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Lecornu accouche de Lecornu II, Marine Le Pen accélère, Macron fuit en Égypte

Laurent Nunez
capture X CNews
Avec un sens du timing qui tient du théâtre de Guignol, Emmanuel Macron vient de donner sa bénédiction à un nouveau gouvernement. Il était temps, son avion décollait pour l’Égypte.

La nouvelle équipe qui prend la barre en France sent l’effort.

On a tenté de donner le change. Dans un dernier sursaut de survie, la Macronie au pouvoir depuis huit ans a suivi le sens du vent. On retrouve dans la nouvelle équipe un cocktail fadasse de tous les conseils entendus un peu partout. À ceux qui voulaient la stabilité, Emmanuel Macron et son fidèle Premier ministre apportent, ce dimanche soir, Dati, Barrot et Darmanin, qui conservent leur poste. Barrot n’avait pourtant pas vraiment brillé, ces derniers temps, mais le Président ne trouvera que difficilement aussi soumis. Joie : on retrouve aussi Amélie de Montchalin et Aurore Bergé. À ceux qui souhaitaient un peu de changement mais pas trop, pour donner l’illusion du mouvement, Lecornu II propose certains mouvements de portefeuilles : Catherine Vautrin bondit du ministère du Travail à celui des Armées et Naïma Moutchou du Numérique aux Outre-mer.

À ceux qui rêvaient d’un gouvernement « technique », Lecornu et Macron apportent sur un plateau le scalp du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, effacé de Beauvau pour le visage du préfet de police de Paris Laurent Nuñez, qui fut secrétaire d'État de Castaner. Dans le bataillon des techniciens, on remarque l’arrivée de l’ancien patron de la SNCF Jean-Pierre Farandou, nommé ministre du Travail et des Solidarités, et d'un illustre inconnu à l'Éducation nationale, le conseiller d'État Édouard Geffray, septième ministre de l'Éducation nationale depuis 2022... La nouvelle équipe provoquera un nouveau drame chez les LR : Vincent Jeanbrun, ancien assistant parlementaire de Valérie Pécresse, ancien maire de L’Haÿ-les-Roses, député LR de la 7e circonscription du Val-de-Marne depuis juillet 2024, devient ministre de la Ville et du Logement. Il sera exclu par les instances de son parti pour sa participation à ce gouvernement… lequel ressemble pourtant comme un frère de lait au précédent, celui dont Retailleau était un membre éminent. Il faut suivre...

Le passé refuse de passer

Ce nouveau soubresaut de la Macronie à bout de souffle abuse-t-il encore quelques rêveurs égarés ? Il n'impressionne en tout cas pas Marine Le Pen, guère disposée à la mansuétude envers ce bataillon de rescapés des massacres précédents. La patronne du groupe RN à l'Assemblée a le sens de l'accueil. « Comme nous l’affirmons depuis plusieurs jours, le gouvernement sera censuré par le Rassemblement national et nos alliés de l’UDR », promet-elle, dans la lignée de ce qu’elle annonce depuis plusieurs semaines. Ça ne traînera pas. « Nous déposerons dès demain une motion de censure contre celui-ci [ce nouveau gouvernement, NDLR]. Le président de la République doit annoncer au plus vite la dissolution de l’Assemblée nationale pour permettre au peuple français de s’exprimer et de se choisir une nouvelle majorité de rupture qui, à n’en pas douter, sera dirigée par Jordan Bardella. »

Qui se réjouira, en France, de la nomination de ce gouvernement, sinon parce qu’il met fin à une situation impossible ? Qui affichera de l’enthousiasme pour Lecornu II ? Et surtout, combien de temps tiendra la nouvelle équipe ? Le passé parfois refuse de passer. Cela ne dure jamais.

L'accélération et l'optimisme de Marine Le Pen se nourrit des derniers signes positifs. Ce dimanche soir, le camp national se frottait les mains : « Félicitations à Pierre-Henri Carbonnel, candidat d’Éric Ciotti et de l’alliance RN-UDR qui a battu ce soir la candidate socialiste, soutenue par les macronistes et LFI dans la législative partielle du Tarn-et-Garonne, a écrit, dimanche soir, la même Marine Le Pen qui consacre à cette nouvelle autant de mots qu’au nouveau gouvernement. Loin de la tambouille politicienne des partis du système qui tentent par tous les moyens de retarder le retour aux urnes, les Français gardent les idées claires. L’alternance est inéluctable et rien ne pourra l’empêcher. »

Pas sûr que Lecornu II serve de rempart à une bascule qui semble chaque jour plus inéluctable que la veille. Et à l'élan d'une Marine Le Pen portée par les sondages et que rien ne semble, pour l'instant, freiner dans sa course. Le voyage de Macron restera peut-être dans les annales comme... la fuite en Égypte.

Marc Baudriller

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