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culture et histoire - Page 1269

  • 1307 : Salut national d'abord !

    À l'aube du 13 octobre, tandis que la France était menacée par la Flandre, les agents du roi arrêtèrent tous les Templiers. Philippe IV le Bel prit tout le monde par surprise pour réaffirmer la souveraineté de la couronne.

    Cette année-là, la vingt-deuxième de son règne, Philippe IV dit le Bel, trente-neuf ans, se trouvait une nouvelle fois tenu d'affirmer par une action d'éclat la souveraineté pleine et entière de la couronne de France.

    Des mesures d'exception devaient être prises

    Nous l'avons déjà vu quatre ans plus tôt (AF 2000 du 1er mai 2008) s'élever avec une rare impétuosité contre l'irascible pape Boniface VIII, lequel prétendait imposer son autorité aux rois même dans les affaires politiques. Philippe, sachant ne tenir sa couronne que de Dieu seul, avait alors osé réclamer la déposition de Boniface dont l'intransigeance mettait en péril l'autorité et l'unité morale du royaume. Le comportement royal, quelque peu insolent, reflétait la fougue de la jeunesse d'une nation en pleine éclosion, et la question avait été réglée tant bien que mal avec les papes suivants, Benoît XI et Clément V, reconnaissant que le spirituel et le temporel devaient rester distincts (ce qui ne signifie pas séparés).

    Le drame des Templiers, qui intervint en cette année 1307, fut, lui aussi, quelque peu douloureux, mais la monarchie capétienne se trouvait en grand péril ; tout devait être subordonné au salut de la France et des mesures d'exception devaient être prises.

    Le péril c'était la Flandre qui menait la guerre contre le roi - une guerre qui nous avait déjà valu la grave défaite de Courtrai en 1303 et qu'il nous fallait à tout prix gagner pour protéger notre sûreté contre l'Angleterre. Philippe IV avait besoin, pour conduire cette entreprise, de beaucoup d'argent. Il avait déjà recouru à la fabrication artificielle de monnaie, ce qui avait déchaîné dans Paris des émeutes contre la vie chère. Il lui fallait aussi empêcher que l'argent français passât les frontières.

    Or, l'ordre du Temple, à la fois religieux et militaire, créé au XIIe siècle pour protéger les pèlerins sur les chemins de Palestine, ne se montrait plus guère fidèle aux intentions pures et désintéressés de ses fondateurs... En créant des divisions entre chrétiens, les Templiers avaient sans doute hâté la chute du royaume franc de Jérusalem. Immensément riches mais ne versant aucun impôt, ils entretenaient en France une véritable armée permanente, ses commanderies s'érigeaient en véritables forteresses et le grand maître avait rang de souverain. En somme un État dans l'État et, qui plus est, une puissance supranationale !

    Une opération de police

    Le roi commença par leur tendre un piège en lançant l'idée d'une hypothétique croisade pour laquelle il demanderait au pape Clément V de fusionner Templiers et Hospitaliers, frères plus ou moins ennemis. C'est alors que réapparut Guillaume de Nogaret. Il avait à Anagni brutalisé Boniface VIII ; il allait cette fois se comporter en « commissaire politique », dit Georges Bordonove, manifestant un zèle démesuré, enquêtant auprès des Templiers exclus de l'ordre pour fautes graves. Il eut vite constitué un dossier accablant (impiété, hérésie, sodomie...), puis dans l'ombre et le silence, sans se soucier de Clément V, il dressa un réquisitoire fulminant. Philippe voulut frapper vite et fort, prendre tout le monde par surprise. À l'aube du 13 octobre 1307, partout en France, les agents du roi arrêtèrent tous les Templiers et les forcèrent aux aveux. Le secret avait été si bien gardé que le grand maître lui-même, Jacques de Molay, qui assistait la veille parmi les princes aux funérailles de Catherine de Courtenay, épouse de Charles de Valois (frère du roi), ne se doutait de rien.

    Des moeurs bien dures...

    Le procès, mené par le grand inquisiteur de France, allait être retentissant et durer quelques années, jusqu'au concile de Vienne où, en 1312, Clément V prononça l'abolition définitive de l'ordre du Temple et la remise de ses biens aux Hospitaliers.

    En fait, pour Philippe, il s'agissait d'un procès politique, et si certains grands dignitaires dont Jacques de Molay furent brûlés comme relaps quand ils voulurent se rétracter, c'était surtout, dit Jacques Bainville, « pour donner à cette opération de politique intérieure un prétexte de religion et de moralité ».

