
Chronique de Paysan Savoyard
(n° 351 – Décembre 2025)
Il faut en venir à la racine du risque existentiel devant lequel nous sommes désormais placés : ce sont les idées humanistes qui nous détruisent, les idées progressistes, égalitaristes et universalistes, les idées de gauche en somme. Elles exercent une hégémonie sur toute la société : sur les dirigeants, sur la majorité de l’opinion, et même sur leurs adversaires, la droite et l’extrême droite, qui les reprennent malheureusement trop souvent à leur compte (voir cette chronique). Elles inspirent la plupart des politiques conduites depuis cinquante ans. Ce sont elles qu’il faut combattre, enfin, de façon frontale.
- Les progressistes veulent remplacer la civilisation européenne par un « monde nouveau »
La civilisation européenne repose sur cinq piliers : la religion chrétienne ; l’héritage culturel gréco-latin ; les mœurs européennes, structurées en particulier autour de la famille, cellule de base de nos sociétés ; la race blanche, enfin, et son territoire, l’Europe. Au nom des valeurs humanistes, la gauche veut détrôner cette civilisation et en faire naître une autre : elle entend substituer à l’Europe un « monde nouveau » et remplacer les Européens par un « homme nouveau ».
Les différentes composantes de l’idéologie humaniste entrent en effet en opposition directe avec la société traditionnelle européenne : le primat donné à l’individu, à son libre-arbitre et à ses droits, l’égalitarisme, le progressisme, le rationalisme, l’universalisme enfin, tous ces principes philosophiques qui constituent l’humanisme s’opposent point par point aux différents fondements de la civilisation européenne. Ils conduisent les humanistes à vouloir détruire les structures traditionnelles, qu’ils dénoncent comme inégalitaires et attentatoires à la liberté individuelle, à commencer par la famille. Pour les mêmes raisons, ils veulent ruiner toutes les hiérarchies et le principe même d’autorité, notamment celle du père au sein de la famille. Au nom de la liberté de l’individu et de son émancipation, ils visent à subvertir et à marginaliser les mœurs traditionnelles. Ils entendent éliminer la religion traditionnelle, au nom de la Raison et de la laïcité. Sur l’autel de l’universalisme, enfin, ils projettent de détruire les frontières et de dissoudre les peuples européens historiques dans un peuple nouveau, le peuple métissé, le peuple de la diversité, le peuple de l’égalité universelle, le peuple des citoyens du monde. L’homme blanc, surtout s’il est hétérosexuel, surtout s’il est de droite, surtout s’il est catholique, surtout s’il est socialement aisé, constitue l’incarnation de ce que la gauche entend éradiquer.
Ces idées progressistes naissent à la Renaissance, lorsqu’apparaît l’humanisme. Elles se sont imposées au sommet de la société dans la seconde partie du XVIIIe siècle et à la faveur de la révolution française. Elles ont gagné ensuite l’ensemble de l’Europe grâce aux guerres révolutionnaires et napoléoniennes. Ces idées de gauche, qui constituent l’idéologie humaniste, sont aujourd’hui dominantes, et même en situation de monopole, nous y revenons plus loin : elles sont l’idéologie de la classe supérieure et de tous ceux qui, formant ainsi un Système, lui sont soumis.
- Au service de leur idéologie, les progressistes détiennent tous les leviers de pouvoir
En apparence, la gauche n’occupe plus en France qu’une position minoritaire : l’extrême gauche, les écologistes et le parti socialiste ne représentent pas plus de 30 % dans les sondages. De même, sur les sujets régaliens, la sécurité et l’immigration en particulier, ces mêmes sondages indiquent qu’une large majorité de Français sont favorables à des mesures de durcissement. La réalité est toute différente : la gauche continue à détenir en fait toutes les positions de pouvoir.
La situation politique actuelle illustre la situation. E. Macron est originaire du parti socialiste, ancien conseiller et ministre de F. Hollande auquel il a succédé. La moitié des premiers ministres de Macron auront été issus du PS. Les postes clés de la fonction publique sont en majorité détenus par des gens de gauche. A la Cour des comptes, P. Moscovici a succédé à D. Migaud. Au Conseil constitutionnel, R. Ferrand a pris la place de L. Fabius. Dans les ministères clés, intérieur, justice, défense, éducation nationale, la haute hiérarchie appartient presque obligatoirement à la franc-maçonnerie, et ce depuis deux siècles. La population des grandes villes étant souvent désormais composée de bourgeois de gauche, les mairies de la plupart des agglomérations sont détenues par la gauche, qui dirige également de nombreux départements et régions.
La situation est la même pour ce qui est des cercles d’influence. La gauche exerce une hégémonie sur les médias : les journalistes sont tous progressistes, même lorsqu’ils exercent dans les médias détenus par des grands patrons réputés conservateurs (de TF1 au Figaro ou au Parisien…). La gauche a le monopole de la culture, des institutions du spectacle, de l’édition, du secteur publicitaire. Elle exerce une hégémonie sur l’école et l’université. Elle monopolise les syndicats ainsi que le secteur associatif subventionné. Elle détient même une bonne partie du pouvoir économique, la plupart des capitalistes partageant les mêmes valeurs que la gauche, du moins sur le plan sociétal. On peut citer par exemple le financier de gauche M. Pigasse ou encore X. Niel, un proche de Macron.
