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culture et histoire - Page 1248

  • [Paris] Cercle de Flore

    Hier soir, vendredi 13 novembre, le Cercle de Flore recevait François Guillaume, ancien ministre de l’agriculture sous Chirac et ex président de la FNSEA. Près de 100 personnes sont venus l’écouter parler de l’état de l’agriculture en France et des politiques du gouvernement.

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    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Paris-Cercle-de-Flore

  • La machine propagandiste américaine “Freedom House”

    L’organisation “Freedom House” est-elle véritablement une organisation indépendante, consacrant ses efforts à la promotion d’une vraie démocratie et d’une liberté authentique ? Plus que jamais, le doute est permis !

    Récemment, l’ONG américaine Freedom House a célébré son 70èmeanniversaire. Dans le monde, on connait surtout cette “Maison de la Liberté” pour son rapport annuel sur les progrès de la démocratie et de la liberté de la presse dans le monde. Dans l’univers médiatique occidental, cette Freedom House est très souvent citée, sous prétexte qu’elle serait indépendante. Ce qui, en revanche, est nettement moins connu, ou est plutôt sciemment tu, c’est que la Freedom House reçoit environ 80% de son budget, de manière directe ou indirecte, d’instances américaines officielles. Les quelque 11 milliards de dollars, dont a bénéficié cette fondation au cours de l’année 2011, proviennent en grosse partie du ministère américain des Affaires étrangères, de l’autorité US s’occupant d’aide au développement (l’USAID) ou de la NED (National Endowment for Democracy) qui n’est autre que le “bras civil” des services secrets, en d’autres mots de la CIA.

    Il nous paraît nécessaire de jeter un regard rétrospectif sur l’histoire de cette fondation et sur le contexte de sa création. Rapidement, on s’aperçoit qu’il n’est nullement question d’indépendance par rapport à l’État américain. Ce fut surtout l’épouse du Président américain de l’époque, Eleanor Roosevelt, qui présida à sa naissance pendant l’automne 1941. En coulisses, c’était évidemment son mari qui tirait toutes les ficelles. L’objectif de la fondation, au moment de sa création, n’était pas tant la diffusion planétaire de la “démocratie libérale” selon le modèle américain, mais la création, par propagande systématique, de toutes les conditions nécessaires pour faire participer directement  les États-Unis à la seconde guerre mondiale. La Freedom House ne dissimule nullement cette intention de départ et, sur son site de l’internet, son émergence est justifiée par la nécessité “après la fusion entre 2 groupes fondés avec le soutien tacite du Président Roosevelt, d’obtenir l’assentiment public à une participation des États-Unis à la guerre, à une époque où les préjugés isolationnistes donnaient le ton”. La propagande belliciste a donc été une caractéristique constante de laFreedom House, jusqu’à date très récente. On a ainsi pu constater qu’en mars 2003 la Freedom House a soutenu, avec toutes la virulence voulue, la guerre américaine contre l’Irak, contraire au droit des gens. Une déclaration l’atteste : « Du plus profond de notre cœur, nous espérons que ces efforts de guerre, où les forces américaines seront impliquées, se dérouleront au mieux et que la tyrannie de Saddam Hussein tombera en coûtant le minimum en vies humaines ».

    La qualité des membres du conseil de supervision de la Freedom House nous permet aussi de  dégager une image significative de la nature intrinsèque de l’ONG : d’après elle, ce conseil comprendrait « des dirigeants d’entreprises et de syndicats, d’anciens fonctionnaires gouvernementaux, des universitaires, des écrivains et des journalistes ». Cependant, parmi les anciens membres de ce conseil de supervision, on trouve une proportion, supérieure à la moyenne, de faucons néo-conservateurs comme Donald Rumsfeld, Paul Wolfowitz ou Jeanne Kirkpatrick. Ces 3 personnalités, tout comme un des nouveaux membres de ce conseil de supervision, Kenneth Adelman, étaient tous des partisans virulents de l’attaque contre l’Irak.

    Après la victoire des alliés occidentaux en 1945 et au début de la Guerre Froide, la Freedom House s’est muée en un instrument de la politique américaine d’endiguement de l’Union Soviétique. Le premier objectif était surtout de lier durablement les petites puissances d’Europe occidentale à Washington. « C’est pour cette raison que la Freedom House a soutenu très activement l’alliance atlantique de notre après-guerre ainsi que des stratégies et des institutions comme le Plan Marshall ou l’OTAN ». Après que les États-Unis aient pu aligner comme ils le voulaient leurs “partenaires” d’Europe occidentale, les efforts de la Freedom House se sont focalisés sur la lutte contre les États marxisants du Tiers Monde ; après la fin de la Guerre Froide et l’effondrement de l’Union Soviétique, la Freedom House est revenue en Europe, pour en faire son théâtre d’intervention principal. Il s’agissait surtout, dans un premier temps, de lier aux structures euro-atlantiques les anciens États communistes d’Europe centrale et orientale. Ou pour s’exprimer d’une autre manière : les anciens satellites de l’Union Soviétique devaient faire de Washington leur nouveau centre de gravitation.