    Cette page dramatique de notre histoire, marquée par les moeurs encore bien dures de ce temps, a souvent terni l'image de Philippele Bel qui, pourtant, en digne petit- fils de saint Louis, encouragea les fondations religieuses, réunit souvent les assemblées représentant le peuple en ses états, accueillit la papauté à Avignon et agrandit la France de la Champagne, de la Marche, d'Angoulême, de Lyon et du Vivarais.

    L'enfantement de la France ne se réalisait pas toujours sans douleur... La fin du règne (le roi mourut le 29 novembre 1314) fut marquée par une montée des mécontentements, mais, dit encore Bainville, « les progrès territoriaux, l'autorité croissante de la France exaltaient au contraire les esprits désintéressés ». 

     

    Michel Fromentoux L’ACTION FRANÇAISE 2000 du 7 au 20 janvier 2010

  • Onfray dans Éléments, panique à «gauche» !

    Pagination augmentée de 50%, nouvelle maquette tout en couleurs, tout le monde ne parle que d’Éléments, l’excellente revue d’idées et de débats, qui a fêté récemment ses 40 ans. Ah, on me dit dans l’oreillette que les commentateurs ne l’ont pas lue et critiquent simplement la présence de Michel Onfray dans le magazine d’Alain de Benoist.

    Nouvelle chasse aux sorcières en cours : Michel Onfray persiste et signe à préférer s’entretenir avec des gens intelligents qui ne sont pas de gauche plutôt qu’avec des crétins politiquement corrects. Le philosophe fait en effet la couverture du dernier numéro d’Éléments, la revue des idées dirigée par Alain de Benoist. Aussitôt la foule des petits censeurs de s’émouvoir, de s’indigner, de vitupérer… oui décidément, Onfray, qui clame partout être de gauche n’est en fait qu’un vil fasciste, un suppôt de l’extrême-droite, un social-traitre, une vipère lubrique, un tigre de papier, un agent double au service de Marine Le Pen, des zeureleplusombres et des idées rances et nauséabondes…

    C’est évidemment bien plus simple que d’ouvrir cette revue écrit petit et serré, avec assez peu d’images (nous n’avons pas encore reçu notre exemplaire pour juger de la nouvelle maquette…) et qui prétend traiter les sujets au fond plutôt que de s’attacher à l’écume des choses, aux étiquettes et aux convenances « intellectuelles » des rédactions parisiennes et états-majors de partis politiciens.
    Alain de Benoist ayant été l’un des fondateurs du mouvement intellectuel de la « nouvelle droite », il est catalogué ad vitam aeternam dans le camp du mal, essentiellement par des gens qui n’ont jamais lu une ligne de lui. Qu’il s’attache à la poursuite de la vérité où qu’elle se trouve, ne s’intéressant en rien aux petites étiquettes qui servent de bréviaire aux « intellectuels » de plateau télé ne fait rien à l’affaire. Nos belles âmes seraient par exemple édifiées du nombre de référence à Marx et à des auteurs marxistes que l’on trouve dans cette revue « d’extrême-droite ».

    Tout cela pour dire que, personnellement, j’attends avec impatience le facteur pour ouvrir mon exemplaire d’Éléments et y découvrir le dossier sur la droite et le poison libéral et – entre autres — les propos de Michel Onfray, avec qui je ne suis pas forcément d’accord, mais dont j’apprécie l’honnêteté intellectuelle, le genre d’attitude subversive qui a tôt fait de vous classer parmi les infréquentables, n’est-ce pas Michel ?

    Charles Dewotine

    http://fr.novopress.info/

  • Le nouveau numéro du magazine Terre et peuple est sorti

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    En savoir plus cliquez ici

    Terre et peuple organisera sa prochaine table ronde le dimanche 29 novembre à Rungis

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    http://euro-synergies.hautetfort.com/

  • Traité de Rapallo (1922)

