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[POINT DE VUE] Dans le Maine-et-Loire, faute de vocations, des moines « progressistes » passent la main à des « tradis »

Par FredSeiller — Travail personnel, CC0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=145185923
Par FredSeiller — Travail personnel, CC0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=145185923

Depuis plus de deux cents ans - 209 pour être exact - il y avait des moines cisterciens dans l’abbaye de Bellefontaine, pas loin de Cholet, dans le Maine-et-Loire. Il n’en reste plus que 14 aujourd’hui, pour une moyenne d’âge de 80 ans. Or, comme le domaine de l’abbaye s’étend sur 120 hectares, qu’il y a, sur ce domaine, des cultures de fruits réputées (notamment les pommes et les kiwis), et que tout cela nécessite donc une main-d’œuvre jeune et nombreuse, le Père Samuel, supérieur de la communauté, a pris la décision de quitter l’abbaye et de passer la main. Au cours de dernières vêpres apparemment très émouvantes, France 3 régions raconte que les fidèles, assez âgés eux aussi, semble-t-il, sont venus dire au revoir à leurs moines. On pourrait se dire que cette fermeture est à l’image de la déchristianisation plus générale de notre cher pays. Il suffirait de hausser les épaules et de se dire que, bon, c’est comme ça.

Les bénédictins du Barroux, « jugés plus traditionalistes », inquiètent certains fidèles

Or, il se trouve que les moines vont remettre les clés de leur abbaye à d’autres moines, et ce dès le mois de juillet 2026. C’est une excellente nouvelle, non ? Pas vraiment, selon certains fidèles un peu chagrins. Figurez-vous que les moines qui vont succéder à nos cisterciens octogénaires viennent du Vaucluse, et plus précisément de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux. Alors que Bellefontaine était appréciée par les fidèles, nous apprennent les théologiens de France 3 Régions, « pour l’ouverture d’esprit des moines, considérés comme progressistes », les bénédictins du Barroux, « jugés plus traditionalistes », inquiètent certains fidèles, comme une dénommée « Monique ». Considérés comme progressistes par qui, les cisterciens ? Jugés plus traditionalistes par qui, les bénédictins ? On ne saura pas. Secret des sources, probablement. À moins que ce ne soit de la mauvaise foi pure et simple. Ou de l'ignorance.

Et alors, qu’est-ce qu’elle dit, Monique ? Elle répond par fragments, par haïkus, comme une sorte de pythie du catholicisme progressiste. « On est un peu interrogatifs » ; « On souhaite avoir une église ouverte, parce qu'on en a grand besoin actuellement » ; « Cette dérive qui entraîne beaucoup de gens vers une dérive d'exclusion, une dérive identitaire, ici, c'était absolument l'inverse » ; « On espère, on est un peu inquiets. » Bon. Grand merci, Monique. On comprend qu’une église ouverte, ça ne désigne pas tant pour elle la position physique des portes du bâtiment que celle, politique, des frères qui prient à l’intérieur. On ne saura pas quelle « dérive d’exclusion » elle vise, puisque les frères du Barroux accueillent si fraternellement leur prochain qu’ils croulent justement sous les vocations.

Le père Samuel est d’ailleurs beaucoup plus ecclésial dans son approche, puisqu’il dit précisément : « Assez vite, j'ai été contacté par les frères bénédictins du Barroux, qui ont une communauté qui est assez florissante. Quand ils ont su qu'on allait laisser sans doute cette propriété, ils ont été intéressés pour reprendre ce lieu. Donc ça a été une grâce. » Florissante, c’est le moins qu’on puisse dire : le cistercien note qu’il y a 65 moines dans cette abbaye du Vaucluse. Une rencontre est prévue le 11 décembre avec les premiers moines du Barroux, avant l’installation d’une partie de cette communauté à l’été prochain.

On juge l'arbre à ses fruits

Peut-être les bénédictins pourront-ils expliquer à Monique et ses amis que, si les communautés progressistes ferment et que les communautés traditionalistes essaiment, c’est peut-être parce qu’on juge l’arbre à ses fruits, et que les fidèles catholiques les plus jeunes ont très bien compris que la parenthèse conciliaire (« progressiste », dit-elle) était en train de se refermer. Nous en avons déjà dit un mot dans ces colonnes.

Merci à ces courageux cisterciens qui ont tenu leur cap jusqu’au bout de leurs forces, merci aux bénédictins du Barroux de reprendre le flambeau, et tant pis pour les fidèles les plus obtus, qui, sous prétexte de progressisme, excluent paradoxalement ceux qui ne pensent pas comme eux.

Arnaud Florac

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