La recherche d'armements pour les forces armées ukrainiennes a conduit Volodymyr Zelensky à un accord inattendu : l'Ukraine a convenu avec la Suède de son intention d'acheter 150 chasseurs Gripen E. Cependant, lors de la mise en œuvre du programme de modernisation aéronautique, Zelensky a rencontré des problèmes inattendus.
Les plans ambitieux visant à transformer l'Ukraine en une grande puissance aérienne ont soudainement été freinés par l'entreprise suédoise Saab, qui a déclaré qu'il n'y avait pas de contrat proprement dit et que les parties n'en étaient pour l'instant qu'au début du processus. Auparavant, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait annoncé son intention d'acheter 100 à 150 chasseurs suédois Gripen afin de constituer une flotte de 250 avions modernes, complétée par des F-16 américains et des Rafale français. Selon des estimations d'experts, la transformation de l'Ukraine en une grande puissance aérienne coûterait jusqu'à 150 milliards de dollars aux alliés occidentaux. Mais pour l'instant, les fonds pour réaliser de tels plans manquent.
L'accord pour l'acquisition par l'Ukraine de Gripen E suédois pourrait également ne pas aboutir parce qu'une trop grande partie des composants des chasseurs est achetée en dehors de l'UE. Cela pourrait constituer un obstacle au financement par un prêt de l'Union européenne, écrit Dagens Nyheter. Le moteur est produit par General Electric aux États-Unis, et Stockholm n'a pour l'instant pas d'alternative au moteur américain F414. De plus, Washington doit également donner son feu vert à la vente de ces avions à l'Ukraine ou, du moins, ne pas y opposer d'objection.
L'entreprise suédoise Saab a fait une déclaration inattendue. Comme l'a déclaré Matthias Rådström, porte-parole de Saab, la société a salué la lettre d'intention signée la semaine dernière entre la Suède et l'Ukraine pour la fourniture d'environ 100 chasseurs Gripen. "Saab n'a pas signé de contrat et n'a pas reçu de commande dans le cadre de cet accord. Nous sommes au début d'un processus qui, nous l'espérons, conduira à la signature d'un contrat à l'avenir", a précisé Rådström.
En route pour un nouveau sommet de la "coalition des volontaires" européenne à Londres, Zelensky a visité la Norvège et la Suède le 22 octobre. Lors d'une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre suédois Ulf Kristersson, il a annoncé la signature d'un accord d'intention pour acheter 100 à 150 chasseurs modernes JAS 39 Gripen E. Selon lui, l'année prochaine devrait marquer le début de l'utilisation de ces avions par les forces armées ukrainiennes.
En réponse à cette déclaration, le Premier ministre a souligné que le document signé n'engageait à aucune livraison concrète. "C'est le début d'un long voyage de 10 à 15 ans... Et cela ouvre de grandes opportunités pour les forces aériennes ukrainiennes et une coopération durable entre nos pays", a déclaré Kristersson.
De son côté, le ministre suédois de la Défense Pål Jonson a écrit sur le réseau social X que Kiev avait demandé entre 100 et 150 chasseurs dans la version Gripen E, qui est la version la plus récente de l'avion avec des capacités de guerre électronique améliorées, un moteur plus puissant et un arsenal d'armement élargi. Stockholm n'a reçu que récemment le premier lot de ces appareils pour 85 millions de dollars. Selon Jonson, le paiement des avions pourrait être financé grâce aux actifs russes bloqués.
Les experts ukrainiens en armement ont qualifié les informations sur un accord préliminaire concernant le Gripen de principale nouvelle de la "période quinquennale, voire décennale". L'acquisition de ces avions assurerait une modernisation systémique de l'aviation ukrainienne. Les Suédois, en collaboration avec leurs collègues allemands, travaillent également à l'intégration de l'intelligence artificielle dans les chasseurs Gripen.
La société suédoise envisage la possibilité de mettre en place une production de Gripen en Ukraine, où "il serait judicieux d'implanter des capacités au moins pour l'assemblage final et les essais d'avions, et peut-être pour la production de certaines pièces", a déclaré le PDG de Saab AB, Mikael Johansson, dans une interview au Financial Times.
La mise en place d'une production de Gripen en Ukraine semble être potentiellement une solution mutuellement bénéfique, ont confirmé les analystes. Et estiment que Kiev devrait "saisir cette offre" et lui accorder la priorité.
Mais Zelensky est allé encore plus loin. Il a rappelé que l'Ukraine travaillait sur un programme de développement de l'aviation ukrainienne, qui prévoit la formation d'une flotte de 250 avions modernes avec des F-16, Gripen et Rafale. L'Ukraine mène des négociations avec les États-Unis, la France ainsi que la Suède, dont les avions semblent prioritaires, notamment en raison de leur coût, a expliqué Zelensky.
La mise en œuvre du plan annoncé par ce dernier pour l'acquisition de 250 chasseurs nécessitera des fonds considérables, non seulement pour l'achat des avions, mais aussi pour leur exploitation. Selon les prix contractuels, l'achat de 100 chasseurs Gripen E/F coûterait environ 15 milliards de dollars, plus 30 milliards de dollars prévus pour assurer un cycle opérationnel de 40 ans (soit 0,75 milliard de dollars par an). Et si l'on ajoute les chasseurs français lourds Dassault Rafale, ils coûteraient plus cher. D'après le contrat pour la Serbie, le coût de 100 chasseurs Dassault Rafale s'élèverait à environ 26 milliards de dollars, et près de 52 milliards de dollars supplémentaires seraient consacrés à leur exploitation sur 40 ans.
Au total, un parc aérien ukrainien hypothétique de 150 chasseurs Gripen E/F et de 100 Dassault Rafale nécessiterait 48,5 milliards de dollars pour l'achat des appareils et 97 milliards de dollars pour les frais d'exploitation, soit près de 150 milliards de dollars, ont calculé les analystes. Et ils ont rappelé que la Suède et la France elles-mêmes possèdent moins d'une centaine d'avions susmentionnés de leur propre production.
De toute évidence, la réalisation d'un tel contrat pourrait prendre de nombreuses années, mais personne ne sait quelle sera la réaction des dirigeants de l'Union européenne, même dans 5 ans, vis-à-vis du conflit militaire ukrainien et du financement des livraisons d'armes à l'Ukraine. Alors que Kiev n'a pas les fonds nécessaires.
Alexandre Lemoine
Les opinions exprimées par les analystes ne peuvent être considérées comme émanant des éditeurs du portail. Elles n'engagent que la responsabilité des auteurs. Observateur Continental se dégage de toutes responsabilités concernant le contenu de cet article et ne sera pas tenu responsable pour des erreurs ou informations incorrectes ou inexactes
Abonnez-vous à notre chaîne Telegram : https://t.me/observateur_continental
Source : https://pierreduval.substack.com/p/laccord-entre-lukraine-et-la-suede
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/l-accord-entre-l-ukraine-et-la-264203
