par Rodolf Hertig
La pensée en France est devenue d’une bassesse et d’un tel binaire que c’en est presque risible si ce n’était pas si triste. Pour citer Dostoïevski ou au moins le paraphraser : « Un jour viendra où les gens seront si bêtes que les hommes intelligents seront sommés de se taire pour ne pas les offusquer ». Je crois bien que nous sommes arrivés à ce fameux « jour ». On oppose tradition et progrès, on oppose social et marché, on oppose Dieu et la science, on oppose toutes ces choses et d’autres encore sous prétexte que les partis politiques représentant ces idées sont opposés. Mais à quel niveau de bêtise sommes-nous tombés ?
Les plus grands scientifiques de ce siècle et de tous les précédents étaient a minima déistes s’ils n’étaient pas juifs, catholiques ou protestants. Si ces grands hommes ont su concilier la science et Dieu, pourquoi devrions-nous, nous, les opposer ? Quand j’étais petit, on m’avait indiqué de faire davantage confiance aux gens forts mais justes, au gens valeureux, au gens loyaux, aux gens précis, nuancés… des traits qui assurément ne décrivent pas la masse, mais alors pourquoi s’y soumettre ? Une contradiction apparente ne peut-elle plus aujourd’hui être levée avec un peu de réflexion guidée par le bon sens ? Ou bien sommes-nous réduits aux diktats de la bêtise ?
Il en va de même avec le social et l’économie. Nos bons rois ont toujours cherché à fonder et prôner une économie au service du bien commun en veillant ardemment à ne pas heurter leur peuple ou, du moins, le moins possible. Il n’y a pas, ici non plus, de contradiction finalement. Ce n’est que lorsque l’on laisse la médiocrité, l’appât du gain et l’intérêt personnel au pouvoir que cela se découvre. Sinon, le simple bien commun veille à l’équilibre de ces deux réalités. La république et nos politiques sont-ils si médiocres qu’ils ne seraient pas à même d’œuvrer pour le bien de leurs peuples tout en sachant adroitement naviguer économiquement ? Et ceci toujours dans l’intérêt de notre souveraineté, de la nation et de notre puissance ? N’y a-t-il que si peu chez eux ? Ont-ils simplement oublié l’amour de la France ? Ils n’œuvrent que pour leur petite personne comme des enfants qui se disputent le seau dans un bac à sable…
Enfin, la tradition et le progrès. Pourquoi les opposer ? N’y a-t-il pas du bon, du sain et du saint dans notre histoire, nos mœurs et notre terroir ? La France doit-elle vraiment être sacrifiée sur l’autel de la diversité ? Ne puis-je point aller à la messe le dimanche, voir ma grand-mère à midi et utiliser un téléphone le soir, utiliser mon ordinateur ou mon casque VR ? Faut-il pour être un vrai progressiste renier tout, même la nature, au motif que certains ont décidé qu’un seul progressisme était valable et supplantait tous les autres ? Pourquoi si peu de diversité de pensée dans une idée qui prétend en être le parangon ? Nos esprits auraient-ils tant flanché ? Nos peuples auraient-ils tant perdu de leur superbe ?
Ne peut-on être technophile et moral, aimer la science et adorer Dieu, croire en la France et œuvrer à son avenir, transmettre à son fils et aider sa grand-mère, aimer sa femme et s’entendre avec son collègue ? Qu’est-ce donc que ce monde dénaturé, ce peuple abêti, cette binarité crasse ? Sommes-nous si éteints que nous ne pouvons briller ? Sommes-nous vraiment si lâches que même l’évidence nous semble indépassable ? La caverne, les ombres, la lumière, Platon ? Pourquoi ne pas simplement retrouver nos esprits et sortir de cette répugnante torpeur…