Un mouvement de réaction se dessine enfin. Quelques grands patrons de droite engagent enfin la lutte culturelle, en prenant le contrôle de certains médias. Des événements culturels importants, tels que le Puy-du-Fou, échappent à l’emprise idéologique de la gauche. Les réseaux sociaux ont offert aux militants de droite un champ d’action et de lutte métapolitique. Pour la première fois depuis la fin de la seconde guerre mondiale, la gauche se voit contestée sur son terrain de manœuvre privilégié : les idées, les valeurs, les principes.
- Les progressistes exercent une hégémonie sur les esprits
La domination exercée par la gauche va en effet au-delà des positions de pouvoir : les idées humanistes et progressistes, autrement dit les idées de gauche, exercent sur les esprits une forme d’hégémonie.
Tous les courants politiques leur sont tout d’abord soumis, non seulement la gauche et l’extrême gauche, qui, dans la logique progressiste, veulent aller toujours plus loin, toujours plus vite, toujours plus fort, mais aussi les centristes, la fausse droite et même la fausse extrême droite, nous allons y venir. Lorsque la fausse droite gouverne, elle conduit depuis cinquante ans, dans les grandes lignes, la même politique que la gauche. Elle ne remet d’ailleurs en cause aucune des mesures de gauche, même les plus énormes, sur le plan des mœurs, de l’égalitarisme ou de l’immigration. Ayant abandonné son conservatisme dans les années soixante-dix, la fausse droite s’est ralliée à la gauche sur le plan sociétal, devenant à son tour libérale-libertaire, autrement dit de gauche. La proximité idéologique des différentes forces politiques s’est manifestée spectaculairement grâce à E. Macron, gauche, centre et fausse droite participant à ses différents gouvernements. Même l’extrême droite et son principal parti le RN partagent la plupart des idées humanistes, notamment l’égalitarisme, le démocratisme, la laïcité rationaliste, le rejet universaliste de la nation charnelle. L’extrême droite véritable, traditionnaliste et anti humaniste, a ainsi pratiquement disparu.
L’hégémonie des idées progressistes s’exerce également chez les Français de la rue. La plus grande partie d’entre eux adhèrent sans réserve aux principaux éléments de l’humanisme et les considèrent comme des évidences : le primat de la liberté individuelle, accompagné du rejet des cadres et des normes sociales de comportement ; l’adhésion à la recherche omniprésente d’égalité ; la foi dans le progrès ; la laïcité, qui en pratique correspond chez la plupart à un athéisme plus ou moins assumé ; l’universalisme, enfin. Autrement dit, même lorsque la gauche ne détient pas directement le pouvoir, ses idées sont dominantes du haut en bas de la société.
Avec E. Zemmour, Ph. De Villiers, les identitaires, les cercles de formation de droite ou encore les courants chrétiens traditionnalistes, la vraie droite renaît enfin. Mais elle n’ose pas encore déclarer son opposition aux « valeurs républicaines », à l’humanisme et à ses principes philosophiques. C’est là, selon nous, un enjeu majeur des années à venir et une clé de notre destin : si nous voulons nous sauver, il faut maintenant adopter une position “réactionnaire” et rompre en toute clarté avec l’humanisme, c’est à dire avec les valeurs de la gauche.
- Pour conserver leur domination les progressistes ne reculent devant aucun moyen
La gauche estime constituer le camp de la Vérité et du Bien : ses adversaires incarnant par là même celui du Mal, tous les moyens de les combattre en deviennent légitimes. La gauche s’est ainsi toujours conformée à ces principes d’action : pas de liberté pour les ennemis de la liberté.
Dès l’origine, la gauche a utilisé toute la palette des moyens pour éradiquer l’adversaire, la guillotine, la terreur, le génocide en Vendée. Au XXe siècle, le communisme a fait 100 millions de morts, la majorité dans la population civile des pays communistes eux-mêmes, éliminés par leurs propres dirigeants.
Aujourd’hui, en France comme en Europe, la gauche et ses annexes de l’extrême centre et de la fausse droite utilisent des procédés de nature totalitaire pour exercer et conserver le pouvoir. Les progressistes exercent, comme on l’a dit plus avant, une mainmise presque totale sur les médias. Dans la propagande permanente qu’ils déploient, ils recourent de façon systématique au mensonge, à la mauvaise foi et au deux poids deux mesures (parmi une foule d’exemples, on peut citer la sévérité du traitement infligé à ce que le Système identifie comme l’ultra droite, la mansuétude à l’égard des casseurs antifas, l’occultation des attentats contre les églises, l’occultation de l’identité des immigrés délinquants ou encore la dissimulation des chiffres de l’immigration…). Conformément aux règles du totalitarisme, les progressistes utilisent une novlangue (quartiers populaires, mixité sociale, jeunes défavorisés, vivre ensemble…). La mise en œuvre de lois limitant la liberté d’expression (Gayssot et suivantes) est une autre manifestation du totalitarisme à l’œuvre et débouche sur le harcèlement judiciaire des opposants. Dans le même registre totalitaire, on peut encore citer l’utilisation systématique du lexique du mépris et de la condamnation morale pour qualifier les idées qui ne correspondent pas au registre de valeurs de la gauche. Ces différentes entreprises destinées à museler l’opposition rencontrent jusqu’ici un plein succès : la gauche a réussi jusqu’à présent à contraindre l’extrême droite elle-même à partager l’essentiel de ses idées et de ses références.
