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culture et histoire - Page 1251

  • René Girard, un homme admirable

    D’excellents articles de presse ont salué la mort de René Girard. Leurs auteurs se sont concentrés, comme il est normal pour un personnage de sa dimension, sur son œuvre et sa pensée. J’aimerais m’attarder d’abord sur sa personnalité, qui est, d’ailleurs, en rapport direct avec son grand labeur d’anthropologue. René Girard n’a été si profond détecteur des abîmes de l’âme humaine qu’en vertu de sa rare humanité. Spontanément, alors que mon fils venait de m’apprendre son décès, je lui ai répondu par un tout petit message : « Sa mort me touche beaucoup. C’était un homme admirable. » Plus je me souviens, mieux je le revois. Simple, cordial, souriant, foncièrement bon. Je l’avais rencontré dès les années soixante-dix, peu de temps après la publication Des choses cachées depuis la fondation du monde. Celui que Jean-Marie Domenach a pu surnommer « le Hegel du christianisme » n’affichait pas la figure austère d’un grand bâtisseur de système. Et s’il y avait des accents prophétiques dans certains de ses écrits, il ne jouait pas au prophète. Ses yeux pétillaient de malice.
    Je n’ai jamais ressenti chez lui la moindre once d’orgueil intellectuel. Cela ne voulait pas dire qu’il n’était pas pénétré de l’importance singulière du travail qu’il avait entrepris, il lui avait consacré toutes ses forces. Mais c’est sa véracité qui lui importait avant tout. Une véracité qui correspondait à son propre cheminement intérieur, à la vérité qui éclairait sa vie. Certains lui ont reproché d’être en somme un apologète du christianisme, ce qu’ils considéraient contraire à la démarche scientifique. Certes, il ne pouvait se défendre d’être chrétien et ce n’était pas sa faute si le christianisme était venu répondre exactement aux questions qu’il se posait. Était-il vraiment rédhibitoire de tenir en même temps un discours complètement rationnel sur l’objet de sa foi et de prononcer le credo du croyant ? Il y avait eu concomitance de la recherche universitaire et de la conversion du cœur. Cette conversion signifiait une adhésion pleine et entière à l’Église catholique, à ses dogmes et à ses lois. Il le dira plus tard sans détour : l’affadissement de la foi, ce n’était pas son genre ! Il fuyait « comme la peste les liturgies filandreuses, les catéchismes émasculés et les théologies désarticulées ».
    C’est à Jean-Claude Guillebaud que nous devons le récit de sa conversion. Il l’a confié, en effet, à un livre qui se situe un peu en marge de son œuvre, mais qui n’en est pas moins solidaire. Je ne sais s’il est encore disponible, mais il sera indispensable à la connaissance approfondie de l’homme ainsi qu’à l’histoire de son œuvre. Cette œuvre n’étant pas étrangère à la notion de conversion, y compris dans sa section consacrée à la critique littéraire.
    Personnellement, c’est la revue Esprit, alors sous la direction de Domenach, qui m’a fait connaître René Girard, grâce à un numéro spécial consacré à La violence et le sacré. Mais je n’ai vraiment subi le choc d’une pensée, au point de devenir franchement girardien, qu’à la lecture Des choses cachées depuis la fondation du monde. C’était l’aboutissement de la recherche, son couronnement. Après la mise en valeur de la méthode d’analyse mimétique (Mensonge romantique et vérité romanesque) et de la théorie du bouc émissaire (La violence et le sacré), nous étions parvenus à un grand moment de révélation, tout à fait saisissant. Car l’auteur nous faisait redécouvrir la Bible avec un regard neuf, et spécialement les Évangiles, pour atteindre le cœur nucléaire que constituait la Passion de Jésus. Impossible de se dérober, de prendre des chemins de traverse, comme trop de contemporains qui pensent que le message passera mieux si l’on esquive la question centrale de la Rédemption.
