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Prospective sur le monde contrôleurs de Borloo

Tu seras contrôleur mon enfant, ou inspecteur !

De quoi ?

Oh de tout, du rien, de l’inutile, de l’impossible, de l’agaçant, de tout ce qui peut contraindre le contribuable, le citoyen. Mais tu le feras sous la bannière du bien être, de la sécurité, ou mieux, de la justice sociale. Cette cause nationale qui t’obligera à vérifier que ceux qui réussissent, qui mouillent la chemise, sont bien ponctionnés pour nourrir ceux qui ont échoué, ceux qui ne veulent que profiter de la richesse créée par autrui, un peu comme le coucou fait élever ses enfants par les autres. D’ailleurs ce sera ton nouvel emblème.

Tu respireras normes, obligations, ton cri de guerre sera : transparence, et à ce titre tu auras à cœur de suivre à la trace le moindre chèque de la mamie à sa petite fille, de ces étrennes données en fin d’année, insupportables dons transmis sous le manteau. Tu pisteras la moindre plus-value. Tu auras consigne de faire respecter toutes les réglementations, même les plus absurdes et à chaque faille révélée, tu proposeras d’en trouver une nouvelle pour s’assurer que le risque zéro absolu est atteint. Car le risque c’est la peur, la faillite d’un système si bien huilé, ou chaque citoyen s’autocontrôle ou lorgne sur son voisin pour l’aider dans sa tâche de vérification. L’important n’est pas de produire, de faire, mais de contrôler chaque étape. Peu importe qu’à la sortie le service ne soit qu’imparfaitement rendu, que le produit soit inutilisable, le primordial, c’est que le processus de fabrication soit suivi à la lettre.

Tout ton temps sera dévoué à cette fonction. Tu vénéreras l’agent bancaire du guichet lorsque le banquier demande au pauvre bougre pourquoi il veut autant d’argent, quel est son projet que va-t-il en faire ? Tu seras cette force d’inquisition que la loi autorise et dans une scène digne d’une grande corrida, tu observeras le quidam plier un genou, baisser la tête, et s’effondrer, vaincu !

Ou mieux, tu suivras le parcours chevaleresque de celui qui scrute sa caméra de contrôle pour vérifier que l’infâme citoyen dépose bien son sac d’ordure dans le conteneur et non à côté, et quand il l’aura bien fait, tu verras celui chargé de contrôler si le tri est scrupuleusement respecté, entrer en scène, fouiller frénétiquement et tendre vers le ciel un bras vainqueur lorsqu’il aura trouvé la preuve de l’identité d’un contrevenant.

Enfin, tu seras peut être de ceux qui débusquent le WC oublié, la douche installée sans les quinze mille autorisations nécessaires, et là d’un trait de stylo, non pas vengeur, car la «  haine n’est pas ton métier », mais épris d’équité, biffer la case « a redresser ». Le terme est violent, tu proposeras un axe d’amélioration en remplaçant la formule par « réévaluation ».

Tu encenseras tes collègues du ministère de la vérité qui traquent la pensée dissidente, les pauvres, obligés d’ingurgiter le catalogue de la bien-pensante idéologie, pour invisibiliser tous les contenus contraires à la nouvelle éthique, à la vérité d’État. Car si le droit d’être contre est toujours possible, celui de le faire savoir n’existe plus, et eux veillent à ce respect, pour sauver les valeurs répétées en boucle sur les chaînes d’État.

Tu envieras le diagnostiqueur qui par son expertise déclare un bien invendable, ou non conforme à la location, pendant que sur le trottoir une mère dort dans des cartons avec son enfant collé contre elle. Mais le règlement c’est le règlement, et la sensiblerie ne saurait être au-dessus de la norme !

En face tu auras quelques vestiges d’une humanité décalée qu’il te faudra sans cesse reprendre, rééduquer en permanence, esprits déviants, rebelles en tout genre. Ou ceux qui tentent de créer, d’entreprendre auxquels tu ne refuseras pas l’initiative, mais tu seras là pour leur rappeler qu’ils ont choisi le camp de la honte. À ce titre ils doivent payer, se plier aux exigences de l’État roi qui ne saurait laisser à ses individus le fruit intégral de leur travail, il en va de la survie de tous ceux qui ne font rien, soit parce qu’ils ont été découragés, soit parce qu’ils ont essayé sans y parvenir, ou par pur choix, ayant très vite compris que vivre des mannes de l’État providentiel était plus confortable que d’entreprendre, d’étudier.

Mais tu seras là, toi le contrôleur en tout, l’inspecteur des travaux finis, là pour que règne l’ordre et la discipline, pour taxer tout ce qui peut l’être, la tristesse, la joie, le chant de l’oiseau sur la branche, l’air qu’on respire, le sourire reçu, celui émis, le geste de trop, le regard, tout… voilà ton avenir dans une société ou taxer, imposer, est devenu le leitmotiv , la pensée dominante. Tu pourras ainsi gravir les échelons de la réussite, et de ton bureau en verre tu regarderas le monde sans entendre le bruissement de sa souffrance. Mais si tu veux être acteur de l’architecture de cette merveilleuse société, alors tu pourras te faire élire député. Là, au cœur du système, tu auras la possibilité de laisser libre cours à ton imagination. Rassure-toi, en cas d’échec, tu seras recasé dans une agence d’État. De là tu pourras continuer à glorifier un système qui ponctionne, qui norme tout sans jamais rien créer. A l’abri de la mauvaise fortune, et même de la réalité qui t’aura échappé depuis longtemps et que tu mépriseras de ton œil averti, tu te concentreras sur l’essentiel, à l’image de tes pairs : conserver le pouvoir et surtout que rien ne change !

https://rassemblementdupeuplefrancaiscom.wordpress.com/2025/11/25/prospective-sur-le-monde-controleurs-de-borloo/

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