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culture et histoire - Page 1273

  • Jean-Christophe LEVEQUE au Centre Lesdiguières

    Le Centre Lesdiguières vous invite à la conférence de Jean-Christophe LEVEQUE , professeur d’économie, co-auteur du livre annonciateur des échecs économiques que nous connaissons aujourd’hui : « L’Europe qui sombre… De la stratégie de Lisbonne au projet de Constitution … l’échec ».

    "Et si l’euro était responsable de la faillite grecque ?"

    lundi 19 octobre 2015 à 20 h.

    salle 1er étage - 10 place Lavalette, 38000 Grenoble (Tram arrêt : « Notre-Dame »)

    La conférence sera suivie d’un buffet convivial (Participation aux frais)

     

    Les médias et la pensée unique nous abreuvent de la prétendue responsabilité du peuple grec pour expliquer l’état de faillite dans lequel se trouve ce pays. Mais qui osera inverser la question ? Quelle est la part de responsabilité de l’euro dans la faillite grecque ? Un modèle de monnaie unique construit sur les principes de l’économie Rhénane est-il vraiment transposable sur les bords de la mer Egée ?"

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Jean-Christophe-LEVEQUE-au-Centre

  • "La droite française n'a jamais vraiment cru aux idées"

    A l'occasion de la sortie de son dernier livre, A demain Gramsci, Gaël Brustier a accordé un long entretien à FigaroVox. Extrait :

    XVM05eee932-6e9f-11e5-8e72-dafe53665b28-100x150"[...] La gauche a longtemps gagné dans les urnes pendant que la droite gagnait dans les têtes. Aujourd'hui, l'urgence pour la gauche semble de survivre aux périls politiques et électoraux qui s'annoncent… car cette fois, si les droites l'emportent, le terrain des luttes sera considérablement modifié, au bénéfice durable de ces dernières. L'époque du mouvement de balancier est révolue. [...]

    Les «néoconservateurs» français, dont la vulgate est désormais devenue la plus courante à Paris, se sont organisés après les grands rassemblements de 2003 contre la Guerre en Irak. Beaucoup viennent de la gauche, agissent d'ailleurs au sein ou auprès des partis de gauche. Ils ont construit un adversaire: «l'islamo-gauchiste», dont l'existence s'inspire d'une forme de naïveté souvent rencontrée d'une partie de l'extrême gauche vis-à-vis du fondamentalisme islamique mais dont l'influence est extrêmement faible, y compris sur la gauche radicale et ne justifie pas qu'on l'érige en problème principal de la société française. Chemin faisant, ils ont utilisé davantage les mots de la République… souvent contre les idéaux de la République. 

    Le conservatisme «LMPT», de la nouvelle génération, est un conservatisme philosophique au sens le plus classique du terme, qui n'est en rien «néo», qui ne part pas des mêmes postulats que les «néoconservateurs». Ces (jeunes) conservateurs parent leur conservatisme «d'écologie», de «décroissance» ou de préoccupations sociales, ce qui n'est absolument pas étonnant de la part de conservateurs cohérents et brouillent un peu les pistes idéologiquement, ce qui est de bonne guerre. Utiliser le terme «conservateur» n'est en rien dépréciatif, soit dit en passant. 

    Il est cependant intéressant de considérer les deux comme des réponses idéologiques à la crise actuelle...

    La gauche a perdu la bataille des idées. Cela signifie-t-il pour autant que la droite l'a gagnée?

    La droite française n'a jamais vraiment cru aux idées. C'est le grand paradoxe de sa victoire: elle n'a pas cru aux idées et tire parti d'un univers de représentations, d'une vision du monde qui doit beaucoup à l'effacement de la gauche. L'idée que nous vivons un «déclin» civilisationnel est centrale dans la percée des idées droitières, dans leur vaste gamme d'ailleurs. [...]

    La droite française n'est pas idéologique, c'est un fait. Hormis le travail réalisé avant 2007 par l'équipe de Nicolas Sarkozy, on ne distingue guère de travail idéologique d'ampleur à droite. Peu idéologique la droite française donc… mais constatons que le FN ne l'est guère plus qu'elle désormais, maintenant que les Le Gallou, Mégret et autres anciens du Club de l'Horloge vivent à ses marges

    En revanche, droites et droites extrêmes captent un univers d'images et de symboles à son profit: la rhétorique «républicaine» de l'ex-UMP est symptomatique. Dans le contexte actuel, la droite n'a pas à faire beaucoup d'efforts pour tirer parti et bénéfice d'un univers d'images et de représentations qu'elle ne contribue - dans sa version partisane - que partiellement à organiser. [...]"

    Michel Janva

  • Réforme du collège : des milliers de manifestants

    La manifestation contre la réforme du collège a été suivie par Boulevard Voltaire :

    "Sous un beau soleil d’automne, ils étaient un peu de plus de 8.000 selon la police, deux fois plus selon le Snes, principal syndicat du secondaire, à battre le pavé pour cette manifestation nationale derrière une banderole réclamant l' »Abrogation de la réforme, un autre projet pour le collège ».

    L’intersyndicale, qui souhaitait voir dès samedi la ministre de l’Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem, « pourra être reçue » dans les prochains jours, a affirmé le ministère."[...]

    "Tout de noir vêtus, des membres du Snalc portent un cercueil. « On enterre la réforme », espère le président de ce syndicat classé à droite, François Portzer. « La ministre n’a pas pris la mesure du mécontentement. »

    Bien que manifestant aux côtés du Snes (et de FO, CGT Educ’action, SNCL, Sies…), le Snalc propose des solutions très différentes de celles du principal syndicat. Il prône « un collège modulaire », avec des groupes de niveau, ce qui peut se traduire par la fin du collège unique."[...]