La gauche et les progressistes utilisent les mêmes procédés de nature totalitaire à l’échelle de l’Europe. Ils n’ont pas hésité il y a quelques mois à annuler une élection en Roumanie. Un ancien commissaire européen (T. Breton) a déclaré qu’il faudrait faire de même en Allemagne si l’AFD l’emportait. On se souvient qu’en 2005, les dirigeants français et européens avaient décidé de ne pas respecter les résultats du référendum sur le projet de constitution européenne.
Aux Etats-Unis de même, la gauche utilise les méthodes parfois les plus violentes contre ses opposants. En 2016, elle a réclamé la destitution de Trump dès les premiers jours qui ont suivi son élection et pendant les quatre années de son mandat. En 2020, elle a probablement truqué l’élection (voir cette chronique). En 2024, le tireur qui a tenté de tuer Trump et celui qui a assassiné Kirk se réclamaient des idées de gauche. La gauche elle-même, aux Etats-Unis comme en Europe, a en quelque sorte endossé ces crimes en affirmant que leurs premiers responsables étaient « la droite et ses idées, qui propagent la haine ». La gauche enfin, grâce à l’Etat profond et aux juges qu’elle contrôle, s’efforce sans relâche de bloquer les politiques mises en œuvre par Trump.
- Presque toutes les politiques conduites depuis cinquante ans sont inspirées par les progressistes
L’hégémonie exercée par les progressistes permet ce résultat : presque toutes les politiques conduites ces cinq ou six dernières décennies sont inspirées et contrôlées par l’idéologie de gauche.
Sur le plan de l’ordre, le laxisme face aux délinquants, considérés comme des victimes d’une société injuste, dicte aussi bien la loi pénale que les jugements eux-mêmes. En matière sociétale, les réformes qui bouleversent les mœurs et les institutions traditionnelles ne cessent de se succéder (libéralisation du divorce, libéralisation de l’avortement, libéralisation de l’usage des noms et prénoms, mariage homosexuel, suicide assisté…). Dans le registre sociétal également, la contestation du travail, au nom de la liberté de l’individu et de la lutte contre les dominants, a engendré un assistanat massif et structurel. De même, la recherche obsessionnelle de l’égalité a entraîné la mise en place d’un système de redistribution et de prélèvement obligatoire record. Elle a conduit également à l’organisation d’un enseignement de masse, aux effets catastrophiques (coût financier, temps perdu, frustrations, rejet des emplois jugés insuffisamment valorisants…). Parmi les mesures égalitaristes significatives, on peut également citer la loi SRU, les mesures de « mixité scolaire » ou encore les quotas femmes. Dans le domaine économique et géopolitique, enfin, l’universalisme a débouché sur la construction européenne à visée mondialiste, d’une part, sur le libre échange mondial d’autre part. Surtout, inspirées par l’universalisme, les politiques conduites depuis soixante ans ont favorisé et organisé une immigration de masse, qui va probablement entraîner la mort de l’Europe.
Comment nommer les deux camps en présence ? Progressistes et réactionnaires ? Humanistes et traditionnalistes ? Internationalistes et identitaires ? Gauche et droite, étant entendu que ces deux derniers termes sont aujourd’hui biaisés, la pseudo droite ayant abandonné ses convictions depuis longtemps et adopté la plupart des valeurs de gauche ? Pour être bien compris, il faut sans doute additionner les différents concepts et superposer les couches de la sémantique politique : d’un côté la gauche, humaniste, progressiste, universaliste ; de l’autre la droite telle que, selon nous, elle devrait être, traditionnaliste, réactionnaire, identitaire.
Précisons que ce combat indispensable contre l’humanisme et le progressisme, bien que décisif, ne concerne par nature qu’une partie de la société. La majorité passive de la population suit le courant dominant. Elle est aujourd’hui acquise aux idées progressistes, humanistes, de gauche : elle adoptera les conceptions de la droite réactionnaire si celle-ci l’emporte sur le plan électoral.
Là se situe bien l’affrontement fondamental. Entre les deux camps, aucun compromis n’est possible, aucun accommodement ne peut valoir, nulle recherche de juste milieu n’est envisageable : face à l’enjeu de la survie de l’Europe et de l’Occident, deux conceptions de la vie en société sont aux prises et elles sont inconciliables. Si les idées humanistes, progressistes, de gauche, restent dominantes, l’Europe mourra. Si la droite continue de se soumettre à la gauche et de délaisser ses valeurs traditionnelles, l’Europe mourra. C’est bien d’une lutte à mort dont il s’agit.