
Quel spectacle pathétique, quel Vaudeville pitoyable, quels acteurs lamentables. Le débat sur le budget 2026 nous permet de mesurer jusqu’à quel niveau de médiocrité incroyable sont tombés tous les acteurs de cette lamentable comédie. Pas étonnant qu’une partie de plus en plus grande de la population n’ait que haine et mépris pour l’essentiel de cette classe politique arrogante et suffisante, mais surtout totalement incompétente qui est en train de plonger notre pays dans les tréfonds d’une crise économico-politique dont nous aurons bien du mal à nous remettre. L’affaire avait déjà mal commencé il y a 8 ans lorsque le « Mozart de la finance » fut élu président. À ce jour son bilan est certainement le plus catastrophique de toute la Ve République.
Pour ne prendre qu’un exemple, De Gaulle refusait que le budget de la France soit déficitaire. Il exigeait qu’il soit à l’équilibre. Ce n’est qu’à partir de 1974 (sous la présidence de Giscard) que les déficits ont commencé et ne se sont jamais arrêtés depuis. Il s’est toujours trouvé une majorité, de droite ou de gauche ou les deux ensemble pour laisser cette dérive se poursuivre. Et sur ce plan, le pire aura été Macron qui restera dans l’histoire comme celui ayant généré l’augmentation de déficit la plus effrayante. À sa prise de fonction en 2017, la dette du pays était de 2281 milliards d’euros. Aujourd’hui, grâce à son action des plus clairvoyantes la dette de la France s’élève à 115,6 % du PIB selon l’Insee, soit 3416 milliards d’euros. Donc, cela porte le total de notre dette accumulée depuis le début de l’ère Macron à 1135 milliards d’euros, c’est à dire une augmentation de 50 %. Et cela va sans doute continuer jusqu’en 2027. Pas mal pour un « Mozart de la finance » ! Imaginez si De Gaulle pouvait voir cela. Le pauvre s’effondrerait certainement sur le champ victime d’une attaque d’apoplexie. C’est dans ce contexte lunaire que se déroule sous le regard stupéfait et incrédule du pays une discussion délirante entre ceux qui se prétendent les représentants de la nation. Un véritable concours Lépine de la proposition la plus insensée ou la plus antisociale.
Du côté du gouvernement, c’est une avalanche fiscale et une fuite en avant des dépenses. Le budget Lecornu ne prévoit pas moins de 15 nouvelles taxes. Ce qui augmente les prélèvements obligatoires de 40 milliards et la dépense de 29 milliards. Rappelons qu’à ce jour la France est le pays le plus taxé au monde avec un montant de taxes équivalent à 43 % du PIB. Afin d’arriver à ses fins, pour ne prendre que deux exemples, Lecornu prévoit pour le paiement de l’impôt des retraités de supprimer l’abattement forfaitaire de 10 % et le remplacer par un abattement unique de 2000€. Une différence qui imposera en moyenne une augmentation théorique de revenu qui se traduira bien sûr par une augmentation des impôts dus par les retraités. Autre exemple, les franchises médicales (voir mon article du 21 octobre 2025). Des sommes en apparence minimes mais qui finissent par être conséquentes. À ce jour, c’est limité à 50€ par an. Lecornu se propose de doubler la somme, la passant à 100€ par an, y compris pour les citoyens en ALD (Affectation de Longue Durée) c’est-à-dire victimes de maladies normalement prises en charge à 100 %.
Inutile de citer toutes les augmentations que prévoit Lecornu, il suffit de prendre en compte que pour lui, il faut toujours plus de rentrées financières mais par contre il n’y a jamais de réduction des dépenses. Et justement, en matière de dépenses, la France a aussi un très grave problème. En effet, nous avons le taux de dépenses publiques le plus élevé au monde (57 %). Pourtant d’énormes économies seraient possibles et avant d’arriver à l’os en taillant dans le gras de l’État, il y a de la marge. C’est le moins qu’on puisse dire. Là encore, nous nous limiterons à deux exemples. Tout d’abord, il y a une nuée d’agences gouvernementales. Officiellement, l’État en compte 1200 (opérateurs et organismes divers), ce que De Gaulle appelait les comités Théodule, pour une dépense de plus de 80 milliards d’euros par an avec 458.000 agents et une masse salariale qui a une tendance exponentielle (25 milliards en 2012 qui monte à 30 milliards en 2017 pour atteindre 80 milliards en 2025). Au passage on n’oubliera pas de noter qu’avec Macron le coût de ces agences est passé de 30 milliards en 2017 à 80 milliards en 2025. C’est-à-dire presque le triple du budget de ces agences sous son heureuse conduite de son arrivée à maintenant. À la louche, il y a au moins la moitié, sinon les deux tiers de ces agences à supprimer, ce qui économiserait chaque année 40 à 60 milliards d’euros.