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    Marie Bethanie

  • La "dissidence" à l'assaut du camp national et patriotique

    Ukraine, Syrie, Iran, Palestine, Venezuela, ... tous ces pays et territoires qui connaissent des crises politiques ou des guerres sont passés au crible par la « dissidence ». Ses conceptions se sont diffusées de façon virale par le biais d'internet et ont un véritable succès au point d'avoir pénétré très largement des milieux politiques et philosophiques très divers. Mais qui sont les messagers ? Quel est leur message et quelles sont leurs cibles ? 
    Quels messagers ? 
    La « dissidence » réunit un aréopage de personnalités diverses. Thierry Meyssan, Alain Soral ou Dieudonné ont contribué à diffuser, chacun à leur façon, une approche de l'actualité et des phénomènes en cours dans le monde depuis la fin de la Guerre froide. Ces personnalités ont toutes au moins un point commun : elles sont issues de l'extrême-gauche. Et si on étudie le sujet de plus près, on découvre d'autres points communs. Dieudonné participa par exemple aux conférences « Axis for Peace » organisées par le Réseau Voltaire. Celles-ci réunissaient des personnalités opposées à l'impérialisme des Etats-Unis. Outre les activistes que je mentionnerai au cours de mon développement nous trouvions également l'entourage de Lyndon LaRouche, des cadres du parti « Solidarité & Progrès » ou encore l'historienne communiste (et antifasciste) Annie Lacroix-Riz. Meyssan et Dieudonné ont également des connexions avec les milieux chiites et en particulier l'Iran et la Syrie alaouite. Meyssan, comme Dieudonné, ont été reçus en Iran comme des personnalités de premier plan et même comme analyste pour le premier. Toute la galaxie anti-sioniste de la dissidence est fortement connectée aux réseaux iraniens et chiites (comme le centre Zahra et bien entendu les cellules de soutien au président Assad). Si on regarde de plus près le Réseau Voltaire, nous trouvons d'autres noms qui nous sont familiers, d'autres un peu moins, mais qui ont tous contribué au dit réseau, sur lequel nous allons concentrer notre propos. Ces personnalités ont initié les prises de position de la dissidence et plus largement, de toute une partie de ce que le système range dans l'extrême-droite et l'extrême-gauche « complotiste ». 
    Le Réseau Voltaire est initialement un réseau de gauche et d'extrême-gauche favorable à la liberté et à la laïcité (d'où la référence à Voltaire) et qui a pris une tournure particulière à partir du 11 septembre sans pour autant renier ses anciennes attaches. Citons en ce sens l'exemple de Michel Collon, journaliste belge, qui fut un des principaux animateurs sur le site du Réseau Voltaire de la défense du Venezuela de Chavez. En France, le responsable du Réseau Voltaire n'est autre qu'Alain Benajam qui est en première ligne dans le soutien au Donbass. Sur ce qui semble être son site internet, nous trouvons des liens vers les sites habituels plébiscités par « la dissidence » comme « reopen911 » mais également, plus intéressant, un lien vers le « Comité Valmy ». Ce dernier est dirigé par un certain Claude Beaulieu qui définit son groupe lors d'une entrevue donnée à Riposte Laïque de Pierre Cassen (un autre ex-gauchiste souverainiste et républicain) comme : « une organisation républicaine et progressiste, patriotique, internationaliste et anti-impérialiste. Son origine se situe dans le combat républicain et pluraliste mené contre la ratification du traité de Maastricht. ». Ces positions se rapprochent de celles de Benajam qui est également hostile à toute construction européenne, celle-ci étant considérée comme un projet américain visant à vassaliser les nations européennes et à les priver de liberté. Quand ce n'est pas carrément un « projet nazi »... On comprend là aussi d'où viennent tous les discours caricaturaux sur la construction européenne... et sur l'Allemagne. Un récent article en italien citant Thierry Meyssan, présentait l'€uro comme un « projet nazi » visant à détruire l'Europe. Rien que ça ... 
    Un autre nom ayant gravité dans le Réseau Voltaire n'est pas tout à fait inconnu puisqu'il écrit dans Krisis, revue issue de la Nouvelle Droite. Il s'agit de Claude Karnoouh, anthropologue. Tout comme Benajam, il est issu de l'extrême-gauche. 
    D'autres noms nous sont moins connus mais n'en sont pas moins intéressants. Nous pouvons citer Issa el-Ayoubi, journaliste libanais, cadre du parti socialiste national syrien et descendant de Saladin el-Ayyoubi, célèbre pour avoir vaincu les croisés chrétiens au cours du Moyen Âge. C'est donc le membre d'une très importante dynastie et d'une famille très influente dans le monde arabo-musulman. Bien que son parti nous soi de prime abord sympathique, sa présence comme cadre du Réseau voltaire n'est pas dénuée de sens et démontre le lobbying qui s'effectue au sein de la dissidence. Mais il y a un personnage méconnu qui est bien plus intéressant. Une rapide recherche nous permet de relier le nom de James Petras, professeur émérite de sociologie et contributeur au Réseau Voltaire, à un ouvrage intitulé Ukraine le coup d'état fasciste orchestré par les États-Unis dont une sous partie s'intitule « Le Putch de Kiev, les prolétaires rebelles prennent le pouvoir à l'Est » ce qui n'est pas sans rappeler la propagande des pro-kremlin et pro-donbass nous présentant la vision romantique des prolétaires du Donbass se soulevant contre la junte fasciste de Kiev soutenue par les USA... Théorie très en vogue dans les milieux eurasistes et nationaux-bolcheviques et massivement véhiculée par Alain Benajam et ses soutiens, elle s'est imposée (en réalité de façon étonnante) assez largement dans la mouvance nationale et dans le spectre des droites. James Petras a en commun avec Michel Collon d'avoir œuvré aux conférences anti-impérialistes « Axis for Peace » et d'être un soutien important de la gauche latino-américaine. Proche entre autre de Salvador Allende, il a également soutenu Hugo Chavez et différents mouvements en Bolivie ou au Brésil mais aussi le social-démocrate grec Papandreou dans les années 80'. L'obsession des putsch fascistes soutenus par la CIA vient précisément du contexte américain où les Etats-Unis ont appuyé des régimes réactionnaires contre les mouvements marxistes. On songera bien sur à Pinochet que Petras a combattu. Il dénonce également le pouvoir des sionistes aux Etats-Unis en particulier l'AIPAC ou le B'nai B'rith (c'est à dire en réalité des ramifications de la droite dure israélienne). Son profil est intéressant car il est issu de la gauche trotskiste états-unienne. Plus jeune il était activiste au sein du mouvement de jeunesse du Parti socialiste des travailleurs, un mouvement trotskiste en pointe dans l'opposition à la guerre du Vietnam ou dans le combat pour les minorités ethniques et qui eu des connexions avec les réseaux lambertistes français. C'est sans surprise que nous retrouvons James Petras comme rédacteur de la New Left Review, un journal britannique de gauche, marxiste et anti-impérialiste fondé en 1960. Nous connaissons bien, en Europe, la capacité de nuisance des trotskistes, leurs qualités pour infiltrer et influencer les différents mouvements ou courants. Il est intéressant de voir que les délires des militants français sur le « pustch nazi de Kiev » remontent probablement à un activiste trotskiste états-unien... 