    16 avril 1922 : Traité de Rapallo : l’Allemagne vaincue en 1918 et l’URSS, sortant de la guerre civile qui avait opposé Blancs et Rouges, concluent un accord bilatéral, sous la houlette de leurs ministres respectifs, Walther Rathenau et Georges Tchitchérine. L’URSS renonce à réclamer des réparations de guerre à l’Allemagne, qui, en échange, promet de vendre des biens et produits d’investissement infrastructurel à la Russie rouge. La conférence de Gênes avait été suggérée par la Grande-Bretagne, pour régler l’ordre d’après-guerre, après que l’URSS ait refusé de payer les dettes de l’Empire des Tsars. Les Britanniques suggéraient une reconnaissance de l’URSS, l’établissement de relations diplomatiques normales et, surtout, visaient à récupérer des intérêts dans les pétroles de Bakou. Le financement par les Britanniques de la contre-révolution blanche avait pour objectif principal d’éloigner le pouvoir rouge, centré autour de Moscou et de Petersbourg, des champs pétrolifères caucasiens : les artisans de cette manœuvre étaient Churchill et le magnat Deterding, de la Shell. L’échec des armées blanches et la reconquête soviétique du Caucase obligèrent les Britanniques à changer de stratégie et à accepter d’intervenir dans le fameux « NEP » (Nouveau Programme Économique), lancé par Lénine. Au même moment, les Américains commencèrent à s’intéresser, eux aussi, au pétrole du Caucase, espérant profiter des déconvenues britanniques, suite à la défaite des armées blanches. Avant le coup de Rapallo, imprévu, un conflit frontal entre la Grande-Bretagne et les États-Unis se dessinait à l’horizon, ayant pour objet la maîtrise planétaire du pétrole. Il se poursuivit néanmoins, par personnes interposées, notamment en Amérique ibérique, mais le bloc informel germano-russe constituait désormais le danger principal, interdisant toute confrontation directe entre Londres et Washington.

    Rathenau n’avait nulle envie, au départ, de lier le sort de l’Allemagne à celui de la jeune URSS. Mais le poids colossal des réparations, exigées par les Français et les Britanniques, était tel qu’il n’avait pas d’autres solutions. En 1921, Londres avait imposé une taxe prohibitive de 26% sur toutes les importations allemandes, contrecarrant de cette façon toute possibilité de rembourser les dettes imposées à Versailles dans des conditions acceptables. L’Allemagne avait besoin d’une bouffée d’air, d’obtenir des matières premières sans avoir à les acheter en devises occidentales, de relancer son industrie. En échange de ces matières premières, elle participerait à la consolidation industrielle de l’URSS en lui fournissant des biens de haute technologie. L’ « Ultimatum de Londres » de 1921 avait exigé le paiement de 132 milliards de marks-or, somme que John Maynard Keynes jugeait disproportionnée, si bien qu’elle entraînerait à terme un nouveau conflit. Pire : si l’Allemagne n’acceptait pas ce diktat, finalement plus draconien que celui de Versailles, elle encourait le risque de voir la région de la Ruhr, son cœur industriel, occupée par les troupes alliées. L’objectif était de pérenniser la faiblesse de l’Allemagne, de juguler tout envol de son industrie, de provoquer un exode de sa population (vers les États-Unis ou les possessions britanniques) ou une mortalité infantile sans précédent (comme lors du blocus des côtes allemandes dans l’immédiat après-guerre).

    Avec le Traité de Rapallo, les Britanniques et les Français voyaient se dessiner un spectre à l’horizon : la relance de l’industrie allemande, le paiement rapide de la dette donc l’échec du projet d’affaiblissement définitif du Reich, et le développement tout aussi rapide des infrastructures industrielles soviétiques, notamment celles de l’exploitation des champs pétrolifères de Bakou, qui serait dès lors aux mains des Russes eux-mêmes et non pas de « patrons » anglais ou américains. Sur tout le territoire allemand, prévoyaient les accords bilatéraux de Rapallo, un réseau de distribution d’essence, dénommé DEROP (Deutsch-Russische Petroleumgesellschaft), permettant à l’Allemagne de se soustraire à toute dépendance pétrolière à l’égard des puissances anglo-saxonnes. Le 22 juin 1922, un peu plus de deux mois après la conclusion des accords de Rapallo, Rathenau fut assassiné à Berlin par un commando soi-disant nationaliste et monarchiste, relevant d’une mystérieuse « Organisation C ». À la fin de l’année, le 26 décembre 1922, Poincaré, lié aux intérêts anglais, trouve un prétexte — l’Allemagne n’a pas livré suffisamment de bois pour placer des poteaux télégraphiques en France — pour envahir la Ruhr. Les troupes françaises entrent dans la région dès le 11 janvier 1923. Les Anglais s’abstiennent de toute occupation, faisant porter le chapeau à leurs alliés français, sur qui retombe tout l’opprobre dû aux 150.000 déportés et expulsés, aux 400 ouvriers tués et aux 2.000 civils blessés, sans omettre dans cette sinistre comptabilité l’exécution du Lieutenant Léo Schlageter.