    Pour faire d’une pierre 2 coups, la première antenne extérieure de la Freedom House est installée en 1993 en Ukraine, sous prétexte de « travailler à l’organisation d’élections libres et justes et de renforcer la société civile ». D’autres antennes sont installées ailleurs en Europe dans les années suivantes, notamment en Serbie et en Hongrie. Mais c’est l’Ukraine qui recevra la priorité dans les efforts de la Freedom House. Pourquoi ? Parce que l’État territorialement le plus vaste d’Europe est, d’une part, le pays par où transite le gaz naturel russe : il revêt dès lors une importance stratégique cruciale ; d’autre part, la maîtrise de l’Ukraine, si elle devenait fait avéré, constituerait une avancée capitale dans le projet américain d’affaiblir définitivement la Russie. Par conséquence, la Freedom House, pour réaliser ces objectifs, a soutenu la “révolution orange” à Kiev en 2004/2005, partiellement avec le soutien de la Fondation Open Society du spéculateur en bourse Georges Sörös. Dans ce contexte, Ron Paul, membre du Congrès à Washington, critiquait la politique suivie en décembre 2004, en soulignant que l’argent américain “servait surtout à soutenir un seul candidat, au détriment des autres”. Ron Paul désignait ainsi le vainqueur des élections de l’époque, Victor Youchtchenko, fidèle vassal de Washington qui entendait faire entrer l’Ukraine dans l’OTAN. Ron Paul a encore été plus précis quand il a dénoncé l’immixtion patente des États-Unis dans le processus électoral ukrainien : « Nous savons que le gouvernement américain, via l’USAID, a octroyé des millions de dollars provenant de l’organisation PAUCI (Poland-America-Ukraine Cooperation Initiative), laquelle est administrée par la Freedom House. Suite à cela, l’organisation PAUCI a réparti les subsides gouvernementaux américains parmi d’innombrables ONG ukrainiennes ».

    La Freeedom House n’a pas caché sa satisfaction pendant la présidence de Youchtchenko à Kiev mais a changé radicalement d’attitude lorsque son rival de longue date, Victor Yanoukovitch, a été élu chef de l’État au début de l’année 2010. Yanoukovitch a opéré un nouveau rapprochement russo-ukrainien en commençant par renouveler le bail pour les ports de Crimée où mouille la flotte russe de la Mer Noire. Le bail, accordé aux navires de guerre russes, est prolongé jusqu’en 2041. Comme Yanoukovitch ne veut pas entendre parler d’une inféodation de son pays aux structures euro-atlantistes, la Freedom House a fait descendre la cote de l’Ukraine : de “pays libre”, elle est devenue “pays partiellement libre”. De plus, la Freedom House déclare que règnent en Ukraine “des abus de pouvoir” comme on n’en avait plus vu depuis 2004.

    Dans le collimateur des “diffuseurs de démocratie” établis à Washington se trouve aussi désormais la Hongrie. La raison de placer la nation hongroise dans le collimateur de Washington réside principalement dans la politique du Premier Ministre Viktor Orbàn, qui entend ne défendre que les seuls intérêts de la Hongrie. De plus, le parti Fidesz au pouvoir dispose de suffisamment de sièges, pour la première fois dans la Hongrie post-communiste, pour permettre à Orbàn de nationaliser les caisses privées de pension et de faire renaître la tradition de la “Couronne sacrée”, fondement du “cadre constitutionnel pré-moderne” de la Hongrie.

    La Hongrie appartient à cette catégorie de “pays en transition”, comme par ailleurs l’Ukraine et d’autres pays de l’ancienne zone communiste, où il s’agit de faire triompher l’influence américaine et de l’ancrer définitivement. L’obstacle majeur à ce projet est évidemment la Russie, car, premièrement, ce grand pays est dirigé de manière autoritaire par Vladimir Poutine et Dimitri Medvedev, ce qui gène le travail de la Freeedom House et d’autres fondations américaines influentes ; deuxièmement,   la Russie exerce une influence sur ses voisins immédiats, ce qui est jugé “nuisible” à Washington. Raison pour laquelle une collaboratrice en vue de la Freedom House, Jennifer Windsor, déclare, très sérieusement, que, « de fait, la démocratie a échoué dans bon nombre de pays ayant appartenu à l’Union Soviétique et que cet échec est dû partiellement à l’exemple russe d’un autoritarisme en phase ascendante ». Voilà pourquoi cette dame réclame : « Les États-Unis et l’Europe doivent forcer la Russie à jouer un rôle constructif dans le soutien aux modes de comportement politiques démocratiques, tant à l’intérieur de la Fédération russe elle-même qu’à l’étranger ». 

    La pression qui s’exerce aujourd’hui sur Moscou ne se justifie pas, en fin de compte, par un souci de démocratie ou de droits de l’homme, qui tenaillerait les personnalités politiques et économiques américaines et euro-atlantistes, mais bien plutôt par des intérêts économiques et commerciaux sonnants et trébuchants. La Russie, en effet, comme chacun le sait, est immensément riche en matières premières, tout comme l’Iran (celui du Shah hier comme celui d’Ahmadinedjad aujourd’hui) est riche en pétrole et en gaz naturel ou comme la Chine qui ne cesse de croître sur le plan économique. Ces 3 pays sont de nos jours les cibles privilégiées du soft power américain en action. Outre leurs matières premières ou leurs atouts industriels, ils ont un point commun : ils refusent de suivre les injonctions des cercles politiques américains et de Wall Street et n’adoptent pas la marche qu’on tente de leur dicter en politique comme en économie.

    ► Bernhard Tomaschitz, zur Zeit n°45/2011. 