    Enfin, intéressons nous à un dernier personnage, Giulietto Chiesa, également contributeur régulier pour le Réseau Voltaire. Journaliste et homme politique italien, il démarre son activisme politique au sein du Parti communiste dont il dirige la fédération de Gênes dans les années 70-79 (pendant les années de plomb). Il sera correspondant à Moscou pour différents journaux italiens, dont l'Unità (journal communiste fondé par Antonio Gramsci) ou la Stampa (journal de centre-droit). Il participe lui aussi à la conférence « Axis for Peace » de 2005. De 2004 à 2009, il est député européen sur une liste de centre-gauche mais s'inscrit au groupe ALDE dirigée alors par le libéral démocrate britannique Graham Watson (le groupe ALDE est actuellement dirigé par Guy Verhofstadt). En 2006 il s'inscrit finalement au groupe socialiste européen (dirigé alors par le social-démocrate danois Poul Nyrup Rasmussen). Profitant de sa maîtrise du russe, il est entre autre délégué aux relations UE-Russie. En 2009, il est candidat aux élections européennes sur une liste qui défend les droits de la minorité russe en Lettonie. Récemment il a été arrêté puis expulsé par la police estonienne pour ces propos sur Euromaïdan. Il écrit des ouvrages sur la dissolution de l'URSS ou encore sur l'impérialisme américain et intervient fréquemment sur les attentats du 11 septembre 2001 dont il conteste la version officielle (nous aussi d'ailleurs, mais ce n'est pas le sujet). Bien que les sujets d'étude de G. Chiesa et ses doutes légitimes sur le 11/09 soient d'un grand intérêt, son profil est une nouvelle fois marqué par un passé communiste et un tropisme pro-Kremlin (par anti-américanisme). 
    Comme nous le voyons, le Réseau Voltaire est composé de personnalités influentes, issues du monde universitaire ou du journalisme d'investigation. Une lecture trop rapide laisserait à penser que nous sommes en désaccord avec l'ensemble de ces personnalités. En réalité nous pouvons avoir des points communs, comme sur la guerre en Syrie où nous considérons que le baassisme et le gouvernement syrien sont un rempart face à l'islamisme. En revanche il nous semble capital de savoir qui parle et d'où. Au terme de cette rapide première partie, nous constaterons que le profil des membres du Réseau voltaire est assez clair : il s'agit de personnalités engagées à gauche, influencées par les Lumières, le marxisme et donc en France souvent issues de la gauche et de l'extrême-gauche républicaine et communiste. Nombreux sont ceux qui sont actifs dans la lutte anti-impérialiste contre les Etats-Unis et dans la lutte pro-palestinienne depuis au moins les années 1980. 
    Quel message ? 
    S'il faut se garder de résumer le message au messager, il convient tout de même de pointer du doigt le cœur du message. Nous pourrions le qualifier d'anti-impérialiste même si cette expression est imparfaite car nous sommes nous mêmes anti-impérialistes (y compris le russe). Toutes ces personnalités combattent en particulier la théorie du « Choc des civilisations », titre de l'ouvrage de Samuel Huttington paru en 1994. Cet ouvrage, mal compris, a été reçu par les milieux anti-impérialistes et hostiles aux Etats-Unis comme le futur plan de domination postérieur à la guerre froide : le Nouvel Ordre Mondial. En effet en 1991, suite à la chute de l'URSS, les Etats-Unis sont l'unique superpuissance. Hubert Védrine parlera même d'hyperpuissance en 1999. Les théories de « fin de l'histoire » sont alors en vogue. Très vite les Etats-Unis sont considérés comme le « gendarmes du monde » et ils déploient leur potentiel militaire sur l'ensemble de la planète (bases navales, flotte, bases de l'OTAN, réseau Echelon, etc...). Le 11 septembre 2001, un attentat terrible frappe le pays : c'est la consternation. 
    L'administration Bush utilise alors ces attentats pour œuvrer contre le «terrorisme », l'OTAN intervient en Afghanistan puis les Etats-Unis déclarent la guerre à l'Irak de Saddam Hussein. Les milieux anti-impérialistes et les adversaires déclarés des Etats-Unis vont alors mener conjointement une guerre de l'information et établir une théorie qui servira de base de travail et conduira à toutes les prises de position postérieures : Les Etats-Unis et leurs alliés israéliens œuvreraient à la mise en place d'un choc des civilisations entre l'Occident et le monde musulman. Les différents attentats, comme le 11 septembre, seraient des « inside jobs » (perpétrés par les services secrets du pays) et des « false flags » (attentats sous faux drapeaux) visant à favoriser ce choc et à faire porter la responsabilité sur les musulmans. Les mouvements et réseaux terroristes comme Al Qaeda seraient quant à eux des créations occidentales visant à déstabiliser le Moyen-orient pour favoriser le chaos au profit des intérêts americano-sionistes et de cette stratégie de choc des civilisations. Ajoutons à cela que les americano-sionistes suivraient un « agenda » visant à faire tomber un à un les Etats jugés gênants dont les plus importants seraient l'Iran et la Russie de Poutine. 
    La politique internationale est donc appréhendée comme une lutte entre les alliés des Etats-Unis et d'Israël, favorables au choc des civilisations et à l’impérialisme capitaliste global, et leurs ennemis, qui souhaitent pour leur part favoriser l'entente entre les peuples et organiser un monde plus vertueux et multipolaire. Les acteurs n'ont dans ce schéma plus d'autonomie et de logique propre, ils sont forcément déterminés par leur appartenance à l'un des deux camps, soit en pleine conscience, soit le plus souventde façon inconsciente. Dans ce second cas, ils sont alors considérés comme des « idiots utiles » qui « font le jeu des Etats-Unis » (ou des sionistes). Il n'est guère étonnant de trouver ce type de raisonnement, sans nuance et niant l'autonomie des acteurs dans des réseaux issus de l'ultra-gauche pour qui l'autonomie de pensée et d'action n'existe pas. Surtout, pour des milieux considérablement façonnés par la guerre froide et la doctrine Jdanov il ne peut y avoir que deux camps : le camp impérialiste, dirigé par les Etats-Unis et le camp anti-impérialiste, incarné par la Russie. Bush de son côté, en poursuivant une sorte de « doctrine Truman 2.0» à l'endroit de « l'axe du Mal » ne pouvait qu'alimenter les théories des réseaux anti-impérialistes issus de l'extrême-gauche. C'est donc une dialectique de guerre froide, dans un monde postérieur à la guerre froide, qui a été réactivée à la suite des attentats du 11 septembre par des acteurs qui avaient tout intérêts à redonner corps cette vision de la géopolitique internationale. Alors que le réel est bien plus complexe. 
    Plus troublant, ce sont les liens entre cette gauche et l'islam. En effet la gauche a toujours été fortement poreuse aux pénétrations musulmanes via le combat pro-palestinien ou le combat pour les minorités comme nous le constatons en France depuis au moins les années 80'. Tous les individus qui ont été accusés (souvent à tort) de passer à l'extrême-droite ne sont pas venus les valises vides, ils y ont amené leurs obsessions communistes ainsi que leurs réseaux pro-musulmans. De Dieudonné affirmant que les chrétiens doivent se convertir à l'islam sur la TV iranienne jusqu'aux sites de « ré-information » dissidente comme « reseauinternational »ou Panamza tenus par des musulmans en passant par le parti « Islam » fréquenté par le belge Laurent Louis, tous œuvrent consciemment contre « le choc des civilisations » mais surtout pour leurs intérêts propres en tant que musulmans. Leur objectif majeur est d'innocenter les agissements criminels des cellules musulmanes au nom de la « ré-information » et de démontrer qu'en réalité il existe un complot américano-sioniste. Les réseaux marxistes anti-impérialistes sont, peut-être malgré-eux, le cheval de Troie des intérêts islamiques. Ainsi, parmi les soutiens d'une initiative lancée en 2009 visant à faire retirer le Hamas de la liste européenne des organisations terroristes, on trouve au côté de Tariq Ramadan (Frère musulman), les noms de Giulietto Chiesa et James Petras mais aussi de Gilad Atzmon et Norman Finkelstein. 