    L’assassinat de Rathenau n’est pas un fait historique isolé. Les organisations terroristes, chargées d’exécuter les planificateurs politiques de stratégies industrielles jugées inacceptables pour Londres ou Washington, n’ont pas toujours eu une couleur monarchiste et/ou nationaliste, comme dans le cas de Walther Rathenau. Les services anglo-saxons ont aussi, pour exécuter leurs basses besognes, des pantins d’extrême gauche, notamment ceux de la RAF ou Bande à Baader. Ainsi, Jürgen Ponto, Président de la Dresdner Bank, qui avait planifié, avec les Sud-Africains, le retour de l’étalon-or pour pallier aux fluctuations du dollar et du prix du pétrole, fut assassiné le 31 juillet 1977 par des tueurs se réclamant de la Bande Baader-Meinhof. Quelques semaines plus tard, ce fut au tour du « patron des patrons », Hanns-Martin Schleyer. Mais ce n’est pas tout. Le 29 novembre 1989, la voiture blindée d’Alfred Herrhausen, directeur de la Deutsche Bank, explose. Herrhausen avait été le conseiller économique du Chancelier Kohl, à l’époque de la dislocation de l’empire soviétique et des manifestations populaires en Allemagne de l’Est réclamant la réunification allemande. L’Allemagne projetait d’investir dans les nouveaux Länder de l’ancienne RDA, dans les pays de l’ex-Comecon et en Russie. Les milieux financiers anglais et américains craignaient que cette masse de capitaux, destinés au développement de l’Europe centrale et orientale n’alimentât plus les investissements européens et allemands aux États-Unis, ne permettant plus, par conséquent, de maintenir le système américano-centré à flot. La presse anglaise venait de faire campagne, via notamment le Sunday Telegraph, contre l’émergence d’un « Quatrième Reich ». Malgré l’assassinat de Herrhausen, le Chancelier Kohl annonça publiquement, quelques semaines plus tard, que son gouvernement envisageait le développement des grands moyens de communication en Europe, notamment la création d’un chemin de fer Paris-Hanovre-Berlin-Varsovie-Moscou.

    La mort tragique de Herrhausen fut le premier acte d’une contre-stratégie anglo-saxonne : pour ébranler cet axe Paris-Berlin-Moscou en gestation, il fallait frapper à deux endroits, dans les Balkans, où commence alors le processus de dislocation de la Yougoslavie, et en Irak, site des principaux champs pétrolifères de la planète. De Rapallo aux guerres contre l’Irak et de celle-ci à la proclamation unilatérale de l’indépendance du Kosovo, il existe un fil conducteur bien visible pour ceux qui n’ont pas la naïveté de prendre pour argent comptant les vérités de propagande diffusées par les grands médias internationaux et les discours larmoyants sur les droits de l’homme bafoués que glapissaient les Lévy, Glucksmann et autres Finkelkraut (Robert Steuckers).

    • Source (à lire et à relire !) : William ENGDAHL, Pétrole : une guerre d’un siècle – L’ordre mondial anglo-américain, éd. Godefroy, 2007.

    http://www.archiveseroe.eu/traites-a112656428

  • L’Âge du Bronze européen

     Recension : Britta Verhagen, Götter am Morgenhimmel, Grabert-Verlag, Tübingen, 1983, 319 p.

    Britta Verhagen s’efforce, dans son nouvel ouvrage, de comprendre, de retracer les grandes lignes de la religiosité propre aux hommes de l’Âge du Bronze nord-européen. Cette “civilisation” préhistorique sans villes et sans constructions de pierre a été, affirme Britta Verhagen, une ère où la richesse matérielle était abondante. Les fouilles prouvent que, dans le Nord de l’Europe, régnait, dans les mœurs, une sorte de bon goût, un sens aigu pour les formes épurées, pour une sorte de noble simplicité, pour l’harmonie et l’équilibre des formes. Le mode de vie était manifestement “acculturé”. Les soins corporels mobilisaient beaucoup d’attention : les tombes, qui contenaient sans nul doute des biens périssables, nous ont révélé des objets d’usage quotidien qui ne sont réapparus que beaucoup plus tard : vêtements cousus et brodés, chaussures de cuir, boutons avec boutonnières, épingles de sûreté, étuis peints ou “pyrogravés”, boîtes de métal contenant des bijoux ou du matériel de couture. La décoration de ces objets était sobre, jamais surchargée.

