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[EDITO] Le dernier coup de foudre de Macron : Madame Anastasie !

Par André Gill — BNF, Domaine public.
Par André Gill — BNF, Domaine public.
Elle n’est pas d’une première jeunesse. Son charme n’apparaît pas renversant au premier abord, pour un être normalement constitué, mais tous les goûts.... Cette paire de ciseaux gigantesques diffuse une vague inquiétude... vite dissipée lorsqu’on se garde de toute stigmatisation. Après tout, au temps du wokisme macronien triomphant, on aime qui on veut. Madame Anastasie revient et, apparemment, elle séduit en un tour de main notre bien-aimé Président.

Car la politique macronienne, au fond, relève d'un art simple. Le peuple regimbe ? Il suffit de lui faire peur, de lui annoncer « la bonne guerre » d’autrefois, celle qui resserre la nation et cautérise les divisions. Au prix de quelques morts… On a beaucoup reproché au FN puis au RN de « jouer avec les peurs ». Le pouvoir ne joue plus, il les travaille, ces peurs, avec une admirable application. De l'artisanat d'art. La peur, cela a marché pour le Covid-19 et pour l’Ukraine – Macron lui doit sa réélection en 2022 -, elle revient pour la Russie aujourd’hui. Sur RTL et M6, le chef de l’État a parlé guerre, plan de paix, menace russe, service militaire. Il a parlé de tout, sauf de l’appauvrissement continu des Français depuis 2017 et de l’invasion migratoire, pourtant dûment documentés.

« On doit distinguer les réseaux et les sites »

Cela ne va pas suffire. Les médias et les réseaux sociaux ne ménagent plus notre Président. Le charme est rompu, vaincu par le bilan et la réalité de la situation du pays. Mais Emmanuel Macron a trouvé une planche de salut : Madame Anastasie peut peut-être retourner la situation en sa faveur. Ses conseils sont simples et judicieux. Il suffit de sortir le bâillon. Dans l’univers numérique et sur les réseaux sociaux, c’est en cours.

Pour les médias dits classiques - presse, radio, télévision, sites d’information en ligne -, Anastasie a convaincu le Président : « On doit distinguer les réseaux et les sites qui font de l'argent avec de la pub personnalisée et les réseaux et les sites d'information » et, donc, « on va tout faire pour que soit mis en place un label », a annoncé, voilà une semaine, Emmanuel Macron. Les gentils et les méchants... en démocratie ! Heureusement, BV ne fait pas « de l'argent avec de la pub personnalisée », puisque nous ne diffusons pas de publicité. Notre site obtient, par ailleurs, des notes de crédibilité très élevées auprès d'organismes spécialisés chargés d’évaluer ce point comme NewsGuard. BV s'acharne à faire son métier le mieux possible. Sommes-nous à l'abri ?

À Arras, Emmanuel Macron l’a promis à des Français qui, pourtant, ne réclamaient pas Anastasie à cor et à cri : il va « tout faire pour que soit mis en place un label » professionnel, un sceau présidentiel pour désigner les réseaux sociaux et les sites d'information sérieux et dignes de confiance, ceux qui mènent cette fameuse lutte contre la désinformation.

Sortir les ciseaux

Le gouvernement ne tranchera pas lui-même, Madame Anastasie sait se faire discrète. « Je pense que c'est important qu'il y ait une labellisation faite par des professionnels » des médias, explique le nouveau compagnon de Madame Anastasie. Des médias « qui puissent dire "ceci correspond à la déontologie" » de la presse, poursuit Macron. Des confrères jugeant leurs confrères. Curieusement, Madame Anastasie et son stagiaire enamouré ont trouvé des bonnes volontés dans la profession elle-même ! Reporters sans frontières ou la Journalism Trust Initiative (JTI) vont sortir les ciseaux. « On va créer des mécanismes qui détectent et dénoncent les ingérences informationnelles », explique le président de la République lui-même. Plus curieusement encore, BV n’a pas été contacté pour cette tâche, en dépit du sérieux de ses informations. Macron admire Viginum, un système mis en place à Taïwan : « Viginum, c'est un très bon début, on va maintenant essayer de le monter en charge. » Vous l’entendez, le coup de ciseau de Madame Anastasie ?

D’un côté, on le comprend, Emmanuel Macron. Dans sa situation, vous aussi, chers lecteurs, vous rêveriez d’une presse unanime pour chanter la gloire du Président qui a mis fin définitivement au désastre migratoire, désendetté le pays, remis l’Europe à sa place, rendu la prospérité des belles années aux Français, assuré la sécurité de tous et donné aux entreprises un élan de conquête jusqu’aux confins du monde. On comprend l’admiration du Président Macron pour son homologue d’outre-Méditerranée monsieur Tebboune. Le président algérien est adulé de ses médias. Il lui aura peut-être soufflé cette « labellisation » à l’oreille.

Il faut tout de même prévenir Anastasie et Emmanuel, pour leur bien. Ils risquent de provoquer le réflexe des populations dont les médias sont contrôlés : une méfiance généralisée pour la presse « officielle ». On conseillerait volontiers au nouveau tandem et à ses complices la lecture de Soljenitsyne, qui réclamait inlassablement la fin de la censure en URSS. Et qui finit par faire s'écrouler l'empire du mensonge.

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