    http://www.archiveseroe.eu/recent/35

  • Fascisme, Fascismes, National socialisme

    1. Définitions
    Le fascisme est une idéologie de troisième voie, se présentant à la fois comme antimarxiste et comme anticapitaliste, et que l’on peut qualifier du terme plus général de socialisme national. Sa version italienne, celle fondée par Benito Mussolini, met surtout l’accent sur le rôle de l’état et de l’imperium (le pouvoir de commandement), d’où son symbole, le faisceau des licteurs romains. Sa version allemande, le Nationalsozialismus, met en revanche l’accent sur le concept de la race, du Volk c’est à dire du peuple considéré dans une perspective essentiellement ethnique.
    De nombreux mouvements politiques entre 1880 et 1945 peuvent être définis comme fascistes. Ainsi la Tchernaya Sotniya russe (Centuries Noires) du début du siècle, la Falange de Jose-Antonio Primo de Rivera en Espagne, le Movimento Nacional Sindicalista de Rolão Preto au Portugal, la Garde de Fer roumaine de Zelea Codreanu puis d’Horia Sima, le Zbor serbe de Dmitri Ljotic, les Croix Fléchées de Ferenc Szalasi, sont des partis fascistes. On peut considérer l’Union du Peuple Russe de Doubrovine, fondée en 1905, comme le premier parti fasciste.
    Pour définir un parti ou un état fasciste, un certain nombre de critères sont nécessaires. Le fascisme est d’abord un socialisme c’est à dire qu’il s’oppose au capitalisme, mais il s’oppose également au marxisme perçu comme un faux socialisme, car mondialiste et donc à terme capitaliste, en défendant un socialisme national. Les chefs fascistes proviennent très majoritairement de la gauche socialiste et sont donc perçus comme des adversaires par la droite. C’est le cas de Mussolini, qui vient du P.S.I, ou d’Hitler, issu de la S.P.D, mais aussi de Mosley, venu du Labour Party, de Quisling, venu du parti communiste norvégien, ou encore de Doriot, issu des rangs du P.C.F, et de Déat, transfuge de la S.F.I.O.
    C’est également un nationalisme mais révolutionnaire. A la vision droitière et cléricale de la nation, style Action Française ou Salazarisme, le fascisme oppose une nation enracinée et une société en accord avec ses valeurs ancestrales. Ainsi, le rejet national-socialiste du christianisme se justifie par la valorisation des idéaux germaniques et, entre autres, du culte des divinités germano-scandinaves, culte émanant du peuple lui-même. En conséquence, le fascisme met naturellement en avant le paganisme, celui du peuple auquel chaque parti fasciste s’adresse. C’est surtout le dieu suprême des vieux paganismes que les fascistes sollicitent — le Wotan/Odhinn germanique des SS, l’Ukko finnois du Lapua, l’Isten hongrois de Szalasi ou encore le Jupiter romain.
    Face à la double concurrence sur les questions économiques, sociale-démocrate d’une part, libérale-démocrate d’autre part, le fascisme se fait également corporatiste. Il propose de moderniser le principe des anciennes corporations d’avant-1789 afin de forger un syndicalisme national où la grève est remplacée par la concertation entre travailleurs et employeurs à l’intérieur d’une même structure appelée corporation et, sur le plan national, dans une chambre corporative. C’est le sens du corporatisme italien ou encore de l’Arbeitsfront allemand.
    Le fascisme est également favorable à la formation d’une Nouvelle Europe dans une perspective aryaniste. L’idée européenne tend à remplacer le nationalisme étriqué par un nouveau nationalisme, résolument moderne. L’Internationale Fasciste forgée par Mussolini répond à cette exigence comme y répond l’union des Fascistes dans le cadre de l’Europe allemande face aussi bien à la Russie marxiste qu’à l’Occident libéral. La Waffen-SS, dans laquelle près de 300.000 non-allemands issus de trente nations différentes et provenant de partis fascistes combattront, est également une confirmation de cette solidarité fasciste qui dépasse le nationalisme ancien, fidèle aux nations anciennement définies, pour promouvoir un nationalisme socialiste et européen. Cela explique pourquoi, en France, tant d’hommes de gauche dans le cadre de la collaboration ont combattu au service de l’Allemagne national-socialiste, comme Marcel Déat, Paul Marion, Gaston Bergery, Victor Arrighi, Pierre Laval ou Jacques Doriot.
    Il faut également constater que l’arrivée au pouvoir des fascistes s’est faite selon deux conditions.
    En premier lieu, il s’agit de l’abandon, provisoire et hypocrite, d’une partie du programme socialiste. Ainsi la «gauche national-socialiste», c’est à dire les partisans de la «fidélité absolue aux idées socialistes», comme les frères Otto et Gregor Straßer ou encore Ernst Röhm, le chef de la S.A, ont été sacrifiés par Hitler. Si une telle tactique n’est pas mise en œuvre ou si le modèle allemand est imité de manière trop servile, comme le firent Mussert aux Pays-Bas, Quisling en Norvège ou Clausen au Danemark, c’est l’échec.
    En second lieu, le machiavélisme d’Hitler ou de Mussolini consiste, alors que leur parti fasciste est le premier parti du pays, au-delà de 30% des électeurs, à profiter de leur position de force et à s’allier tactiquement avec la droite conservatrice voire libérale en mettant l’accent sur le rejet du communisme ou du chaos. Cette alliance leur permet d’arriver démocratiquement au pouvoir, justifiant d’un réel soutien populaire. Les marxistes, ne comprenant la politique que par le prisme réducteur et déformant du matérialisme historique et de l’économisme, parlèrent du fascisme comme du stade suprême du capitalisme et comme un mouvement financé par les patrons, ce qui ne résiste pas aux faits. Comme le pense David Schoenbaum, on peut parler pour le national-socialisme de véritable «révolution brune». De la même façon, les chefs fascistes se rapprochent de l’Eglise, d’où la signature de concordats, ce que Napoléon, aussi antichrétien que Mussolini et Hitler, avait déjà fait. Là encore, il n’y a rien de sincère. Hitler a besoin du parti Zentrum, catholique, pour obtenir les pleins pouvoirs et Mussolini veut bénéficier d’un crédit supérieur dans l’opinion italienne et internationale.
    En effet, lorsque les fascistes ont les mains libres et peuvent exprimer leur caractère révolutionnaire, le programme socialiste resurgit. Ainsi la République sociale italienne de Mussolini de 1943 à 1945, a pris des mesures farouchement socialistes, notamment de nombreuses nationalisations. Cela a été grandement facilité par la trahison des conservateurs lorsque la défaite devient possible. Mussolini est ainsi chassé du pouvoir en 1943 sous la pression des hiérarques réactionnaires, dont Ciano, et du roi d’Italien Victor-Emmanuel III. En 1944, c’est la droite conservatrice qui tente d’assassiner Hitler et de prendre le pouvoir par un coup d’état. A partir de cette rupture, Hitler comme Mussolini montrent leur vrai visage socialiste et révolutionnaire.
    Il convient également d’évoquer l’antisémitisme et le racialisme, terme plus précis et plus juste que «racisme», du fascisme. Si le racisme est pratique, le racialisme est théorique. Il apparaît plus important dans le national-socialisme allemand mais aussi dans les divers fascismes français ou encore dans les mouvements fascistes d’Europe centrale et orientale que dans le fascisme italien par exemple ou dans des pays comme l’Espagne, l’Irlande, le Portugal et la Grèce. Mais il appartient en théorie à l’ensemble des fascismes. L’antisémitisme fasciste est essentiellement de gauche, mais de celle du XIXème siècle. De Blanqui à Jaurès, en passant par Fourier, Proudhon, Bakounine, Regnard, Malon ou même Marx, la gauche européenne défend un antisémitisme athée ou néo-païen, bien distinct du vieil antisémitisme chrétien.
    En effet l’antisémitisme fasciste s’explique par le rejet du christianisme, religion sémitique, mais aussi celui du bolchevisme, considéré comme juif, et du capitalisme, lui aussi perçu comme juif. Il s’explique également par l’aryanisme fasciste, qui perçoit les Juifs comme des membres particulièrement nuisibles de la race sémitique ou en tout cas des étrangers au monde européen. Les Juifs sont, a priori au même titre que les Arabes, des ennemis, puisqu’ils visent à négrifier l’Europe et à avilir ainsi, par le métissage, la «noble race aryenne» ; les Sémites de manière globale seraient ainsi responsables à leurs yeux de la mort de l’empire romain par l’abâtardissement et par la christianisation.
    Le racialisme fasciste apparaît comme une extension de l’antisémitisme mais pas seulement. Gregor Straßer souligne, par exemple, la menace qui pèse sur l’Europe de la part aussi bien du monde négro-africain que de la Chine. La race aryenne ou blanche étant supérieure, ce qu’elle a prouvé sur le terrain par son avancée scientifique, technique mais surtout culturelle, les autres races sont vues comme inférieures. Le métissage favorise toujours les éléments racialement inférieurs et abâtardit la race, risquant même d’engendrer des dégâts irrémédiables. Pour défendre la race aryenne, il faut donc combattre les autres races. L’axe Berlin-Tokyo apparaît donc comme une trahison de l’idéal aryo-fasciste. De même, le refus de la part d’Hitler d’intégrer les Slaves, les Indiens voire les Latins dans son aryanisme est une autre trahison, coûteuse puisque responsable de la défaite du IIIème reich.