    À ce propos, mon cas n’est nullement singulier. Je n’ai pas été le seul à avoir été remué, et même profondément troublé par la façon dont René Girard établissait une distinction définitive entre les sacrifices de tous les rituels religieux et la rédemption par la Croix. Mon sentiment est que l’intéressé lui-même a mis un certain temps à trouver les correspondances exactes entre son décapage impitoyable de la violence sacrificielle et la théologie traditionnelle. Il avait quand même de grosses difficultés avec saint Anselme et sa conception très juridique du rachat. Impossible de nier en même temps que cette notion de rachat était énoncée par les trois synoptiques, sans qu’on puisse l’adoucir. Pourtant, Girard était le dernier à vouloir nier que le Christ avait donné sa vie pour le Salut du monde. En aucun cas, il ne désirait amoindrir la réalité de la Rédemption.
    Il me semble qu’il a rendu de grands services à la théologie, même si des objections continuent à lui être opposées. Il m’est arrivé de le défendre face à des opposants assez coriaces. J’avais pour moi le renfort inappréciable du cardinal de Lubac, qui m’avait confié le grand intérêt qu’il avait eu à lire un auteur, qui purifiait la théologie de certaines déviations parfois outrancières. Par ailleurs, l’anthropologue a suscité des disciples parmi les théologiens, voire les biblistes, qui ont éprouvé la valeur de son discernement. Un Raymond Schwagen, par exemple, a pu faire, grâce à lui, le parcours complet de l’affinement et même de l’éclaircissement des relations divines avec la violence. Il y a dans la Bible des traces archaïques, attestant le souvenir d’une divinité violente et vengeresse. Il importe donc de discerner l’évolution qui conduira jusqu’à la figure du serviteur souffrant d’Isaïe. L’originalité spécifique de la Bible consiste précisément dans cette conversion. De même, l’essence de la violence apparaît avec la lumière projetée sur la perversité des persécuteurs, qui projettent sur la victime le reflet de leurs propres crimes. René Girard était conforté dans son intuition initiale : « À tous les sacrifices imparfaits d’une efficacité temporaire et limitée, s’oppose le sacrifice parfait qui met fin à tous les autres » (Schwagen, Avons-nous besoin d’un bouc émissaire ?, Flammarion).
    On a reproché à l’anthropologue de rationaliser à l’extrême, à travers une théorisation scientifique, l’ensemble de la doctrine chrétienne. De là l’idée d’un Hegel du christianisme. Mais René Girard n’a jamais eu la prétention d’épuiser à lui seul le contenu de la Révélation. Il est vrai qu’il est l’homme d’une intuition fondamentale qui lui a permis de se munir d’un fil directeur pour saisir l’originalité et la nouveauté du christianisme. Mais il était, par ailleurs, le fidèle pratiquant, recevant la parole prononcée par l’Église. Dans l’histoire des idées, on trouverait d’autres exemples de penseurs qui ont donné d’autres fils directeurs dont ils avaient comme l’exclusivité. Celui de René Girard n’était-il pas d’une rare pertinence ? Il n’avait pas pour fonction d’abolir d’autres tentatives d’élucidations anthropologiques ou théologiques. Même la notion de sacrifice en ethnologie est susceptible d’autres développements, comme ceux auxquels était attentif un Louis Bouyer. Par exemple, on peut y voir l’action divine dans sa fonction bienfaisante parmi les hommes et à la source de la vie. À mon sens, cela n’enlève nullement sa véracité à la découverte girardienne qui concerne spécifiquement la violence, c’est-à-dire la blessure profonde dont est affectée l’humanité, et dont seule la Rédemption par la Croix peut nous sauver.
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  • L'impact de Nietzsche dans les milieux politiques de gauche et de droite