    Quelles cibles ? 
    Ces réseaux ont massivement pénétré la mouvance nationale. Celle-ci étant visiblement composée d’une bonne part de naïfs, qui ne perçoivent absolument pas les stratégies d'infiltration venues de l'extrême-gauche, dont c'est pourtant une spécialité. 
    Alain Benajam, pour ne citer que lui, a été fortement suivi dans son rôle d'agent d'influence lors du conflit au Donbass sur la base théorique (et rhétorique) décrite si dessus : il n'existe que deux camps, celui des Etats-Unis, et celui des opposants aux Etats-Unis. Toute personne ne soutenant pas le Donbass est de facto dans le camp américain. Il a également commis un article dans Synthèse nationale sur le conflit en Ukraine, ce qui pourrait demeurer anecdotique si cela n'était révélateur de la séduction exercée par les théories véhiculées sur certains lecteurs de la revue nationaliste et si ; surtout, il s'agissait d'un cas isolé. Depuis quelques années, le Reseau Voltaire ne s'y est pas trompé et a ouvert par exemple ces colonnes à Alexandre Latsa, ancien militant nationaliste, résidant à Moscou et qui publie des nombreux articles favorables à la Russie de Poutine et hostiles à « l'Occident ». 
    En effet, sur de nombreux sujets, nous retrouvons à l’œuvre les mêmes réseaux, avec les mêmes grilles de lecture et les mêmes artifices argumentaires. Ces réseaux exercent une influence jusqu'à conditionner le positionnement de la mouvance nationale qui s'emballe pour le moindre chef d'Etat prétendument « non-aligné » et qui suit de façon inconditionnelle la ligne du Kremlin, mélange de conservatisme, de nostalgie soviétique et d'impérialisme chauvin. La « mouvance nationale» en vient à recourir à une rhétorique antifasciste, anti-allemande, anti-européenne ou anti-sioniste caricaturale au gré des faits d'actualité géopolitique (rhétorique également employée dans la lutte contre l'islam avec les fameuses manifestations contre le fascisme islamique...). Les milieux nationaux-révolutionnaires ont été les plus perméables à cet entrisme, plus que les milieux identitaires, du fait de leur hostilité aux Etats-Unis et à l'Etat d'Israël. La stratégie est rodée, on touche le vieux fond antisémite, antisioniste et/ou anti-américain d'une partie de ce que l'on nomme « l'extrême-droite » pour s'attirer leur soutien, on valorise la « souveraineté nationale » contre « Bruxelles » ou « Washington » et on accuse tous ceux qui s'aventureraient à émettre des doutes sur ces théories comme des « idiots utiles du sionisme » ou « les idiots utiles des USA ». Ce procédé est également employé dans le cas du terrorisme islamique, où toute personne remettant en question les théories des « inside job » et autres « false flags » est immédiatement suspecte de « faire le jeu de... » ou encore lors du conflit en Ukraine où la machine a fonctionné pour décrédibiliser les nationalistes ukrainiens et leurs soutiens. Sur ce point nous pouvons ajouter qu'il s'agit d'une stratégie typique de l'extrême-gauche qui consiste à « doubler sur la gauche ». Stratégie utilisée dans les syndicats et les mouvements pour contester la direction en place accusée de ne pas être « assez à gauche » et suspecte de « collusion avec le système bourgeois ». Ce type de fonctionnement est appliqué dans le champs géopolitique. Par exemple dans le cas de l'Ukraine on nous a accusé par notre positionnement de troisième voie d'être en réalité du côté atlantiste. En effet cette position n'était pas assez anti-impérialiste pour certains et il fallait donc faire dans la surenchère anti-impérialiste. Et comme le militant moyen déteste passer pour un vendu, un tiède, un traître, un mou, il a logiquement suivi ce « doublement par la gauche » qui apparaissait comme le gage de l'intégrité politique... La mouvance dans sa quasi intégralité tombe comme un fruit mûr dans la main des agents d'influence issus de l'extrême-gauche pro-russe ou pro-islam quant elle ne se fait pas carrément le relais de la presse islamique ou russe sans le moindre recul critique. En effet, les medias les plus influents qui offrent des tribunes aux « anti-impérialistes » sont sans aucun doute les medias russes (comme Russia Today ou Ria Novosti et aujourd'hui Sputniknews) et les medias iraniens (comme IRIB pour Islamic Republic of Iran broadcasting, organisation d'Etat iranienne contrôlant la radio et la télévision et disposant d'une version en français qui offre fréquemment une tribune à Thierry Meyssan). Ainsi nous nous retrouvons marginalisés par nos propres camarades, qui adoptent des grilles de lectures qui s'éloignent de leurs fondamentaux et relayent des agences de propagande au nom de la ré-information. 
    Au final, la subversion de ces réseaux est totale : division des « nationalistes » sur les questions géopolitiques, hostilité manifeste aux patriotes ukrainiens, neutralisation dialectique vis à vis de l'islam, hostilité à tout projet européen... Des personnalités qui évoluaient hors du camp national il y a encore quelques mois ou années en sont venues à faire ostraciser des militants engagés depuis 20 ans. Les attaques reçues par certains camarades pour leurs positions sur le conflit ukrainien, en sont un exemple flagrant. Ces réseaux sont-ils en train de transformer une partie du « camp national » en nouveau PCF sur une ligne souverainiste, anti-américaine, anti-sioniste, pro-Kremlin et philo-islamique ? 
    Cela m'inspire au final une réflexion : on peut déplorer le brouillage des cartes, mais on peut surtout s'inspirer de ce qui fonctionne. Le Réseau Voltaire et ses ramifications doivent leur succès à la qualité de leur lobbying qui n'est pas simplement lié au discours, mais aussi à leur réseau qui pénètre les gouvernements, les institutions, les universités et les rédactions journalistiques. Ils doivent aussi leur succès à leur organisation et à leur internationalisme. Il faudra s'en inspirer dans la décennie qui vient si nous voulons atteindre des objectifs. Où sont nos agences de presse ? Nos conférences internationales ? Nos relais dans les gouvernements, les universités et les rédactions journalistiques ? Où sont nos réseaux internationaux ? Tout se résume à quelques sites et blogs visités au maximum par quelques dizaines de milliers de personnes et par des mouvements politiques plus ou moins groupusculaires qui n'ont pas la moindre influence et qui peinent à se débarrasser des nostalgies juvéniles incapacitantes. La crise ukrainienne doit être le point de départ d'une refondation autour de laquelle doivent s'agréger ceux qui sont restés fidèles à leur ligne alter-européenne. Il s'agit là d'un vivier intellectuel et militant qui traverse les frontières et qui pourrait faire naître une alternative d'abord dans le champs médiatique, puis par des réalisations concrètes sur le terrain.