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  • L'identité européenne

    L’européanité est attestée par l’histoire et le caractère transnational des grands faits de culture. Au-delà d’un art rupestre spécifique à toute l’Europe voici déjà 30.000 ans, au-delà des pierres levées et des grands poèmes fondateurs, ceux des Hellènes, des Germains ou des Celtes, il n’y a pas une seule grande création collective qui, ayant été vécue par l’un des peuples de l’ancien espace carolingien, n’a pas été vécue également par tous les autres. Tout grand mouvement né dans un pays d’Europe a trouvé aussitôt son équivalent chez les peuples frères et nulle part ailleurs. (…)

    Comme tous les peuples unis par une même culture, les Européens sont les dépositaires d’une très ancienne tradition, mais ils ne le savent pas. La perception leur en a toujours été refusée. En dehors des poèmes homériques, ils n’ont pas d’écriture sainte, bien que la matière en soit offerte par leurs légendes, leur littérature épique et la philosophie antique. (…)

    Tout grand peuple a une histoire sacrée qui révèle ses valeurs propres, celles qui donnent un sens à la vie de chacun des siens. Mais la longue histoire des Européens ne leur a jamais été contée. Elle n’a jamais été montrée ni perçue pour ce qu’elle est, un flux continu, comme si un même être, porteur des mêmes significations, avait traversé le temps (…).

    L’Europe n’est pas née des traités de la fin du XXe siècle. Elle est issue de peuples frères qui, entre la Baltique et l’Egée, sur quelques milliers d’année, donnèrent naissance à une communauté de culture sans égal. L’Europe peut donc se définir comme une tradition très ancienne, tirant sa richesse et son unicité de ses peuples constitutifs et de leur héritage spirituel. (…)

    [On doit constater] la vigoureuse unité de culture des Européens de l’âge du bronze, de la Baltique à l’Egée, de la Cornouaille à la Volga, voici quatre ou cinq mille ans. [Il s’agit de] l’une de nos civilisations premières, [avec] ses dieux solaires, ses déesses-mères, ses héros invaincus, ses légers chars de guerre, les trésors somptueux de ses palais, ses longues barques audacieuses. (…) Découvertes sous un tumulus du Danemark ou dans une tombe de Mycènes, les épées semblaient toutes sortir d’un même moule, affichant l’unité esthétique d’un même monde.

    (…)

    Les peuples de l’ancienne Europe étaient réfractaires à l’écriture, bien que celle-ci leur fut connue, comme en témoignent les signes logographiques de la préhistoire, ancêtres sans doute de l’écriture runique. Plusieurs siècles après Homère, en Gaule et dans les îles Britanniques, les druides refusaient encore de transcrire par écrit leur enseignement qui, de ce fait, est perdu. Les Grecs avaient, eux aussi, privilégié l’oralité et divinisé la Mémoire. (…) Jusqu’à Homère, la mémoire avait été mythique et nullement historique. Les Grecs avaient donc perdu le souvenir de leurs origines et de leur histoire ancienne, celle qui avait précédé l’arrivée de leurs ancêtres sur les rives de l’Egée. Ils en avaient cependant conservé le souvenir mythique, celui d’une origine septentrionale associée à la légende des Hyperboréens.