    Comme le prouvent les travaux les plus récents de l’archéologie (Colin Renfrew, etc.), l’Europe du Nord-Ouest constitue le berceau territorial des Pré-Indo-Européens. Ceux-ci se sont par la suite divisés entre Indo-Européens de l’Ouest et Indo-Européens de l’Est. Britta Verhagen analyse les cycles mythologiques, interprète les représentations rupestres dans une vaste zone géographique qui part de l’Europe Occidentale et s’étend jusqu’en Asie centrale. Elle cherche ainsi à distinguer les acquis culturels et religieux provenant de l’Âge de la Pierre de ceux qui remontent à l’Âge du Bronze et de ceux qui sont plus récents. Pour l’Âge du Bronze, les résultats de ses recherches bouleversent les idées établies : on ne trouve ni ce monothéisme solaire qui se passe d’images anthropomorphiques du divin ni le Valhalla des Vikings avec ses Ases et ses Vanes. L’image centrale de cette religiosité est celle d’un homme jeune, debout sur un char solaire ou dans un esquif dont la figure de proue est un cygne ; il est entouré de femmes vêtues de blanc, ses habits sont bleus, il porte une couronne de rayons lumineux, des boucles d’oreilles en trois éléments, des spirales de bronze sur la poitrine. Cette figure semble faire rayonner autour d’elle une puissante lumière. Elle doit avoir été le symbole, non seulement de l’Europe septentrionale de l’Âge du Bronze mais aussi de contrées plus vastes et d’âges plus proches de nous.

    Le dieu grec Hermès était, à l’origine, un dieu chargé de soutenir le monde comme plus tard en Germanie l’arbre Irminsul ou, ailleurs, les Menhir. Dans un guide pour l’église de Fulda en Allemagne, on lit qu’un type particulier de colonne symbolise le Christ qui porte le cosmos. Britta Verhagen pense pouvoir trouver des analogies entre la religiosité de cet âge immémorial et celle qui subsiste encore de nos jours.

    Le “père sacré” des origines, figure commune à tous les peuples indo-européens, apparaît souvent, en tant que “père tutélaire”, chez de nombreux peuples : c’est Mannus chez les Germains, Manu chez les Arya des Indes, Manes chez les Phrygiens et chez les Égyptiens ; Narmer-Menses, quant à lui, était l’unificateur de la Haute et de la Basse Égypte ; il y avait en outre Minos en Crète. Quant au Christ, dans la Wessobrunner Gebet, il est appelé manno.

    À plusieurs reprises, Britta Verhagen critique la vision conventionnelle de l’ex oriente lux. Elle écrit : « Cette Europe Septentrionale est la seule région où l’on voit surgir les tombes mégalithiques à partir de coutumes funéraires plus archaïques. C’est très vraisemblablement le résultat d’une évolution ininterrompue depuis les pratiques funéraires de l’Âge de la Pierre moyen ». L’archéologue allemande, pour prouver sa thèse, se penche sur les seules cultures mégalithiques encore subsistantes (du moins jusqu’à la Seconde Guerre mondiale) d’Asie du Sud-Est et de Polynésie.

    Le sens, qui préside à l’érection de ces pierres gigantesques, est dérivé d’un culte des morts et des ancêtres. Le mégalithe assure la vie éternelle du défunt. Il est son souvenir tout en étant le mort lui-même, présent dans le paysage sous la forme d’une masse de pierre. Là, très souvent, il reçoit des offrandes de la part de ses descendants. Nous avons hérité de cette pratique d’ériger des pierres tombales. Britta Verhagen scrute attentivement le monde des récits mythologiques : « Un grand nombre de chants de l’Edda sont les restes de drames très anciens qui se lisent comme la structure dramatique d’un texte moderne. Ces textes ont sûrement, jadis, été joués. Ultérieurement, ils sont devenus les “mystères” évoquant la vie, la geste des héros solaires ».

    L’Âge du Bronze Nordique ne connaissait ni le culte d’Odin-Wotan ni celui de Thor. Les signes solaires de Posides (le dieu jeune, cf. supra), avec ses chevaux et ses cygnes, dominent incontestablement la scène. Nulle part, on ne repère la trace des loups et des corbeaux d’Odin. À la suite des migrations successives des Indo-Européens, c’est ce culte du jeune dieu de la lumière et de la justice qui essaime de par le monde.

    Et non celui d’Odin, dieu-loup borgne, chevauchant son coursier à huit pattes, coiffé de son chapeau mou. Odin-Wotan est en fait une divinité hivernale qui fit son apparition, en Europe du Nord, après un formidable bouleversement climatique : quand les hivers rudes et les tempêtes violentes ont houspillé le temps ensoleillé qui régnait auparavant sur le Royaume d’Atlas (un des noms que la figure divine primordiale a reçu dans la mythologie grecque).

