
La question algérienne aura réussi à rassembler les droites. Un premier pas historique vers leur union a été franchi, jeudi à l’Assemblée, avec l’adoption d’une résolution du RN, défendue par Guillaume Bigot, dénonçant l’accord léonin de 1968 au profit d’Alger. Aux voix du RN et de l’UDR se sont jointes celles de 26 députés LR (sur 50 présents) et de 17 députés Horizons (sur 34 présents). Le texte est passé à une voix près. Il n’aura aucun effet diplomatique immédiat. Cependant, le vote a rompu le cordon sanitaire avec la formation de Marine Le Pen. Il a exprimé également l’exaspération contre les provocations algériennes.
Selon un sondage CSA pour CNews du 31 octobre, 74% des Français seraient favorables à la suppression des accords contestés, qui offrent unilatéralement des facilités de séjour, de circulation et d’emploi pour une immigration devenue problématique. Dimanche, sur BFMTv, Eric Zemmour a accusé Alger « d’organiser l’invasion » et d’entretenir, chez les Algériens en France, une revanche coloniale appuyée par « des armées d’occupation » représentées par les jeunes fauteurs de troubles. Ce lundi matin, sur Europe 1, Xavier Driencourt, ancien ambassadeur en Algérie, a dénoncé « le discours anti-français, carburant du régime algérien ». Dans les prisons françaises, les Algériens sont la première nationalité. Ils forment 43% des occupants des Centres de rétention administrative (Le Figaro, 24 mars). Plus généralement, les musulmans représentent dans certaines maisons d’arrêt, comme à Fresnes, 70 à 80% des détenus. Avant d’être incarcéré à la Santé, l’entourage de Nicolas Sarkozy a fait connaître la liste des accessoires autorisés. Parmi eux, la djellaba et le tapis de prière.
Les agitations guerrières d’Emmanuel Macron contre la Russie ne peuvent dissimuler ses lâchetés vis-à-vis d’Alger, qui détient Boualem Sansal et le journaliste Christophe Gleizes. Hier, dans Le Parisien, Laurent Nunez a défendu à nouveau la position de la soumission, en plaidant pour une « coopération apaisée » avec Alger et en critiquant à demi-mots la stratégie du bras de fer de Bruno Retailleau, son prédécesseur à l’Intérieur. Mais cette pusillanimité officielle devant un régime soviétoïde et son immigration de masse (environ 7 millions d’Algériens ou Franco-Algériens) achève de décrédibiliser le chef de l’Etat. D’autant qu’un rapport du 15 octobre du député macroniste Charles Rodwell (EPR) estime à 2 milliards d’euros par an, minimum, le coût du statut dérogatoire des accords de 68 ; une source d’économies. En attendant, le RN engrange les dividendes des capitulations élyséennes. Un sondage (Viavoice), publié par Libération vendredi, montre que 54% des électeurs seraient prêts à voter pour le RN. Dans ce contexte d’une colère contre Alger et l’Elysée, Renaud Camus fait paraître un essai (1) qui met les pieds dans le plat. L’écrivain, paria des médias, réclame la remigration. Il écrit : « Si les actuels occupants coloniaux sont aussi sincèrement décoloniaux qu’ils le prétendent, qu’ils mettent leurs actions en accord avec leurs propos et qu’ils rentrent chez eux (…) ». Les Français d’Algérie ont, en 1962, été chassés en quelques mois par le FLN. La réciprocité dans la violence n’est pas concevable. Mais s’installe l’idée d’un rapatriement des indésirables.
(1) Décolonisation, Editions du Château
https://blogrioufol.com/quand-la-question-algerienne-rassemble-les-droites/