    (…)

    Pourquoi appelle-t-on « indo-européenne », et pas simplement « européenne », la famille des langues parlées aujourd’hui presque partout en Europe ? Tout simplement parce que cette famille de langues s’étendait jadis de la Cornouaille au Penjab, sur d’immenses distances correspondant à l’aire d’expansion des différents locuteurs. (…) Le fait indo-européen est d’abord d’ordre linguistique (…)

    Chez tous les peuples indo-européens, que l’on devrait plutôt appeler « boréens », la société aristocratique élargie, celle des hommes libres, à la fois guerriers et propriétaires du sol, anticipe sur ce que sera la cité grecque à partir du VIe siècle avant notre ère. On en voit l’expression dans l’assemblée des guerriers de l’Iliade, très semblable au Thing germanique et scandinave décrit par Snorri Sturluson. Les Celtes participent du même ordre politique, dont témoignera plus tard la Table Ronde. En revanche, nulle part dans le monde européen on ne verra des roi-prêtres à la tête de castes sacerdotales de type babylonien ou égyptien. A l’époque médiévale et classique les monarchies et les noblesses européennes continueront de résister aux prétentions théocratiques du Saint-Siège, tout en maintenant l’équilibre entre les trois ordres.

    (…) Depuis la « révolution » du carbone 14, on a fortement reculé dans le temps, au-delà du Ve millénaire, l’époque du dernier habitat commun des Indo-Européens. (…) A une époque très ancienne, remontant vraisemblablement à plus de 10.000 ans, quelque part dans le vaste espace entre Rhin et Volga, au sein d’une population spécifique et nécessairement homogène, s’est cristallisée la langue que les linguistes appellent pré-indo-européenne (…) l’analyse linguistique permet de penser qu’une première dispersion s’est produite vers le Ve millénaire, par la migration de peuples indo-européens vers le sud-est, l’Asie Mineure et au-delà. (…) La plupart de ces peuples pensaient que leur berceau primordial se trouvait dans un « nord » mythique et imprécis. L’Inde védique, l’Iran ancien, la Grèce, le monde celtique et germanique ont conservé le souvenir légendaire d’un habitat nordique désigné comme les « Iles au nord du monde », le « Pays des dieux » ou le « pays des Hyperboréens ». (…)

    On ne saura jamais avec certitude où, quand et comment s’est produite l’ethnogenèse des Indo-Européens, que l’on devrait plutôt appeler Boréens afin d’éviter une confusion entre la langue et l’ethnie dont elle est bien entendu l’une des manifestations essentielles. Une langue voyage avec ses locuteurs, elle peut conquérir aussi des populations sans rapport précis avec le peuple originel … C’est pourquoi la distinction entre langues indo-européennes et peuples boréens paraît souhaitable.

    Dès la préhistoire ou la très haute Antiquité, les Boréens, porteurs initiaux des langues indo-européennes, se sont imposés sur de nouveaux territoires à des populations qui n’avaient pas exactement la même origine, ne sacrifiaient pas aux mêmes dieux ni n’avaient la même vision du monde. Les mythes grecs, latins, celtes et germaniques des guerres de fondation rappellent les conquêtes anciennes de nouveaux territoires, mais aussi, comme le pense Jean Haudry, la projection mythique d’une préoccupation de concorde civile.

    Le souvenir des guerres de fondation se décrypte dans la légende historisée de Rome et l’enlèvement des Sabines. Elle s’exprime aussi dans l’Edda scandinave qui décrit deux races divines (…) Le même schéma peut se lire dans la théogonie grecque. (…) Voilà ce qui est en gestation dès le IIIe millénaire, époque du bronze européen, beaucoup mieux connue que les précédentes en raison d’une grande richesse archéologique et des réminiscences conservées par les poèmes homériques. Partout en Europe, de la Baltique à l’Egée, de l’Atlantique à la Caspienne, on voit s’affirmer la nouvelle religion solaire et de nouvelles valeurs, l’héroïsme tragique devant le Destin, la souffrance et la mort, l’individualité et la verticalité du héros opposées à l’horizontalité indistincte de la multitude. La vaillance, vertu masculine essentielle, est récompensée par l’éternisation des meilleurs, très présente dans l’Edda, et la féminité est reconnue, respectée et admirée. Simultanément, on voit s’établir des royautés féodales reposant sur des aristocraties guerrières et terriennes. C’est alors que se façonne la physionomie spirituelle qui restera celle de l’Europe.

    Dominique Venner

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    « Notre monde [européen] ne sera pas sauvé par des savants aveugles
    ou des érudits blasés. Il sera sauvé par des poètes et des combattants,
    par ceux qui auront forgé ‘l’épée magique’ dont parlait Ernst Jünger,
    l’épée spirituelle qui fait pâlir les monstres et les tyrans. »

    - Dominique Venner
    notes

    Ce texte est extrait du livre de Dominique Venner, Histoire et tradition des Européens, éditions du Rocher 2002. Le titre de cette sélection est éditorial.

    Le nom de « Boréens » (ou de « race boréenne ») semble avoir été utilisé pour la première fois par l’ésotériste Fabre d’Olivet, dans son Histoire philosophique du genre humain, publiée en 1822.

