Dans son « chemin de croix », ainsi qu’il décrit son emprisonnement, Nicolas Sarkozy a emporté, parmi ses livres, le Jésus de l’historien Jean-Christian Petitfils. L’ancien président de la République, incarcéré hier à la Santé, a promis d’écrire sur son calvaire. Espère-t-il, dans cette épreuve, une résurrection politique ? « Ils ont voulu me faire disparaître et ils m’ont fait renaître », a-t-il expliqué au Figaro. Sarkozy a déjà réussi un premier miracle : il a renversé la charge de la honte. Mardi, à 9h39, c’est la victime d’un « scandale judiciaire » qui a franchi, en voiture officielle suivie d’un cortège de motards de la police et des télévisions, les portes de la maison d’arrêt.
L’appel de son jugement (blog du 26 septembre) faisant de lui un présumé innocent incarcéré, les juges vont avoir à répondre devant l’opinion de leur choix discrétionnaire d’une humiliante exécution provisoire, décidée pour un délit de sale gueule (association de malfaiteurs). Présidant à la rédaction du Code civil de 1804, Napoléon avait mis en garde contre « la tyrannie de la loi et l’arbitraire du juge (qui) sont les deux plus grands abus qu’on puisse craindre dans un gouvernement. » Dans leur abus de pouvoir, les juges ont puni Sarkozy en dépit d’une absence reconnue de preuves. Ils sont les vainqueurs immédiats d’un homme qui les a beaucoup méprisés. Cependant leur manque de discernement, s’il ravit les coupeurs de têtes, risque de hausser l’ex-président en martyr d’un système déboussolé.
Dans le tome III de ses Mémoires de guerre, Charles de Gaulle avait choisi de mettre en exergue ce vers de La Chanson de Roland (XI e siècle) : « Moult a appris qui bien conut ahan » (« A beaucoup appris celui qui a beaucoup souffert »). En faisant subir à Sarkozy de telles charges infamantes, si mal argumentées de surcroit, la machine judiciaire est en train de faire de lui un héros grandi par l’adversité. D’ailleurs le prévenu, isolé dans une cellule de 9 m2, fait preuve d’une incontestable dignité. Mais, ce faisant, les juges enterrent, sous d’inutiles leçons de morale, les vrais griefs qui auraient pu être portés contre celui qui participa à maltraiter la démocratie. C’est Sarkozy qui a décidé de tourner le dos au référendum de 2005 et au choix des Français de refuser à 55% la constitution européenne, pour imposer avec le traité de Lisbonne une organisation supranationale indifférente aux peuples et aux nations. C’est lui qui, en 2008, eut cette idée dangereuse d’inscrire la Diversité dans le préambule de la Constitution, avant d’en être dissuadé par Simone Veil évoquant les risques de communautarisme. C’est lui qui voulut imposer le métissage à marche forcée et qui choisit, en s’ouvrant à la gauche, de trahir de nombreux électeurs de droite. Lui encore qui a permis au Qatar de développer en France son « soft power » tout en finançant dans les banlieues les frères musulmans. Mais grâce aux juges qui ont voulu maladroitement sa peau, Sarkozy peut espérer sa vengeance, au nom de sa légitime défense. Il a pris aussi, dans son embastillement, Le Comte de Monte Cristo. Un symbole.
Mes interventions de mardi sur Ligne Droite (8h45-8h50) et CNews (14h-15h)
https://blogrioufol.com/ces-juges-qui-font-de-sarkozy-un-heros/