    Comment le Nord de l’Europe est-il passé du culte de l’Âge du Bronze à celui des Germains et des Vikings ? Britta Verhagen pense que la transition s’est opérée au moment du retour des Cimmériens (fixés sur les rives de la Mer Noire) vers 500 av. notre ère. Ce retour vers l’Europe Centrale s’est effectué lors d’une détérioration du climat et a provoqué, peut-être, une première mutation consonantique des langues germaniques (ou, plutôt, pré-germaniques). Ainsi, Odin vieillit de 1.000 ans, comme le croit aussi le mythologue danois Dan Hemming, qui voit en Odin la figure divinisée d’Attila, roi des Huns.

    ► Dr. Wollatz, Vouloir n°5, 1984.

    http://www.archiveseroe.eu/age-du-bronze-a118582482

  • La littérature jeunesse décryptée

    Le 30 septembre 2015, Anne-Laure Blanc, spécialiste de la littérature jeunesse et auteur d'Une bibliothèque idéale - Que lire de 5 à 11 ans ? a donné une conférence sur les ouvrages dédiés aux moins de vingt ans. Cette rencontre a été organisée par SOS Éducation, association loi 1901 d'intérêt général et indépendante qui milite pour une école de qualité. La conférence est relayée dans le cadre d'une série de vidéos réalisées par le Collège latin, école préceptorale et hors-contrat située à Paris.

    Anne-Laure Blanc y expose l'histoire de la littérature jeunesse et donne des clés concrètes pour sélectionner les ouvrages. Les bons titres, les âges cibles, l'influence des éditeurs, le vocabulaire... tout y est décortiqué et analysé. Une conférence à voir et à revoir par quiconque veut transmettre l'amour de la lecture aux jeunes générations.

    Michel Janva

  • Famille et tribu

    Comme l’avaient vu Herbert Spencer ou Werner Sombart, toute société humaine oscille entre la priorité donnée à la vie économique ou à la vie militaire. Le fait que le militaire domine n’engendre pas nécessairement la guerre. Sparte était moins aventureuse qu’Athènes en la matière. Ce sont des civils qui ont poussé à la deuxième guerre mondiale et non les militaires de carrière soucieux de préserver l’instrument militaire. Dans le cas du 3ème Reich, c’est le haut état-major militaire qui s’opposa le plus aux projets aventureux d’Hitler d’où des remaniements successifs dans la haute hiérarchie militaire.
    La prédominance de l’économie ou de l’armée a par contre des répercussions importantes sur l’éthique sociale dans son ensemble ou dans l’équilibre entre l’élément masculin et l’élément féminin. La prédominance de l’économie se traduit par la prédominance de la femme dans la famille, comme le montre le modèle américain. La prédominance de la femme entraîne une prédominance de la logique de la famille sur la logique de la tribu, et entraîne un affaiblissement du lien social au profit de l’individualisme.
    Il semble en effet, selon les travaux des éthologues (science du comportement) que les hommes établissent des liens d’amitiés non sexuels qui sont nécessaire pour chasser de façon efficace et donc en petits groupes masculins. Les hommes, lorsque les femmes leur en donnent la liberté, se regroupent volontiers en groupes masculins pour faire du sport, de la politique, de la religion ou de la philosophie (l’église comme la maçonnerie sont des sociétés à dominante masculine) ou d’autres activités analogues. Les femmes mettent la priorité sur la famille et non sur la tribu. Dans une société totalement militarisée, l’homme domine le système social, y compris familial (patriarcat). Dans une société vouée de façon unidimensionnelle à l’économie, c’est la femme qui est dominante car c’est le comportement de consommation qui est la « cause finale » de toute activité professionnelle. C’est le cas dans l’Occident actuel.
    Il semble qu’une société équilibrée doit éviter la domination totale d’un sexe comme de l’autre, ce qui signifie dans notre société actuelle, qu’il faudrait revaloriser la fonction militaire. L’indifférence sur l’avenir de la tribu, propre à une société totalement centrée sur la famille, pèse sur l’avenir collectif : affaiblissement démographique, immigration envahissante, disparition de l’esprit de défense menacent la survie collective sans que l’opinion publique de la société marchande, dominée par l’élément féminin de façon trop exclusive, ne s’émeuve.
    Le déclin des formes sociales plus masculines, église, armée, syndicats, partis, clubs, est concomitant d’un individualisme exacerbé, propre à une « société de consommation » dominée par l’élément féminin. La femme, toujours selon les éthologues, est moins portée à la formation de liens sociaux du type de la « bande d’amis » car elles n’ont pas été particulièrement programmées par l’évolution pour la chasse collective mais plutôt pour la cueillette individuelle. Les rivalités individuelles sont beaucoup plus affirmées dans une société féminisée où la solidarité masculine est en déclin avancé.
    Les formes extrêmes de société, militarisation et masculinisation totale (fascisme et communisme), marchandisation et féminisation totale (Occident anglo-saxon libéral ou social-démocrate) semblent être moins bien adaptée à la survie à long terme du corps social. Elles se traduisent aussi par des coûts psychologiques importants, l’insatisfaction touchant d’ailleurs les deux sexes, de façon plus ou moins accentuée.
    Il est difficile de rétablir un équilibre une fois qu’il a été rompu. Les sociétés militaires sombrent dans la défaite militaire ou dans l’implosion provoquée par l’inefficacité économique ou à l’inverse par l’effet du luxe sur les mœurs. Les sociétés de consommation, centrées exclusivement sur l’économie, peuvent sombrer par déclin économique (mauvaise gestion des équilibres à long terme provoqué par la prédominance des managers sur les « vrais » propriétaires) ou par dissolution du corps social.
    L’exemple de la Suisse montre à travers l’initiative populaire sur la suppression de l’armée (2001) que celle-ci n’a pas qu’une fonction étroite, fonctionnelle, de défense. En Suisse, une très grande majorité des citoyens s’est prononcée, femmes et hommes, pour le maintien de l’obligation militaire qui ne touche que les hommes. Ces derniers voient dans les tranches annuelles de périodes militaires tout au long de la vie, des périodes de sport et de camaraderie ressenties comme un enrichissement. Les femmes elles-mêmes ne se sont pas opposées à cette vision. La démocratie a des fondements historiques indiscutablement militaires. L’équilibre entre l’armée et l’économie caractérise les régimes démocratiques alors que les sociétés marchandes sont en réalité non démocratiques mais oligarchiques.
    Il est de l’intérêt de tous qu’un équilibre soit rétabli entre l’armée et l’économie, entre la tribu (la nation) et la famille, entre le monde masculin et le monde féminin. Cela passe par l’abandon de l’armée de métier, propre aux sociétés marchandes anglo-saxonne et par une revalorisation matérielle mais surtout psychologique de la fonction militaire.
    Yvan Blot, 26/08/2009