Le second exemple, vous l’aviez deviné, c’est l’immigration. Là le coût est pharaonique. Charles Prats, lorsqu’il était magistrat à la Cour des comptes a longuement étudié le sujet et publié plusieurs livres sur ce thème. Pour lui, si l’on fait le cumul du coût de l’immigration, des aides sociales reçues par les immigrés ainsi que des indemnisations du chômage, de la fraude sociale, de l’AME, du coût de l’entretien des étrangers qui sont en prison, etc. on arrive à la somme folle de plus de 100 milliards d’euros par an. Plutôt plus près de 150 que de 100. Certains spécialistes avancent même le chiffre de 200 milliards. Mais de manière étrange, il ne vient nullement à l’idée de Lecornu de baisser ces dépenses. Non, pour financer son budget, inutile de supprimer des agences qui ne servent à rien ou de faire baisser l’immigration. La solution, c’est de faire payer encore plus les Français. Et ce ne sont que deux exemples (agences et immigration), il y en a des tas d’autres, eux aussi totalement ignorés par le projet de budget du 1er ministre.
À gauche, ce n’est pas mieux. D’abord, rappelons comme je l’ai fait dans un récent article qu’il est stupéfiant de voir cette gauche qui a soutenue le passage de 62 à 64 ans et surtout qui a inventé et voté la Loi Touraine fixant le montant de la retraite en fonction du nombre de trimestres travaillés, en aggravant ce nombre régulièrement jusqu’en 2035. Après avoir fait cela, la gauche ose en demander l’abrogation et utilise cet argument pour faire du chantage à la censure à Lecornu. Vraiment cette gauche ne manque pas d’air et heureusement que les citoyens ont la mémoire courte sinon ceux qui se livrent à cette mascarade prendraient certainement des coups de pied dans le fondement accompagnés de quelques bonnes paires de claques… bien méritées.
Reste que cette gauche se distingue aussi par ses obsessions maladives. D’abord, comme la droite molle, la gauche ne semble pas connaître les mots « économie » ou « baisse des dépenses ». Pour eux, un budget ça doit augmenter. Ça ne peut pas baisser. Cela me fait penser aux militaires qui faisaient tourner les camions dans la cour des casernes pour consommer tout le carburant prévu par le budget, sinon l’année d’après il risquait d’avoir moins. Le second réflexe pavlovien de la gauche en matière de budget, c’est de répéter comme un orgue de barbarie : « Il faut faire payer les riches ». Ils se contrefoutent que les petites gens se fassent assassiner fiscalement. Ce qui compte c’est qu’ils puissent dire : « Nous avons fait plier la droite. Nous avons imposé de faire payer les riches ». Donc après l’ineffable tour de passe-passe sur le réforme des retraites, les voilà embarqués dans une nouvelle guerre picrocholine sur la taxe Zucman, qui cible les foyers fiscaux dont le patrimoine net dépasse 100 millions d’euros, ce qui concernerait environ 1800 foyers fiscaux. Les recettes estimées par Gabriel Zucman se situeraient entre 15 et 25 milliards d’euros par an. Donc cela ne résoudrait en rien les problèmes du pays, mais la gauche pourrait parader en disant « nous avons fait payer les riches »… en laissant tondre tous les autres, c’est-à-dire l’immense majorité. Pauvre gauche. Quelle médiocrité, quelle nullité. Ils sont à pleurer.