  • Identité française : relire Renan !

    Quand on parle d’identité française, « Qu’est ce qu’une nation » d’Ernest Renan reste un texte incontournable. Le seul problème c’est que cette très belle conférence du 11 mars 1882 est davantage commentée que réellement lue et comprise.

    Retour au texte : http://www.bmlisieux.com/archives/nation01.htm

    Le socle objectif d’une nation : race, langue, religion, intérêts, géographie

    Les commentateurs rapides retiennent souvent du texte de Renan une et une seule chose : « la nation est un plébiscite de tous les jours » ; ils en tirent la conclusion que Renan a défendu une conception exclusivement subjectiviste de la nation. Ce qui est parfaitement inexact. La partie la plus longue du texte – le chapitre II - est consacrée à une longue discussion sur les bases objectives de la nation. Renan s’écarte effectivement d’une conception purement déterministe de la nation tout en reconnaissant l’importance de données objectives.

    Certes, pour Renan la nation n’est pas la race (au sens de peuple : celte, germain ou romain) et « Ce que nous venons de dire de la race, il faut le dire de la langue. La langue invite à se réunir ; elle n'y force pas » (…) « La religion ne saurait non plus offrir une base suffisante à l'établissement d'une nationalité moderne ». Mais « La communauté des intérêts est assurément un lien puissant entre les hommes ». (…) et « La géographie, ce qu'on appelle les frontières naturelles, a certainement une part considérable dans la division des nations. »

    Il faut bien comprendre ce que Renan dit ici : refus du déterminisme mais prise en compte de la réalité. La dernière phrase du chapitre II est déterminante pour comprendre : « Nous venons de voirce qui ne suffit pas à créer un tel principe spirituel : la race, la langue, les intérêts, l'affinité religieuse, la géographie, les nécessités militaires. Que faut-il donc en plus ? »

    Deux phrases sont ici essentielles : « ce qui ne suffit pas » et « Que faut-il donc en plus ? ». En clair la race, la langue, la religion, les intérêts, le territoire ne sont pas des conditions suffisantes à l’existence d’une nation mais ce sont des conditions, sinon nécessaires, du moins préalables.

    Le socle subjectif d’une nation : «Nous sommes ce que vous fûtes ; nous serons ce que vous êtes»

    La suite montre d’ailleurs l’idée très exigeante que Renan se fait de la nation et l’importance qu’il attache à l’héritage moral et historique, à l’inscription dans le temps long : « Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n'en font qu'une, constituent cette âme, ce principe spirituel. L'une est dans le passé, l'autre dans le présent. L'une est la possession en commun d'un riche legs de souvenirs ; l'autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l'héritage qu'on a reçu indivis. L'homme, Messieurs, ne s'improvise pas. La nation, comme l'individu, est l'aboutissement d'un long passé d'efforts, de sacrifices et de dévouements. Le culte des ancêtres est de tous le plus légitime ; les ancêtres nous ont faits ce que nous sommes. Un passé héroïque, des grands hommes, de la gloire (j'entends de la véritable), voilà le capital social sur lequel on assied une idée nationale. Avoir des gloires communes dans la passé, une volonté commune dans le présent ; avoir fait de grandes choses ensemble, vouloir en faire encore, voilà les conditions essentielles pour être un peuple. On aime en proportion des sacrifices qu'on a consentis, des maux qu'on a soufferts. On aime la maison qu'on a bâtie et qu'on transmet. Le chant spartiate : «Nous sommes ce que vous fûtes ; nous serons ce que vous êtes» est dans sa simplicité l'hymne abrégé de toute patrie. »

    Pour Renan, il n’y a pas pour une nation de présent commun possible, sans passé commun revendiqué ou assumé. Le socle subjectif d’une nation renvoi à un socle objectif : l’héritage.

    Jean-Yves Ménébrez 30/11/2009
    Voir aussi :

    - « Qu’est ce qu’être français » :
    http://www.polemia.com/article.php?id=2475
    - « Sarkozy/Besson/Copé : négationnistes de l'identité français »
    http://www.polemia.com/article.php?id=2476

    - Identité française et identité juive : le point de vue du CRIF 
    http://www.polemia.com/article.php?id=2555

    http://archives.polemia.com/article.php?id=2556

  • Le Conseil supérieur de l’éducation rejette la réforme des programmes

    Lu sur Causeur :

    "Selon un membre du Conseil supérieur de l’éducation contacté aujourd’hui, cette instance consultative a rejeté hier soir la réforme des programmes de l’enseignement primaire et du collège proposée par la ministre Najat Vallaud-Belkacem.

    Dès l’ouverture des travaux, qui se sont tenus mercredi et jeudi, certains syndicats semblaient manifester beaucoup de mauvaise humeur parce que la version définitive sur laquelle ils devaient débattre ne leur avait été communiquée que la veille à 21h50.

    Mercredi, le SNALC avait déposé  un amendement pour imposer la tenue d’une dictée quotidienne à l’école primaire, laquelle dictée ne figurait pas dans les programmes malgré les engagements médiatiques de la ministre. Le ministère de l’Education nationale, confirmant l’hypocrisie de Najat Vallaud-Belkacem, ne reprenait pas cet amendement à son compte, et le représentant du SNALC était le seul qui votait favorablement dans le scrutin qui suivait.