    http://archives.polemia.com/article.php?id=2332

  • Bismarck

    ♦ Recension : Lothar Gall, Bismarck, le révolutionnaire blanc, Fayard, Paris, 1984, 845 p.

    Auteur d’une biographie de Benjamin Constant, d’un essai sur le libéralisme et d’une approche du “problème Bismarck” dans l’historiographie depuis 1945, Lothar Gall nous propose cette fois une biographie impressionnante d’un des hommes d’État les plus fascinants du XIXe siècle. Le lecteur francophone lira avec profit ce monumental ouvrage (845 pages !), qui présente un acteur essentiel de l’histoire européenne et de l’histoire des relations franco-allemandes depuis 1870. Créateur de l’Empire allemand sur les ruines du Second Empire français de Napoléon III (”Napoléon le petit”, écrivait avec acrimonie Victor Hugo de son exil), Bismarck reste une figure aussi mystérieuse que méconnue du public français.

    Otto Eduard Leopold von Bismarck-Schönhausen fut hobereauprussien. De par ses origines, il fut et reste symbole négatif pour la plupart des Français : celui du pangermanisme, de l’impérialisme allemand du XIXe siècle. Mais cette image, plus proche de la caricature que de la réalité historique, ne doit pas cacher son rôle essentiel dans l’édification d’une monarchie préoccupée, même si ses raisons n’étaient pas celles du mouvement socialiste, d’assurer aux travailleurs allemands la sécurité sociale et un bien-être supérieur à celui des autres travailleurs européens. La “paix sociale” est une construction bismarckienne très en avance sur son temps. Il fallut attendre 1920 en Italie et 1936 en France pour voir d’autres États européens engager des politiques similaires.

    Pourtant, la somme de Gall appelle quelques remarques critiques. La Nation allemande reste marquée par le système institutionnel, par les partis et les groupes sociaux nés sous Bismarck. C’est la raison essentielle pour ne pas considérer, écrit Gall, l’ère historique bismarckienne comme définitivement close. Gall, en désignant Bismarck ”révolutionnaire conservateur”, engage une polémique. Selon certains critiques allemands, comme Hans Georg von Studnitz, l’analyse de Gall serait mutilée par le mental néo-allemand, formé sous l’ égide des “rééducateurs” américains d’après 1945. Certes, notre époque n’a plus le goût des biographies apologétiques, mais l’esprit critique, pour être juste et efficace, ne doit-il pas s’abstraire du Zeitgeist [esprit du l'époque] et se replacer résolument dans le contexte qu’il étudie ?