    L'objet de mon exposé n'est pas de faire de la philosophie, d'entrer dans un débat philosophique, de chercher quelle critique adresse Nietzsche, par le biais d'un aphorisme cinglant ou subtil, à Aristote, à Descartes ou à Kant, mais de faire beaucoup plus simplement de l'histoire des idées, de constater qu'il n'existe pas seulement une droite ou un pré-fascisme ou un fascisme tout court qui dérivent de Nietzsche, mais que celui-ci a fécondé tout le discours de la sociale-démocratie allemande, puis des radicaux issus de cette gauche et, enfin, des animateurs de l'Ecole de Francfort. De nos jours, c'est la political correctness qui opère par dichotomies simplètes, cherche à cisailler à l'intérieur même des discours pour trier ce qu'il est licite de penser pour le séparer pudiquement, bigotement, de ce qui serait illicite pour nos cerveaux. C'est à notre sens peine perdue: Nietzsche est présent partout, dans tous les corpus, chez les socialistes, les communistes, les fascistes et les nationaux-socialistes, et, même, certains arguments nietzschéens se retrouvent simultanément sous une forme dans les théories communistes et sous une autre dans les théories fascistes.
    La political correctness, dans sa mesquinerie, cherche justement à morceler le nietzschéisme, à opposer ses morceaux les uns aux autres, alors que la fusion de toutes les contestations à assises nietzschéennes est un impératif pour le XXIième siècle. La fusion de tous les nietzschéismes est déjà là, dans quelques cerveaux non encore politisés: elle attend son heure pour balayer les résidus d'un monde vétuste et sans foi. Mais pour balayer aussi ceux qui sont incapables de penser, à gauche comme à droite, sans ces vilaines béquilles conventionnelles que sont les manichéismes et les dualismes, opposant binairement, répétitivement, une droite figée à une gauche toute aussi figée.
    La caractéristique majeure de cet impact ubiquitaire du nietzschéisme est justement d'être extrêmement diversifiée, très plurielle. L'œuvre de Nietzsche a tout compénétré. Méthodologiquement, l'impact de la pensée de Nietzsche n'est donc pas simple à étudier, car il faut connaître à fond l'histoire culturelle de l'Allemagne en ce XXième siècle; il faut cesser de parler d'un impact au singulier mais plutôt d'une immense variété d'impulsions nietzschéennes. D'abord Nietzsche lui-même est un personnage qui a évolué, changé, de multiples strates se superposent dans son œuvre et en sa personne même. Le Dr. Christian Lannoy, philosophe néerlandais d'avant-guerre, a énuméré les différents stades de la pensée nietzschéenne:
    1er stade: Le pessimisme esthétique, comprenant quatre phases qui sont autant de passages: a) du piétisme (familial) au modernisme d'Emerson; b) du modernisme à Schopenhauer; c) de Schopenhauer au pessimisme esthétique proprement dit; d) du pessimisme esthétique à l'humanisme athée (tragédies grecques + Wagner).
    2ième stade: Le positivisme intellectuel, comprenant deux phases: a) le rejet du pessimisme esthétique et de Wagner; b) l'adhésion au positivisme intellectuel (phase d'égocentrisme).
    3ième stade: Le positivisme anti-intellectuel, comprenant trois phases: a) la phase poétique (Zarathoustra); b) la phase consistant à démasquer l'égocentrisme; c) la phase de la Volonté de Puissance (consistant à se soustraire aux limites des constructions et des constats intellectuels).
    4ième stade: Le stade de l'Antéchrist qui est purement existentiel, selon la terminologie catholique de Lannoy; cette phase terminale consiste à se jeter dans le fleuve de la Vie, en abandonnant toute référence à des arrière-mondes, en abandonnant tous les discours consolateurs, en délaissant tout Code (moral, intellectuel, etc.).
    Plus récemment, le philosophe allemand Kaulbach, exégète de Nietzsche, voit six types de langage différents se succéder dans l’œuvre de Nietzsche: 1. Le langage de la puissance plastique; 2. Le langage de la critique démasquante; 3. Le style du langage expérimental; 4. L'autarcie de la raison perspectiviste; 5. La conjugaison de ces quatre premiers langages nietzschéens (1+2+3+4), contribuant à forger l'instrument pour dépasser le nihilisme (soit le fixisme ou le psittacisme) pour affronter les multiples facettes, surprises, imprévus et impondérables du devenir; 6. L'insistance sur le rôle du Maître et sur le langage dionysiaque.
    Ces classifications valent ce qu'elles valent. D'autres philosophes pourront déceler d'autres étapes ou d'autres strates mais les classifications de Lannoy et Kaulbach ont le mérite de la clarté, d'orienter l'étudiant qui fait face à la complexité de l'œuvre de Nietzsche. L'intérêt didactique de telles classifications est de montrer que chacune de ces strates a pu influencer une école, un philosophe particulier, etc. De par la multiplicité des approches nietzschéennes, de multiples catégories d'individus vont recevoir l'influence de Nietzsche ou d'une partie seulement de Nietzsche (au détriment de tous les autres possibles). Aujourd'hui, on constate en effet que la philosophie, la philologie, les sciences sociales, les idéologies politiques ont receptionné des bribes ou des pans entiers de l'œuvre nietzschéenne, ce qui oblige les chercheurs contemporains à dresser une taxinomie des influences et à écrire une histoire des réceptions, comme l'affirme, à juste titre, Steven E. Aschheim, un historien américain des idées européennes.
    Nietzsche: mauvais génie ou héraut impavide ?
    Aschheim énumère les erreurs de l'historiographie des idées jusqu'à présent:
    - Ou bien cette historiographie est moraliste et considère Nietzsche comme le « mauvais génie » de l'Allemagne et de l'Europe, « mauvais génie » qui est tour à tour « athée » pour les catholiques ou les chrétiens, « pré-fasciste ou pré-nazi » pour les marxistes, etc.
    - Ou bien cette historiographie est statique, dans ses variantes apologétiques (où Nietzsche apparaît comme le « héraut » du national-socialisme ou du fascisme ou du germanisme) comme dans ses variantes démonisantes (où Nietzsche reste constamment le mauvais génie, sans qu'il ne soit tenu compte des variations dans son œuvre ou de la diversité de ses réceptions).
    Or pour juger la dissémination de Nietzsche dans la culture allemande et européenne, il faut: 1. Saisir des processus donc 2. avoir une approche dynamique de son œuvre.