    Pour la question de l’identité et de l’autodénomination des Européens, voir aussi l’article « Les Aryens et le nationalisme racial » sur le site library.flawlesslogic.com

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    Dominique Venner était directeur de la Nouvelle Revue d’Histoire. (http://www.n-r-h.net/)

    Il est l’auteur de nombreux ouvrages, dont les principaux sont :

    - Baltikum, le combat des Corps-francs (Robert Laffont, 1974). (refondu et réédité sous le titre : Histoire d’un fascisme allemand, Pygmalion, 1996)

    - Le blanc soleil des vaincus (La Table Ronde, 1975). (refondu et réédité sous le titre de Gettysburg, éditions du Rocher, 1995)

    - Histoire de l’Armée rouge (Plon, 1981, Grand Prix de l’Académie Française)

    - Le cœur rebelle (Les Belles Lettres, 1994)

    - Histoire critique de la résistance (Pygmalion, 1995)

    - Les Blancs et les Rouges, histoire de la guerre civile russe (Pygmalion, 1998)

    - Histoire de la collaboration (Pygmalion, 2000)

    - Histoire du terrorisme (Pygmalion, 2002)

    - De Gaulle, la grandeur et le néant (Rocher, 2004)

    http://www.voxnr.com/cc/dt_autres/EEFypVAyulAmiZjNRM.shtml

  • Forum de la dissidence – Entretien avec Renaud Camus, écrivain

    Renaud Camus, inventeur du « Grand Remplacement »

    ♦ Dans la perspective du Forum de la dissidence, nous allons publier une série de courts entretiens sur le site Polémia.
    Pourriez-vous répondre à ces questions ?

    Polémia : Qu’est-ce qu’être dissident aujourd’hui et que risque-t-on?

    Renaud Camus : Etre dissident aujourd’hui c’est refuser de ne pas voir et même de ne pas dire. C’est faire sécession de ce que j’ai appelé le fauxel, le règne du faux, le réel inversé, le monde où ce qui arrive n’arrive pas. C’est dire et crier et même hurler, dans la mesure du possible, l’horreur du remplacisme, l’idéologie de l’homme remplaçable, interchangeable, réduit par l’industrie de l’hébétude à l’état de matière humaine, au profit de l’échange généralisé, des objets, des individus, des individus avec les objets, des peuples avec les peuples. Cette abomination met tout son génie à n’avoir pas d’extérieur, à ne ménager aucun refuge à ceux qui la dénoncent et prétendent se soustraire à elle. S’y dérober est sanctionné par la mort civile, qu’il faut s’efforcer d’éprouver comme cette espèce de sas que s’imposaient les plus pieux de nos aïeux, entre le siècle et la mort tout court.

    Pensez-vous qu’il faille envisager une vraie Révolution?

    Il n’y aura de survie qu’au prix du renversement de quelque chose, c’est certain : révolution, guerre qui n’aurait de « civile » que le nom, effondrement sur lui-même du bloc remplaciste, comme avant lui du bloc soviétique. L’un des points communs à ces deux blocs (il y en a beaucoup), c’est que l’un n’avait et que l’autre n’a, pour tout ciment, que le mensonge. Les trompettes de la vérité peuvent les faire s’effondrer d’un coup. Et la vérité sonne haut et fort, ces temps-ci, avec la submersion migratoire, cet Armageddon du remplacisme. Il devient de plus en plus difficile de ne pas l’entendre, de ne pas la voir et de la cacher.

    Vous interviendrez dans une table ronde sur « la dissidence sur l’identité » lors du Premier Forum de la dissidence. Pourquoi  ?

    Parce qu’il est organisé par Jean-Yves Le Gallou et par les amis de Polémia, dont j’admire profondément le travail. Parce que dissidence et identité sont au cœur même de la tragédie actuelle. Parce que je suis persuadé que la seule ligne de fracture qui compte aujourd’hui, c’est celle qui sépare les remplacistes et les antiremplacistes ; et parce que je suis passionnément convaincu de la nécessité impérieuse, pour les antiremplacistes, c’est-à-dire pour tous ceux qui refusent le Grand Remplacement, la colonisation de notre pays et de notre continent, de s’unir, de constituer une force hors-parti assez nombreuse et assez puissante pour peser avant qu’il ne soit tout à fait trop tard sur le cours cauchemardesque des choses, et si possible pour le renverser : c’est pour cette raison que j’ai créé le NON (au Changement de Peuple & de Civilisation), comme un point de convergence pour tous ceux qui estiment que le Grand Remplacement est la seule question essentielle, que tout le reste, et spécialement les petites divergences sur d’autres points, ne compte pas.

    Polémia, 13/11/2015

    http://www.polemia.com/forum-de-la-dissidence-entretien-avec-renaud-camus-ecrivain/

  • [Revue de presse] Une nouvelle formule pour « Eléments »

    3900806033.jpgPlus de quarante ans après sa création, la revue « Eléments » entame une nouvelle étape. Mue tant sur la forme que sur le fond... Annoncé il y a quelques mois, la nouvelle formule d'« Eléments », avec ce numéro 157 (octobre-décembre 2015), se distingue déjà par un plus grand nombre de pages, l'utilisation de la couleur dans toutes les pages, une maquette plus lisible... Evolutions formelles que l'on ne peut que saluer. Certes « Eléments » reste « le magazine des idées », « pour la civilisation européenne ».

    Ensuite, à noter le remplacement au bout de quatre décennies pour la rédaction de l'éditorial de Robert de Herte par... Alain de Benoist, qui dans l'édito de ce numéro indique qu'il vaut « mieux chercher à penser le monde de demain qu'à se lamenter sur celui qui s'efface ».

    Si l'on retrouve des rubriques habituelles comme « Cartouches » au début du magazine, le billet de Xavier Eman ou l'éphéméride, cette nouvelle formule d'« Eléments » comporte plusieurs entretiens, de durée assez longue, une tonalité plus politique avec un ton parfois polémique, ainsi que pour la seule et unique fois une analyse d'Emmanuel Ratier (en l'espèce les French Young Leaders, structure qui explique l'atlantisme de nos gouvernants et des médias).