    Produit du XIXe siècle, le Reich de Bismarck n’est ni plus ni moins “moral” que le “British Empire” de Disraëli, que l’Italie de Cavour ou la France de Napoléon III. Gall critique le style politique de Bismarck sur trois plans. D’abord, il l’estime “privé de principes”, “amoral” et exclusivement préoccupé d’accroître sa puissance. Pourquoi adresser tel reproche à Bismarck seul ? Par-delà cette attaque ad hominem, n’est-on pas en droit de repérer un vœu anti-politique proprement idéologique (libéral ou “gauchiste”), typique de l’historiographie culpabilisante ouest-allemande ? Persuadés que la politique s’accomplit selon un “Plan” (?), divin ou “rationnel”, les adeptes de cette méthode historique sont mal à l’aise devant la politique du “risque calculé” pratiquée par Bismarck et éloignée des préoccupations fumeuses des idéalistes de toutes espèces.

    La masse d’informations réunies par Gall est impressionnante et instructive ; on attend tout de même encore la biographie qui correspondrait aux critères de la Realpolitik bismarckienne. Un axe de recherches que nous suggérons : le rôle des formations politiques confessionnelles dans la diplomatie européenne. Mettre l’accent sur le Kulturkampfde Bismarck contre les agents allemands du Vatican, qui mettent, tout comme leurs héritiers d’aujourd’hui, des intérêts partisans et des dogmes saugrenus (tels l’infaillibilité pontificale) au-dessus des nécessités vitales des peuples. En 1911, Arthur Böhtlingk (in : Bismarck und das päpstliche Rom) avait amorcé pareille approche. Il faudrait continuer.

    ► Ange Sampieru et Michel Froissard (pseud. RS), Vouloir n°6, 1984.

    http://www.archiveseroe.eu/bismarck-a118589182

  • Jean Mabire ou les libertés enracinées

    Disparu il y a presque dix ans, Jean Mabire ne semble plus guère subsister que dans la mémoire émue de ses anciens amis et des quelques orphelins littéraires – dont votre serviteur – d’un conteur hors-pair qui, à l’instar d’un Jean Raspail, d’un Vladimir Volkoff voire d’un Serge Dalens, a nourri l’imaginaire d’une jeune génération de militants nationalistes (camelots, gudards, FNJ ou autres) puisant dans leurs œuvres un idéal d’aventure débridé qu’elle cherchait à éprouver dans la rue.

     

    Celui qui célébrait « la grande aventure, les prouesses guerrières, sous n’importe quel drapeau » (Eric Lefèvre) savait aussi ressusciter, avec une verve narrative sans pareille, l’éclat de la fantastique geste des Vikings à l’origine de sa chère Normandie et tout aussi bien parler de littérature (voir les 9 tomes de Que lire ?, véritable anthologie de littérature mondiale). Reste aujourd’hui, pour cette génération désormais « rangée des voitures », comme pour celle, 2.0, qui lui succède, une association chargée d’entretenir, non seulement sa mémoire et la diffusion de son œuvre, mais aussi un certain souffle vital. Celui-ci était particulièrement vivace, le 27, septembre dernier, dans le Vexin français, aux marches de la Normandie, lors de son assemblée générale annuelle où, autour d’une petite cinquantaine de membres, chacun des orateurs (Francis Bergeron, Philippe Randa et Pierre Vial) rappela qu’au-delà d’une œuvre immense (une centaine de livres et des articles innombrables), Mabire, Normand, Français et Européen tout ensemble, s’attacha surtout à insuffler un fraternel esprit de concorde entre nations européennes, pourvu que leurs peuples veillassent à n’être jamais coupés des terres héritées de leurs pères comme de leurs traditions indivises. Il suffit de lire le superbe et substantiel bulletin semestriel diffusé par l’association, pour se rendre compte que « Mait’Jean » plaçait plus haut que tout la défense de nos héritages antiques, boréens et celtes, grecs et romains, païens et chrétiens. Si l’on devait résumer, sous une formule lapidaire, le testament intellectuel et spirituel de Jean Mabire, nous dirions que nos libertés sont charnelles pour autant qu’elles sont enracinées. A l’issue de la journée, les participants furent d’ailleurs invités à revivre symboliquement le solstice 21 juin 1948 où, au pied de la petite église romane, alors en ruine, de Marquemont, Mabire et des camarades flamands, bretons, allemands, refermèrent les plaies fratricides ouvertes par leurs parents. Cette ardente « Communauté de jeunesse » jettera les bases des futurs Scouts d’Europe.

    Amis de Jean Mabire, 15 route de Breuilles – 17 330 Bernay Saint-Martin www.jean-mabire.com

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Jean-Mabire-ou-les-libertes