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  • L’extrême droite en France : l’Œuvre française

    « Quiconque habite en région parisienne a remarqué au moins une fois ces grandes et propres inscriptions au blanc d’Espagne « L’Œuvre française, Pierre Sidos ». Dissipons toute équivoque : L’Œuvre francaise n’est pas un organisme caritatif mais une organisation nationaliste dirigée comme une PME par Pierre Sidos. »
         Âgé de 61 ans, ce dernier appartient à une famille marquée par le nationalisme, et la mort aussi. Avec son père, François Sidos, inspecteur général adjoint au maintien de l’ordre de l’État français et militant du Francisme, fusillé en 1946 suite aux pressions des communistes ; l’un de ses cinq frères, Jean, tué à l’ennemi le 16 juin 1940 ; un autre, Henri, mort au combat en Algérie en 1957. Il était officier de parachutistes tout comme Jean-Pierre Sidos, fils de Pierre, mort l’année dernière à 28 ans dans un accident de la route.
         Pierre Sidos, qui a milité sous l’occupation dans la Jeunesse franciste, passe les premiers mois de la Libération au Struthof où s’entassent les « enfants de collabos ». « C’est de ce temps-là que je garde au cœur une plaie ouverte » dit a-t-il citant le Temps des cerises. En 1954, il crée Jeune Nation, dont l’activisme défraiera la chronique de la IVe finissante. Jeune Nation se singularisera dans l’extrême droite, en s’opposant d’emblée à de Gaulle. Deux jours après le 13 mai 1958, le mouvement est d’ailleurs  dissous. La crise algérienne marquera Sidos : deux ans de clandestinité a partir de la « journée des barricades » puis un an de détention au titre de l’OAS.
         En avril 1968, il fonde enfin l’Œuvre française, qui se veut la résurrection de Jeune Nation.
         Un numéro du Soleil, l’organe du mouvement, proclamait en 1970 : « Nous continuons à travailler dans leur lumière », au dessus de portraits d’Édouard Drumont, de Barrès, de Maurras, du docteur Alexis Carrel et de Brasillach. Ces références françaises n’empêchent pas Sidos de revendiquer l’héritage du fascisme européen, dont il retient notamment le principe du Chef et du parti unique : « Deux pieds ne sont pas supérieurs à une tête » fait-il judicieusement remarquer.
         Dans l’État – où la république – nationaliste, le chef sera désigné par un collège restreint et représentatif de la nation, et seule la mort mettra fin au mandat. « Un système adopté par la papauté » note Sidos, catholique pratiquant et, bien sûr, traditionaliste.
         Naturellement, plus de partis diviseurs et inféodés aux lobbies. « Tout comme Barrès, je suis pour l’état impérial, c’est-à-dire, étymologiquement, sans partis. » Et Sidos de rappeler le précédent de Bonaparte et de sa « république impériale ».
         Une autre caractéristique de l’Œuvre et son antisionisme militant . L’Œuvre a longtemps occupé seule ce dangereux créneau. Le sionisme en France, c’est avant tout certains groupes de pressions bien connus. Curieusement, jamais Sidos n’a eu à subir d’attaques judiciaires de la part du CRIF et autre MRAP. Il a en revanche fait condamner deux fois Pierre Bloch, patron de la LICRA. Son antisionisme a cependant valu à Sidos quelques raids du Bétar, organisation sioniste « d’extrême droite », mais aussi les encouragement du roi Fayçal d’Arabie. Sidos, à ce propos, ne croit pas au concept maurrassien du « Juif bien né », c’est-à-dire patriote ou nationaliste français, bu au juif convertir au catholicisme. Il y a pour lui un déterminisme ethnique plus fort que toute (bonne) volonté. Pour les mêmes raisons, des Arabes ou des Asiatiques ne sauraient être de vrais Français. Mais alors quid de l’Algérie française : « Il fallait garder l’Algérie pour des raisons stratégiques, énergétiques, patriotiques ». Par exemple sous la forme d’un « État associé », un peu comme pour les pays du Commonwealth. On aurait ainsi donné une autonomie aux Arabes sans les « intégrer », c’est-à-dire les naturaliser.