    Finalement, jeudi soir, c’est l’ensemble des programmes qui était rejeté par le CSE. Certes, l’avis du CSE n’est que consultatif et des légions de ministres sont déjà passés outre. Mais Najat Vallaud-Belkacem n’avait-elle pas claironné à qui veut l’entendre en avril dernier que sa réforme des collèges avait été validée par le même conseil ? Le CSE ne va-t-il pas être désormais classé dans la catégorie « opposants, rebelles, hostiles, irréductibles », à la mode du Rectorat de Toulouse ?"

    Michel Janva

  • Nous n’avons pas à avoir honte d’être réactionnaires

    La malignité de la société médiatique, de l’immédiateté de l’information, a un effet pour le moins troublant qui fausse le jeu. Tout un chacun peut en faire l’expérience au quotidien. Lorsqu’on discute avec des proches, des amis, des relations, on s’aperçoit qu’à de rares exceptions près, la majorité, quelles que soient leurs opinions politiques, se retrouve sur une vision commune de la société, fort éloignée des délires progressistes qui sont passés au forceps par le gouvernement en place. Pourtant, lorsqu’on prend connaissance des sondages réalisés sur ces questions, comme le dernier en date sur la PMA, on peut voir qu’une majorité, plus ou moins courte se prononce plutôt favorablement.

    A cela, plusieurs raisons. Tout d’abord, il faut avoir à l’esprit que la gauche a fini par noyauter le monde de l’éducation, instillant le venin progressiste dans les esprits de nos jeunes, d’autant plus facilement que l’adolescence est une période de révolte contre l’autorité, l’ordre établi. Ensuite, le milieu culturel est également acquis à ces thèses, et les artistes ne manquent jamais une occasion d’en faire la publicité. Idem pour les médias et une bonne partie des intellectuels. De fait, les rares réactionnaires ayant accès aux micros se retrouvent dans la position inconfortable de l’infériorité numérique. Position fatale dans un régime démocratique qui a pour règle de donner raison à l’opinion majoritaire en dépit de toute autre considération.

    Ensuite, il faut avoir à l’esprit que toutes les réformes sociétales s’inscrivent dans une stratégie du « petit pas ». Chacune séparément apparaît alors comme assez mineure, une sorte de « compromis » acceptable pour la majorité des citoyens. Évidemment, le mensonge, il n’y a pas d’autre mot, réside dans le fait que cette stratégie n’est pas déclinée, que ce qui est présenté comme une action unique n’est que l’étape d’un plan concerté qui vise à mettre à bas ce qui reste de la société traditionnelle.

    Enfin, il ne faut pas négliger la puissance des tabous, la gauche a su développer un art consommé de la communication autour de la notion de « progrès ». Patiemment, elle a fini par inoculer dans les esprits que le « progrès » ne peut que constituer un bien, une avancée pour l’humanité. De fait, la critique du progrès a fini par constituer un tabou majeur, tous ceux qui s’y essaient se font médiatiquement étriller. Et lorsque le « progrès » a été intégré dans notre droit, comme l’avortement par exemple, sa critique est quasiment impossible, et ceux qui se livrent à cet exercice sont désignés à la vindicte populaire comme étant des personnages abjects qui veulent que la société retourne au moyen-âge, époque où sévissait l’obscurantisme de l’Église qui, c’est bien connu, génocidait à tour de bras, aidée en cela par la sainte Inquisition. Que ceux qui ont un doute visionnent « Inquisitio » la série de France Télévisions, ils auront un aperçu du parti pris, de la mauvaise foi, de l’art consommé de l’inexactitude historique des petits soldats médiatiques de ceux qui ont choisi de faire partie de cette « armée du Bien ».

    Nous n’avons pas de programme, car nous ne cherchons pas à accoucher d’une humanité nouvelle, nous ne cherchons pas à créer de nouveaux droits fantaisistes, sortis de l’imagination malade de progressistes qui n’ont pas encore résolu leur Œdipe. Notre combat doit porter sur ce qu’est une société humaine, s’opposer aux objectifs globaux des gouvernants progressistes, d’autant que maintenant ils n’en font plus mystère. Il ne sert à rien de manifester au détail, loi après loi, il nous faut attaquer de front leur projet de société, dans son ensemble, au lieu de se perdre dans une contestation au détail. Il convient de montrer que ces gens ne sont pas animés par la recherche du Bien Commun mais par un nihilisme moral auquel s’adosse une pulsion profanatrice. Haïssant le sacré, ils ne désirent rien tant que le salir, abaisser tout ce qui fait la beauté paisible d’une société humaine respectant la loi naturelle. Ils haïssent les vertus telles que l'honneur, le sacrifice de soi, la nécessité de respecter ses devoirs. Ils daubent les familles qui manifestent actuellement parce qu’elles montrent par l'exemple qu'être de bons parent n’est en rien une impossibilité physique. Immatures, incapables de supporter la moindre entrave à leurs désirs égoïstes, ils donnent libre cours à leur passion profanatrice, semblables à tous ceux qui brisent le miroir qui montre la beauté de la réalité, les renvoyant à leur laideur intérieure, parce qu'ils ne supportent pas de voir que cette beauté est accessible à ceux qui font l’effort de l’embrasser.

    Il nous appartient de montrer qu’il n’y a aucune raison de rougir de l’appellation « réactionnaires » qui nous est décernée par tous ces progressistes à la petite semaine. Bien au contraire, nous devons montrer qu’il y a toutes les raisons d’en être fiers. La morale traditionnelle nous ancre dans la reconnaissance due à nos ancêtres pour ce qu’ils nous ont légué, ainsi que dans l’obligation morale de travailler plus pour nos descendants que pour nous-mêmes. A contrario, la gauche progressiste ne séduit que par son opportunisme, par la corruption morale, en proposant aux gens la voie de la facilité, du refus de l’effort, de la rigueur, de la conscience : assistanat, « droit au sexe », élimination de ce qu’ils considèrent comme des obstacles à la liberté égoïste de jouir (fœtus, malades, personnes âgées, etc.). Les « idées généreuses » de gauche ne sont que des alibis moraux pour consommer et coucher en s’affranchissant de la moindre idée de responsabilité.

    Pierre Guillemot

    http://www.vexilla-galliae.fr/royaute/idees/692-nous-n-avons-pas-a-avoir-honte-d-etre-reactionnaires

  • La fallacieuse théorie du libre échange et la diabolisation du protectionnisme

    Le modèle de la théorie des coûts comparés de Ricardo, décrit en 1817, dans son ouvrage  On the principles of Political Economy repose sur une hypothèse essentielle, à savoir que la structure des coûts comparatifs dans les divers pays reste invariable au cours du temps. Or, il n’en est ainsi que dans le cas des ressources naturelles. Ainsi, par rapport à l’Europe occidentale, les pays producteurs de pétrole disposent d’un avantage comparatif qui restera le même dans un avenir prévisible. De même, les produits tropicaux ont un avantage comparatif qui ne saurait disparaître.