Face à ce théâtre de Guignol, avec une gauche et une droite en apparence opposées mais qui en vérité s’entendent comme larrons en foire, une voix se fait entendre. Celle de Sarah Kahfo (Reconquête!). À ceux qui ne la prendrait guère au sérieux, on rappellera qu’elle fut major de sa promotion à l’ENA. Elle est par ailleurs député européenne. Et que dit-elle ? Pour le formuler simplement, elle refuse de se situer dans la logique du débat tel qu’il se mène actuellement au sein du Parlement. Pour elle, il n’y a pas de tabou, pas de vache sacrée en matière budgétaire. Ses propositions sont sans ambiguïtés et vont droit au but.
Interrogée par le Figaro du 22 octobre 2025, elle déclare : « Je propose un contre-budget, qui diminue les prélèvements obligatoires de 20 milliards et les dépenses de 80 milliards. (…) On aura beau augmenter les impôts, tant que l’on ne baissera pas massivement les dépenses, la dette se creusera inexorablement. Et c’est prévu dans ce budget : une augmentation de la dette de 145 milliards cette année. On sait déjà que ce sera pire : on entamera 2027 avec 4000 milliards de dette. Pour éviter le naufrage, il faut refuser en bloc la logique des partis, du RN à LFI, qui taxent plus pour dépenser plus. Je propose exactement l’inverse : dépenser moins pour taxer moins. Cette philosophie est la seule qui n’est jamais été appliquée depuis quarante ans, alors qu’elle est la seule efficace. Pour cela, j’ai construit un contre-budget d’urgence : un mode d’emploi clé en main à destination des parlementaires qui entrent dans la discussion budgétaire. En voici les grandes lignes. »

Un beau pavé dans la mare qui permet aux Français de bien identifier le problème et en quoi tous les acteurs de ce débat surréalistes sur le budget 2026 sont à côté de la plaque. Cela fait des décennies qu’ils se passent le relais, creusant consciencieusement et toujours plus le déficit abyssal qui est le nôtre. Quant au chef d’orchestre, celui qui tient la baguette et dirige ce pauvre spectacle, avec cette initiative de Sarah Knafo il se retrouve tel le roi… tout nu, plus exactement en string ficelle.
Enfin, un dernier mot, pas pour tirer sur l’ambulance même si cela soulage une fois de temps en temps. Il va falloir que Lecornu trouve une majorité, si d’aventure tous ces élus finissent par trouver un terrain d’entente. Ce qui n’est pas du tout garanti. Et dans cette hypothétique majorité, les LR sont sur la corde raide. Sans leur soutien, Lecornu est perdu. Reste que cette discussion budgétaire pourrait bien être leur chant du cygne. Ils ont déjà frôlé l’explosion avec cette histoire de suspension de la retraite à 64 ans. En effet, ils avaient juré et craché : jamais ils ne voteraient une remise en cause de la réforme des retraites, déclarée à l’époque « essentielle pour l’avenir de la France ». La réforme a été suspendue par Lecornu, pour échapper à la censure. Et LR s’est parjuré et n’a pas voté la censure. Autre élément, Retailleau a quitté le gouvernement et LR a décidé de soutenir le gouvernement sans participation. Mais plusieurs LR ont accepté d’y participer violant la décision du bureau politique. Une nouvelle fois LR a fait le contraire de ce qui était annoncé. Les traîtres ont simplement été suspendus et non exclus alors qu’ils auraient dû l’être. On peut dès lors imaginer que LR finisse par voter le budget 2026 même s’il est contraire à nombre de ses prises de position qui se voulaient, à l’époque, définitives. Tout cela pour sauver leurs sièges, ce qui fait irrésistiblement penser à ce que disait Mme Du Barry : « Encore une minute M. le bourreau ». Sauf que ce qu’il reste d’électeurs de LR ne va sans doute pas apprécier cette inconsistance politique et idéologique de leur parti. Ceux qui à la tête de LR, pour toutes ces raisons, redoutent une Bérézina électorale en 2026 et 2027 ont sans doute raison de craindre ces échéances. Si LR devait disparaître, ce n’est pas moi qui verserai une larme sur leur sort.
Bernard GERMAIN
https://ripostelaique.com/sarah-knafo-met-lecornu-en-string-ficelle.html