
La gauche meurt, mais ne se rend pas
Boris Vallaud, député PS à l'Assemblée Nationale, avril 2019 © WITT/SIPA Numéro de reportage : 00903160_000030
Bien que n’exerçant pas actuellement le pouvoir, la gauche française est en mauvais état. Le désir d’alternance ne joue pas en sa faveur. D’où vient le désamour dont elle est victime ? Quatre causes principales expliquent l’état comateux dans lequel elle végète : déni de la réalité, goût immodéré pour les minorités couplé à un aveuglement à leur sujet, incapacité de parler au peuple, enfin entre-soi arrogant et sectaire.
Déni de la réalité
La gauche a un problème avec le réel. Elle n’arrive plus à le voir, et conséquemment à en parler. Elle devrait faire sien le mot d’ordre que donnait Charles Péguy à l’intellectuel : dire ce qu’il voit et voir ce qu’il voit. A quoi tient cette fâcherie avec la réalité ? En fait, la marche du monde a contredit depuis longtemps tous ses postulats : le religieux revient au galop, tous les pouvoirs socialistes ont échoué à résorber les inégalités. Les anciens colonisés qu’elle soutenait se révèlent être plus conservateurs et patriarcaux que les peuples qui les avaient dominés. Résultat : afin de persévérer dans son être, la gauche ne possède plus que la ressource de se réfugier dans la forteresse de théories délirantes et déconnectées de tout lien avec le monde extérieur.