    La théorie des coûts comparés est fondée sur l’immobilité des facteurs de production

    En revanche, dans le domaine industriel, aucun avantage comparatif ne saurait être considéré comme permanent. Chaque pays aspire légitimement à rendre ses industries plus efficaces et il est souhaitable qu’il puisse y réussir. Il résulte de là que l’arrêt de certaines activités dans un pays développé, en raison des désavantages relatifs d’aujourd’hui, pourra se révéler demain complètement stupide, dès lors que ces désavantages relatifs disparaîtront. Il faudrait alors rétablir ces industries, mais entre-temps on aura perdu le savoir-faire.

    Voir : Les théories de la mondialité par Gérard Dussouy
    http://www.polemia.com/article.php?id=2347

    La théorie de Ricardo ne vaut que dans un monde stable et figé. Elle n’est pas valable dans un monde dynamique, où les fonctions de production et les salaires évoluent au cours du temps, où les capitaux peuvent se déplacer librement et où les industries peuvent être délocalisées.

    Selon la théorie de Ricardo, le libre échange n’est justifié que si les taux de change correspondent à l’équilibre des balances commerciales. Or, c’est l’importance des flux financiers spéculatifs et des mouvements de capitaux qui expliquent l’extraordinaire instabilité des cours du dollar, du yen ou de l’euro. La prétendue régulation par les taux de change flottants des balances commerciales n’a donc aucune signification aujourd’hui.

    Or capital et main d’œuvre sont de plus en plus mobiles

    De tous les dogmes économiques, le libre-échange est celui sur lequel les néo-libéraux sont le plus intraitables. Formulé il y a presque deux siècles dans le contexte théorique de l’immobilité des facteurs de production (capital et travail) et de la division internationale du travail, il est toujours présenté comme le nec plus ultra de la modernité, et comme la recette du développement et de la croissance. Ses hérauts ont réussi le tour de force de le pérenniser dans un contexte exactement contraire à celui de sa conception : aujourd’hui, le capital ne connaît plus aucune entrave à sa circulation internationale et la main d’œuvre devient, elle aussi, de plus en plus mobile. Quant à la division internationale du travail, elle appartient au passé, avec la multiplication des entreprises mettant en œuvre des technologies de pointe dans les pays à bas salaires. L’économie mondiale est devenue un bateau ivre, sans gouvernail.

    La  réalité disqualifie intellectuellement le libre-échangisme

    Voilà qui devrait disqualifier intellectuellement le libre-échangisme. Il n’en est rien. Il constitue, bien au contraire, le soubassement même de l’Union européenne, qui fait de la libre circulation des capitaux, des biens et des services trois de ses libertés fondamentales, la quatrième étant celle de la circulation des personnes.
    Il est assez cocasse de remarquer que les Américains eux-mêmes, en la personne de Paul Volcker, ancien Président de la Federal Reserve Bank, dans un livre commun avec Toyoo Gyothen, ancien Ministre des Finances au Japon, ont reconnu que la théorie des avantages comparatifs perdait toute signification lorsque les taux de change pouvaient varier de 50% ou même davantage (1). Une forte dévaluation du dollar de 20% ou plus qui équivaut à une barrière douanière protectrice pour les pays qui appartiennent à la zone dollar est un énorme coup de canif aux principes du libre échange..

    De Friedrich List à Paul Bairoch

    Friedrich List, en 1840, expliqua qu’il fallait protéger les industries naissantes en Allemagne face à la concurrence sans merci des pays industriels les plus avancés. : « Toute nation qui, par des tarifs douaniers protecteurs et des restrictions sur la navigation, a élevé sa puissance manufacturière et navale à un degré de développement tel qu’aucune autre nation n’est en mesure de soutenir une concurrence libre avec elle ne peut rien faire de plus judicieux que de larguer ces échelles qui ont fait sa grandeur, de prêcher aux autres nations les bénéfices du libre échange, et de déclarer sur le ton d’un pénitent qu’elle s’était jusqu’alors fourvoyée dans les chemins de l’erreur et qu’elle a maintenant, pour la première fois réussi à dénouer la vérité ».

    Paul Bairoch, professeur à l’Université de Genève, a également montré que la croissance économique dans la période 1870-1940, fut largement liée au protectionnisme. Paul Bairoch a publié, en 1994, une étude sur les Mythes et Paradoxes de l’histoire économique (2). Il écrit : «  On aurait du mal à trouver des exemples de faits en contradiction plus flagrante avec la théorie dominante qui veut que le protectionnisme ait un impact négatif, tout au moins dans l’histoire économique du XIXe siècle. Le protectionnisme a toujours coïncidé dans le temps avec l’industrialisation et le développement économique, s’il n’en est pas à l’origine. Bairoch montre notamment que le protectionnisme ne fut pas la cause, mais bien la conséquence du krach de Wall Street en octobre 1929. A partir de séries statistiques s’étalant de 1800 à 1990, il explique que le monde développé du XIXe siècle et de la première moitié du XXe siècle, à l’exception de quelques brèves périodes, tira son expansion économique de politiques très majoritairement protectionnistes, mais que, en revanche, il imposa le libéralisme aux pays qui allaient devenir le tiers monde, à l’Inde en particulier. Ni le Royaume-Uni, ni la France, ni la Corée, ni le Japon, ni la Prusse n’ont acquis leur puissance industrielle en respectant la loi des avantages comparatifs de David Ricardo.

    La croissance dopée par les droits de douane

    Cette approche a même donné naissance au « paradoxe de la croissance dopée par les droits de douane » (Tariff-growth paradox). Il est en effet établi, pour le XIXe siècle comme pour une bonne partie du XXe siècle, que la croissance est en relation inverse avec le degré d’ouverture du commerce international (3)

    Les « nouveaux pays industrialisés » d’Asie démontrent également l’importance du protectionnisme. Une étude, publiée par l’université Harvard, souligne qu’il peut, tout autant que le libre-échange, générer une forte croissance économique (4). Ainsi, alors que le discours dominant du journalisme économique proclame depuis deux décennies que le protectionnisme est le mal absolu, les travaux scientifiques les plus récents aboutissent à un résultat inverse. Il y a donc discordance entre les discours économiques médiatiques et le discours scientifique.

