilité de la nation. La crise vient en réalité de l’existence de trois blocs pour l’instant irréconciliables, qui empêchent arithmétiquement de constituer une majorité solide.
Cette configuration n’existe toutefois que parce que nous sommes dans une période transitoire de mise en place du nouvel axe structurant de la vie politique. Les partis du bloc central vont en effet devoir se prononcer et rejoindre l’un ou l’autre des deux camps : la défense de notre nation et de notre civilisation, ou la construction d’une autre société reposant plus sur l’islam que sur la tradition chrétienne et la culture française.

Une majorité pour la droite nouvelle

En l’état, cependant, on voit mal le parti Les Républicains, tel qu’il est représenté à l’Assemblée nationale, s’entendre avec le Rassemblement national et s’allier à lui comme l’a fait Éric Ciotti. Mais le pas que ne voudront pas franchir les députés LR, leurs électeurs peuvent le faire en votant directement pour le RN ou le parti de Ciotti.
Il en va de même pour les élus de la macronie qui se sont déjà libérés de Macron et dont les éléments droitiers pourront rejoindre la droite nouvelle, eux ou leurs électeurs.
La crise actuelle pourrait donc aboutir à une recomposition complète de la scène politique, qui devrait conduire les LR et une bonne partie des macronistes à rejoindre la droite nouvelle, les autres se rapprochant de la gauche nouvelle, laissant au centre un noyau résiduel.
Dans une telle perspective, des majorités de gouvernement pourraient se constituer assez facilement du côté de la droite nouvelle, dont les idées sont plus que majoritaires dans le pays.
La sortie de crise ne sera pas pour autant immédiate, car l’achèvement de cette recomposition ne peut s’accomplir qu’à travers de nouveaux scrutins.

Un programme économique plus réaliste

Cette analyse, qui montre que le RN est maintenant aux portes du pouvoir, devrait, me semble-t-il, le pousser à adopter une politique économique et sociale plus réaliste, visant à réduire les dépenses publiques et à alléger les charges et la réglementation qui pénalisent gravement les entreprises.
Des dispositions qui devraient relancer l’économie et augmenter, en conséquence, le niveau de vie des Français, c’est-à-dire leur pouvoir d’achat — un pouvoir d’achat qui ne peut pas être augmenté artificiellement par des bonus, des distributions de chèques ou des avantages divers, tous financés par l’État, un État qui doit aussi assainir les finances publiques.

La disparition du cordon sanitaire

Du côté de LR, il est temps, comme certains commencent à le faire, de reconnaître ce nouvel état de fait, de renoncer au cordon sanitaire et de soutenir le RN ou de s’allier avec lui, comme l’a fait Éric Ciotti.
Un repositionnement qui serait plus facile si le RN faisait subir au projet de retraite à soixante ans le même sort qu’à la sortie de l’euro, dont on n’a plus entendu parler.
L’achèvement de cette reconfiguration de la scène politique, après une dissolution ou à l’occasion de la prochaine présidentielle, permettra donc de sortir de la crise, puisque la droite nouvelle devrait être largement majoritaire, soit sous la forme d’une majorité absolue pour le RN, soit avec le renfort de tout ou partie de LR.
Si, de surcroît, cette nouvelle majorité s’accorde sur les mesures de rupture nécessaires pour stopper l’immigration, restaurer la sécurité, relancer l’économie, rétablir l’excellence à l’école et agir pour une refondation de l’Union européenne, la France devrait pouvoir amorcer un redressement.

Il y a certes beaucoup de conditions à réunir pour qu’un tel scénario se concrétise. Mais il existe une voie, et donc un espoir !

Bruno Mégret 11/10/2025

https://www.polemia.com/crise-politique-ou-basculement-ideologique-par-bruno-megret/

Écrire un commentaire

Optionnel