         Revenons en 1988. Et Le Pen ? « Il est le pur produit de la démocratie dans ce qu’elle fait de mieux » pense Sidos, qui conseille à ses ouailles désireuses de voter de le faire pour Le Pen.

    L’armée, on l’a vu, compte chez les Sidos. Pour le chef de l’Œuvre elle est dépositaire des meilleures vertus et traditions françaises. À l’Œuvre, on recommande à tous les jeunes adhérents de faire une préparation militaire supérieure. Le militarisme est d’ailleurs dans l’organisation même : ses membres y portent une sorte de « tenue de parade » – blazer bleu, chemise blanche, cravate rouge (« Pour gommer les différences sociales ») – et les« scouts Jeanne d’Arc » habillent les jeunes de 17 à 20 ans en chemise bleu ciel, foulard rouge et casquette bleue marine.

    Prescriptions pointilleuses également en ce qui concerne les différents emblèmes, drapeaux et insignes du mouvement. « La croix celtique, c’est l’emblème de l’Œuvre française » rappelait une affiche collée par les militants de Sidos, lequel conteste l’utilisation de ce symbole, à la fois païen et chrétien, par les autres groupes nationalistes. Du moins Sidos affiche-t-il sa différence en adoptant une croix blanche, alors que les autres la préfèrent noire, ce qui serait mauvais quant aux réminiscences.

    Dernière nouvelle, l’amende pour le délit de dégradation de monument étant montée à 2.000 francs, l’Œuvre – qui a toujours payé pour ses militants – pourrait renoncer à ses célèbres badigeons. Encore un peu de tradition qui s’envole. 