    Droits de douane et protection de l’environnement

    Par ailleurs la libéralisation des échanges est loin de produire les gains espérés (5). Elle engendre des coûts qui ne sont pas pris en compte dans les modèles utilisés par les organisations internationales. Son bilan économique, hors même tout jugement social, est bien plus sombre qu’on ne l’affirme. Les droits de douane par exemple contribuent à défendre l’environnement en diminuant les quantités de CO2 engendrées par les périples de la mondialisation. Avant de venir garnir les linéaires des grandes surfaces en Ecosse, les crevettes « pêchées in Scotland » de la société Young’s Sea Food effectuent 27000 km aller eetour avec le Bengla Desh pour être simplement décortiquées dans ce pays à bas coût de main d’œuvre ! (6)

    Les États-Unis, une nation longtemps protectionniste…

    Si l’on regarde l’histoire économique des Etats-Unis, depuis leur création, il n’y a pas eu de nation plus protectionniste que les Etats-Unis ! On a dit d’Alexander Hamilton, dès la création des Etats-Unis, qu’il était un autre Colbert. La guerre de sécession opposait le Nord industriel protectionniste au Sud agricole libre-échangiste (7). Le paroxysme du protectionnisme fut atteint en 1930 avec la loi Smoot-Hawley qui imposait des droits de douane record aux importations. De leur origine jusqu’aux années 1930, les Etats-Unis pratiquèrent donc un protectionnisme virulent avec des tarifs douaniers de l’ordre de 50% ; c’est avec cette stratégie qu’ils connurent le taux de croissance le plus élevé du monde et accédèrent au leadership mondial.

    …Devenue libre-échangiste en 1945

    Ce n’est que depuis 1945, sous la pression des Etats-Unis y trouvant leur intérêt, qu’une véritable pensée unique s’est mise en place : seul le libre échange absolu serait conforme à la rationalité économique. Toute autre analyse relève d’une pensée pré-scientifique et ne peut que susciter la commisération des gens compétents (8). Par ailleurs le pays qui s’est fait le soudain héraut du libre-échange le bafoue sans vergogne s’il n’y trouve plus avantage. Il y a fort à parier, avec une balance commerciale déjà déficitaire en 2006 de 763 milliards de dollars dont 232 milliards de dollars avec la Chine, que les mesures protectionnistes du Congrès américain vis-à-vis des importations chinoises vont se multiplier et prendre de plus en plus d’ampleur, malgré les digues de l’OMC.

    Les Européens, en tant que consommateurs, peuvent acheter des produits de Chine ou d’Inde meilleur marché. Mais pour ces consommateurs, la contrepartie réelle de ces importations à bas prix est finalement la perte et la précarité de leur emploi ou la baisse de leurs salaires, ainsi que des prélèvements accrus pour couvrir le coût social du chômage. Les importations de biens de consommation en Europe augmentent d’une façon structurelle plus vite que les productions nationales menant le plus souvent à leur disparition.
    Vers un protectionnisme européen ?
    Emmanuel Todd a donc entièrement raison lorsqu’il a pu dire en décembre 2006 : « Je suis arrivé à la conclusion, il y a quelques années, que le protectionnisme était la seule conception possible et, dans un second temps, que la seule bonne échelle d’application du protectionnisme était l’Europe ». Mais là encore les médias et les moutons de panurge européens attendent que les Etats-Unis virent de bord à nouveau vers le protectionnisme, pour avoir enfin bonne conscience, voir les réalités en face et proclamer avec force leurs nouvelles certitudes d’une préférence communautaire qu’ils n’osent même pas évoquer à l’heure actuelle ! La forteresse Europe ne semble pouvoir être construite qu’à la remorque de « Fortress USA ». Ulysses Grant, Président des Etats-Unis de 1868 à 1876, a pu dire, avec un grand sentiment prémonitoire : « Pendant des siècles, l’Angleterre s’est appuyée sur la protection, l’a pratiquée jusqu’à ses plus extrêmes limites et en a obtenu des résultats satisfaisants. Après deux siècles, elle a jugé commode d’adopter le libre échange, car elle pense que la protection n’a plus rien à lui offrir. Eh bien, Messieurs, la connaissance que j’ai de notre pays me conduit à penser que dans moins de deux cent ans, lorsque l’Amérique aura tiré de la protection tout ce qu’elle a à offrir, elle adoptera le libre échange ».

    En finir avec les bobards libre-échangistes !

    Alors que cela est inexact, un très grand nombre d’Européens, crétinisés par les lieux communs médiatiques, établissent très souvent la comparaison avec la ligne Maginot, croyant ainsi mettre brillamment et très rapidement un terme aux discussions avec leur interlocuteur, essayant de lui faire comprendre que la messe est dite ! Or, à la réflexion, la ligne Maginot en mai 1940 a parfaitement joué son rôle, car la seule véritable erreur a été de faire sur le plan militaire le même pêché de naïveté qu’aujourd’hui sur le plan économique, à savoir de respecter la neutralité de la Belgique, tout comme l’on respecte aujourd’hui les bobards libre-échangistes, et de ne pas en achever la construction jusqu’à Dunkerque, dont l’équivalent économique actuel serait le rétablissement de la préférence communautaire ! L’Allemagne avait aussi sa ligne Maginot, la ligne Siegfried, qui a parfaitement joué son rôle fin 1944- début 1945 !
    Marc Rousset, 15/12/2009
    Auteur de la Nouvelle Europe Paris Berlin Moscou , Godefroy de Bouillon, 538 p., 2009Notes:

    1) Paul Volcker et Toyoo Gyohten - Changing Fortunes - NY, Random House-1992-p293
    2) Paul Bairoch- Mythes et Paradoxes de l’histoire économique - Editions La découverte,  1994, p.80
    3) Kevin H. O’Rourke -Tariffs and growth in the late 19th century - Economic Journal, vol.110, n°3, Londres, avril 2000
    4) Michael A. Clemens et Jeffrey G. Williamson - A tariff-growth paradox ? Protection’s  impact in the world around 1875-1997- Center for International Development - Université Harvard- Cambridge-Mass-août 2001
    5) Franck Ackerman - The shrinking gains from trade : a critical assessment of Doha round projections - Global Development and Environment Institute- document de  travail n° 05-01, Université Tufts-Medford (Mass)- octobre 2005
    6) Thierry Fabre - L’incroyable parcours des produits « made in monde - Capital - Mars  2007, pp 76-79
    7) André Philip - Histoire des faits économiques et sociaux - Aubier-1963 - pp 142 - 146 
    8) Marc Rousset - Les Euroricains - Chapitre XX - Non au libre échange mondialiste- Godefroy de Bouillon -2001- pp.186 - 199

    http://archives.polemia.com/article.php?id=2592