Vingt-quatre heures après les faits, Jean-Pierre a encore « terriblement mal à la tête et aux reins ». Aux policiers, cet ancien officier, fort de quarante années de service et docteur en philosophie, raconte avoir reçu une dizaine de coups de poing dans l’abdomen, accompagnés d’insultes comme « nazi », « raciste » ou « fasciste ». L’auteur, un jeune homme châtain « de type caucasien », vêtu d’un haut sombre, d’un jean et d’un sac à dos, et identifié par la Cocarde étudiante comme un enseignant de l'université Paris Nanterre, apparaît sur des vidéos prises par les militants dans une attitude objectivement menaçante.
Si Jean-Pierre est un habitué de ces opérations grâce à sa longue expérience militante auprès du RN, comme le rappelle Julien Abitbol, tête de liste dans le XIXe arrondissement à l’initiative de cette action, « à 78 ans, on n’est pas préparé à se prendre des coups de poing ». Surtout que l’opération, qui avait eu lieu à la porte des Lilas quelques jours plus tôt, ne présageait pas une telle violence. Comme beaucoup d’autres à l’approche des municipales, la douzaine de militants patriotes s’étaient réunis pour distribuer des affiches à l’effigie de leur candidat et délégué départemental, l'ancien ministre Thierry Mariani.
Des militants pris à partie par des antifascistes
C’était sans compter l’arrivée d’individus vêtus de keffieh et arborant des pins aux couleurs de la Palestine, venus perturber l’action par des insultes et des tentatives d’intimidation. Dans les vidéos publiées par la Cocarde étudiante, on peut les voir chanter « La jeunesse emme*rde le Front national » au milieu de tracts dispersés au sol. L’un d’eux aurait même crié : « Vous avez des cou**les de venir tracter devant le concert de Médine », raconte Édouard Bina, président de la Cocarde étudiante, venu en renfort aux équipes de militants.
Si, comme les autres, il ignorait que le rappeur controversé se produisait à cet endroit, il avait jugé le quartier de la porte de Pantin potentiellement dangereux. C’est pourquoi il s’était joint à l’action, pour assurer un peu de sécurité. Sur place, il a par ailleurs dû se placer entre un antifasciste et une militante que celui-ci tentait d’intimider.
« Une radicalité violente en expansion »
« La gauche a un fonctionnement territorial violent », analyse-t-il. « Elle se veut hégémonique : là où la droite est majoritaire, elle tracte et milite sans problème, mais là où c’est elle qui est majoritaire, il ne faudrait pas que la droite puisse survivre. » Un constat partagé par Julien Abitbol, qui observe dans la rue une radicalité croissante : « Il y a effectivement une radicalité violente en expansion, avec les partis d’extrême gauche, derrière, qui ont instauré une radicalisation de la vie politique. Il y a des gens qui captent ces discours de violence et qui en viennent aux actes. Ce n’est pas nouveau, mais c’est plus puissant. »
Édouard Bina, de son côté, n’est pas surpris : « C’est le fonctionnement normal de la gauche. Mais si l’extrême gauche s’est radicalisée, le centre de gravité de la population s’est déplacé vers la droite », constate-t-il.
Face à ces incidents, le Rassemblement national a publié un communiqué demandant l’ouverture d’une enquête et la mise en place de mesures d’interdiction contre ces mouvances d’ultra-gauche.