    Pierre Robin, Le choc du mois, N6, mai 1988. Le dossier « plus loin que Le Pen ».
    L’Œuvre française :
    – Création : avril 1968.
    – Dirigeant : Pierre Sidos (« présideur »).
    – Organe : Le Soleil, bulletin interne.
    – Effectifs : non communiqués.
    – Emblème : la croix celtique ou plus précisément  » Écu en bannière (carré), écartelé d’azur (bleu) et de gueule (rouge), brochant sur le tout une croix celtique d’argent (blanche) ». Existe en insigne métallique émaillé, strictement réservé aux membres.
    – Siège : 4 bis, rue Caillaux, 75013, tél : 47.07.42.53.
  • Bloody Sunday : 43 ans après, un ancien soldat britannique est arrêté

    Âgé de 66 ans, un ex-militaire a été arrêté ce mardi dans le comté d’Antrim, en Irlande du Nord, quarante-trois ans après les affrontements à Londonderry. Il est le premier suspect à être interpellé.

    Ce dimanche sanglant de 1972, treize hommes, âgés de dix-sept à quarante-et-un ans, sont morts sous les balles des parachutistes britanniques. Treize autres ont été blessés; l’un d’entre eux mourrait de ses contusions, quelques mois plus tard.

    Le «Bloody Sunday» est, sans nul doute, l’un des épisodes les plus sombres des trente ans de violences en Irlande du Nord. L’homme arrêté ce mardi et interrogé à Belfast, aurait un lien avec ces événements marquants. Pour le moment, les motifs exacts de sa détention restent inconnus, tout comme son identité. Son arrestation marque, selon Ian Harrison, l’inspecteur en charge de l’investigation, «une nouvelle phase dans l’enquête» menée depuis 2012. L’inspecteur Harrison a malgré tout souligné que les recherches devraient encore durer «quelques temps».

    En quête de vérité

    En quarante-trois ans, trois enquêtes ont été ouvertes sur le «Bloody Sunday». Les conclusions de la première, menée par Lord Widgery, avait été très controversées.

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    Elles suggéraient que les soldats britanniques, qui ont tiré sur la foule ce jour-là, ne faisaient que répondre aux attaques des manifestants armés d’explosifs et de pistolets. C’est seulement vingt ans plus tard, en 1998, à la fin du conflit nord-irlandais, que Tony Blair lança une enquête publique, afin de connaître les circonstances exactes des affrontements de ce 30 janvier 1972.

    Après douze ans de recherches et d’interrogatoires, le rapport rédigé avait conclu en 2010, que des parachutistes britanniques avaient tiré les premiers dans la foule manifestant à Londonderry, deuxième ville nord-irlandaise. Le Premier ministre britannique, David Cameron, avait présenté, dans la foulée, des excuses, décrivant l’action de l’armée comme «injustifiable», «ce qui s’est produit n’aurait jamais, jamais dû se produire. Certains membres de nos forces armées ont mal agi». À la suite de la publication du rapport, l’enquête avait été ouverte de nouveau en 2012. Depuis, aucune information n’avait été divulguée, à l’exception, en septembre dernier, d’une annonce faite par les services de police nord-irlandais, indiquant leur volonté d’interroger sept ex-soldats sur leur implication.

    Paix en danger?

    L’opinion publique est divisée sur la pertinence de poursuites contre les auteurs de ce drame. Certains estiment qu’elles sont indispensables et d’autres craignent qu’elles ne fragilisent le processus de paix et n’ouvrent une boîte de Pandore.

    Nombre des familles des quelque 3500 personnes tuées lors des trente ans de violences pour l’égalité des droits entre catholiques et protestants en Irlande du Nord, n’ont en effet pas eu droit à un procès.

    Des accords de paix ont été conclus en 1998, mettant fin à l’essentiel des troubles dans la province britannique désormais dirigée par une coalition composée de républicains et d’unionistes.

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    http://www.contre-info.com/bloody-sunday-43-ans-apres-un-ancien-soldat-britannique-est-arrete#more-39856