    Souhaitant augmenter sa diffusion, « Eléments » semble vouloir se faire connaître par de nouveaux lecteurs qui ne connaissent ni ses rédacteurs ni les idées qu'elle professe depuis longtemps. En tout cas, c'est comme cela que l'on pourrait justifier les nombreuses pages d'auto-promotion qui émaillent ce numéro. Auto-promotions qui constituent même une part importante de ce numéro.

    Pour assurer sa promotion, ce numéro d'« Eléments » comporte deux entretiens avec des personnalités : Michel Onfray et Patrick Buisson. L'entretien avec Michel Onfray a même les honneurs de la Une. Entretien certes intéressant mais on aurait plus de questions quant à « Cosmos » et à la dimension spirituelle de ce livre d'Onfray, attente somme tout logique pour une revue qui a fait beaucoup pour la (re)découverte du paganisme européen...

    Mais surtout, à nos yeux, c'est l'entretien avec Buisson, qui aurait mérité la Une ainsi que le dossier auquel cet entretien se rattache : « La droite face au poison libéral ». Dossier qui recèle nombre d'articles intéressants comme l'entretien avec Hervé Juvin, mais qui semble toujours vouloir montrer qu'« Eléments » n'est pas de droite, bien que la revue s'attaque régulièrement au progressisme... S'il faut bien entendu revoir complètement les catégories de droite et de gauche, pour autant vouloir faire d'une droite réduite au libéralisme et au culte de l'argent un ennemi prioritaire a vite un côté lassant, car cela obère une part importante d'une droite qui ne l'est pas... Enfin, un article est parfaitement dispensable dans ce dossier, celui à charge contre « Valeurs actuelles » qui semble être une sorte de revanche d'une partie de la rédaction d'« Eléments » contre une revue qui, à une époque, avait accueilli ses plumes...

    Souhaitons tous nos vœux de réussite à cette revue qui a fourni de nombreuses munitions intellectuelles que nous utilisons encore.

    Arnaud/C.N.C.

     

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/

  • LITTERATURE • Maurras en son chemin de paradis [2]

    par Hilaire de Crémiers  

    C'est en 1895, il y a juste cent vingt ans, que Calman-Lévy - « éditeur héroïque » dit Maurras - a édité le Chemin de Paradis. Un premier livre de contes philosophiques que son auteur écrivit, de fait, avant ses vingt-cinq ans. Un recueil de neuf contes où Maurras, comme Anatole France le lui écrivit, méditait d'ingénieuses fables. Ces Mythes et Fabliaux, qui ne furent sans doute jamais parfaitement compris, formaient pourtant, déjà, une critique sans indulgence aucune, de ce mal moderne auquel Maurras se préparait à s'affronter. Rien moins que « pour le salut du monde et le règne de la beauté ».  Sans-doute pressentait-il et fixait-il ainsi, avec une prescience étonnante, ce qu'allaient être, dans l'ordre politique et littéraire, son œuvre et sa destinée.

    Hilaire de Crémiers a consacré de minutieuses et savantes études à cette œuvre de jeunesse de Charles Maurras, qui préfigure, expose-t-il, ce que seraient son œuvre et sa vie.

    Nous avons enregistré, il y a quelques années, plusieurs vidéos où Hilaire de Crémiers analyse le Chemin de Paradis et en propose une interprétation. Une analyse et une interprétation qui donnent à Maurras une profondeur singulière. Beaucoup plus extraordinaire que celle qui lui est habituellement reconnue. 

    Présentation générale du Chemin de Paradis - Regard sur les trois premiers contes : Le Miracle des Muses  Le Jour des Grâces  La Reine des Nuits (18 minutes)  

    Nous mettrons en ligne, les cinq prochains samedis, cinq vidéos où Hilaire de Crémiers traite des neufs contes du Chemin de Paradis et dévoile ce qui en est, selon lui, le sens profond.  Lafautearousseau  

    Le Chemin de Paradis sur Maurras.net

    (Texte complet)

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2015/11/13/litterature-maurras-en-son-chemin-de-paradis-2-5715511.html

  • René Girard, un homme admirable

    D’excellents articles de presse ont salué la mort de René Girard. Leurs auteurs se sont concentrés, comme il est normal pour un personnage de sa dimension, sur son œuvre et sa pensée. J’aimerais m’attarder d’abord sur sa personnalité, qui est, d’ailleurs, en rapport direct avec son grand labeur d’anthropologue. René Girard n’a été si profond détecteur des abîmes de l’âme humaine qu’en vertu de sa rare humanité. Spontanément, alors que mon fils venait de m’apprendre son décès, je lui ai répondu par un tout petit message : « Sa mort me touche beaucoup. C’était un homme admirable. » Plus je me souviens, mieux je le revois. Simple, cordial, souriant, foncièrement bon. Je l’avais rencontré dès les années soixante-dix, peu de temps après la publication Des choses cachées depuis la fondation du monde. Celui que Jean-Marie Domenach a pu surnommer « le Hegel du christianisme » n’affichait pas la figure austère d’un grand bâtisseur de système. Et s’il y avait des accents prophétiques dans certains de ses écrits, il ne jouait pas au prophète. Ses yeux pétillaient de malice.
    Je n’ai jamais ressenti chez lui la moindre once d’orgueil intellectuel. Cela ne voulait pas dire qu’il n’était pas pénétré de l’importance singulière du travail qu’il avait entrepris, il lui avait consacré toutes ses forces. Mais c’est sa véracité qui lui importait avant tout. Une véracité qui correspondait à son propre cheminement intérieur, à la vérité qui éclairait sa vie. Certains lui ont reproché d’être en somme un apologète du christianisme, ce qu’ils considéraient contraire à la démarche scientifique. Certes, il ne pouvait se défendre d’être chrétien et ce n’était pas sa faute si le christianisme était venu répondre exactement aux questions qu’il se posait. Était-il vraiment rédhibitoire de tenir en même temps un discours complètement rationnel sur l’objet de sa foi et de prononcer le credo du croyant ? Il y avait eu concomitance de la recherche universitaire et de la conversion du cœur. Cette conversion signifiait une adhésion pleine et entière à l’Église catholique, à ses dogmes et à ses lois. Il le dira plus tard sans détour : l’affadissement de la foi, ce n’était pas son genre ! Il fuyait « comme la peste les liturgies filandreuses, les catéchismes émasculés et les théologies désarticulées ».
    C’est à Jean-Claude Guillebaud que nous devons le récit de sa conversion. Il l’a confié, en effet, à un livre qui se situe un peu en marge de son œuvre, mais qui n’en est pas moins solidaire. Je ne sais s’il est encore disponible, mais il sera indispensable à la connaissance approfondie de l’homme ainsi qu’à l’histoire de son œuvre. Cette œuvre n’étant pas étrangère à la notion de conversion, y compris dans sa section consacrée à la critique littéraire.
    Personnellement, c’est la revue Esprit, alors sous la direction de Domenach, qui m’a fait connaître René Girard, grâce à un numéro spécial consacré à La violence et le sacré. Mais je n’ai vraiment subi le choc d’une pensée, au point de devenir franchement girardien, qu’à la lecture Des choses cachées depuis la fondation du monde. C’était l’aboutissement de la recherche, son couronnement. Après la mise en valeur de la méthode d’analyse mimétique (Mensonge romantique et vérité romanesque) et de la théorie du bouc émissaire (La violence et le sacré), nous étions parvenus à un grand moment de révélation, tout à fait saisissant. Car l’auteur nous faisait redécouvrir la Bible avec un regard neuf, et spécialement les Évangiles, pour atteindre le cœur nucléaire que constituait la Passion de Jésus. Impossible de se dérober, de prendre des chemins de traverse, comme trop de contemporains qui pensent que le message passera mieux si l’on esquive la question centrale de la Rédemption.
    À ce propos, mon cas n’est nullement singulier. Je n’ai pas été le seul à avoir été remué, et même profondément troublé par la façon dont René Girard établissait une distinction définitive entre les sacrifices de tous les rituels religieux et la rédemption par la Croix. Mon sentiment est que l’intéressé lui-même a mis un certain temps à trouver les correspondances exactes entre son décapage impitoyable de la violence sacrificielle et la théologie traditionnelle. Il avait quand même de grosses difficultés avec saint Anselme et sa conception très juridique du rachat. Impossible de nier en même temps que cette notion de rachat était énoncée par les trois synoptiques, sans qu’on puisse l’adoucir. Pourtant, Girard était le dernier à vouloir nier que le Christ avait donné sa vie pour le Salut du monde. En aucun cas, il ne désirait amoindrir la réalité de la Rédemption.
    Il me semble qu’il a rendu de grands services à la théologie, même si des objections continuent à lui être opposées. Il m’est arrivé de le défendre face à des opposants assez coriaces. J’avais pour moi le renfort inappréciable du cardinal de Lubac, qui m’avait confié le grand intérêt qu’il avait eu à lire un auteur, qui purifiait la théologie de certaines déviations parfois outrancières. Par ailleurs, l’anthropologue a suscité des disciples parmi les théologiens, voire les biblistes, qui ont éprouvé la valeur de son discernement. Un Raymond Schwagen, par exemple, a pu faire, grâce à lui, le parcours complet de l’affinement et même de l’éclaircissement des relations divines avec la violence. Il y a dans la Bible des traces archaïques, attestant le souvenir d’une divinité violente et vengeresse. Il importe donc de discerner l’évolution qui conduira jusqu’à la figure du serviteur souffrant d’Isaïe. L’originalité spécifique de la Bible consiste précisément dans cette conversion. De même, l’essence de la violence apparaît avec la lumière projetée sur la perversité des persécuteurs, qui projettent sur la victime le reflet de leurs propres crimes. René Girard était conforté dans son intuition initiale : « À tous les sacrifices imparfaits d’une efficacité temporaire et limitée, s’oppose le sacrifice parfait qui met fin à tous les autres » (Schwagen, Avons-nous besoin d’un bouc émissaire ?, Flammarion).
    On a reproché à l’anthropologue de rationaliser à l’extrême, à travers une théorisation scientifique, l’ensemble de la doctrine chrétienne. De là l’idée d’un Hegel du christianisme. Mais René Girard n’a jamais eu la prétention d’épuiser à lui seul le contenu de la Révélation. Il est vrai qu’il est l’homme d’une intuition fondamentale qui lui a permis de se munir d’un fil directeur pour saisir l’originalité et la nouveauté du christianisme. Mais il était, par ailleurs, le fidèle pratiquant, recevant la parole prononcée par l’Église. Dans l’histoire des idées, on trouverait d’autres exemples de penseurs qui ont donné d’autres fils directeurs dont ils avaient comme l’exclusivité. Celui de René Girard n’était-il pas d’une rare pertinence ? Il n’avait pas pour fonction d’abolir d’autres tentatives d’élucidations anthropologiques ou théologiques. Même la notion de sacrifice en ethnologie est susceptible d’autres développements, comme ceux auxquels était attentif un Louis Bouyer. Par exemple, on peut y voir l’action divine dans sa fonction bienfaisante parmi les hommes et à la source de la vie. À mon sens, cela n’enlève nullement sa véracité à la découverte girardienne qui concerne spécifiquement la violence, c’est-à-dire la blessure profonde dont est affectée l’humanité, et dont seule la Rédemption par la Croix peut nous sauver.
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