L’Organisation internationale du travail (OIT) a dénombré près de 215 millions d’enfants âgés de 5 à 17 ans exerçant une activité économique. Parmi lesquels plus de la moitié sont exposés aux « pires formes de travail des enfants ».
Après une année placée sous l’égide de l’élimination du travail des enfants d’ici 2016, l’OIT a défini une feuille de route pour mettre fin au travail des enfants, âgés de 5 à 17 ans, qui reste « un défi persistant ». En effet, ce sont près de 127 millions de garçons et 88 millions de filles qui travaillent chaque jour. Sur les 215 millions dénombrés en 2008 (dernière donnée fournie par l’OIT), 115 millions sont contraints à des activités dangereuses, dont 74 millions de garçons et 41 millions de filles.
Parmi le travail des enfants, l’exploitation sexuelle concerne près de 5 millions d’entre eux. L’OIT prend en compte les conditions de travail dangereuses, l’esclavage, ou autres formes de travail forcé, les activités illicites, y compris le trafic de drogue et la prostitution ainsi que l’enrôlement dans un conflit armé.
L’âge minimum légal de base auquel les enfants sont autorisés à travailler est 15 ans (14 ans dans les pays en développement). Pour les travaux légers (quelques heures uniquement et occasionnellement), la limite est fixée à 13-15 ans (12-14 ans dans les pays en développement). Enfin, pour les travaux dangereux, la limite est repoussée à 18 ans (16 ans sous certaines conditions dans les pays en développement).
Un plan d’action d’ici 2016
Le Plan d’action mondial de l’OIT s’appuie sur trois piliers : le soutien et l’intégration des réponses nationales au travail des enfants, l’approfondissement et le renforcement du mouvement mondial contre le travail des enfants, et l’intégration des problèmes de travail des enfants dans les stratégies d’ensemble de l’OIT visant à promouvoir le travail décent pour tous.
Selon l’organisation internationale, le travail des enfants dans le monde a continué « à régresser, mais dans une moindre mesure qu’auparavant ». En Asie-Pacifique et dans la région Amérique latine et Caraïbes, le nombre d’enfants diminue, mais augmente en Afrique subsaharienne. « La baisse est sensible chez les filles. Pour les garçons et les enfants plus âgés (de 15 à 17 ans), la tendance est cependant légèrement à la hausse ».
D’un point de vue régional, la région Asie-Pacifique compte le plus grand nombre d’enfants astreints au travail (113,6 millions), suivie par l’Afrique subsaharienne (65,1 millions) et par l’Amérique latine et les Caraïbes (14,1 millions). « En valeur relative, c’est l’Afrique subsaharienne qui se trouve dans la situation la plus alarmante », note l’institution, car un enfant sur quatre travaille, contre près de un sur huit dans la région Asie-Pacifique et un sur dix dans la région Amérique latine et Caraïbes.
Les enfants travaillent généralement dans trois secteurs d’activités économiques : l’agriculture, l’industrie et les services. Une majeure partie des enfants de 5 à 17 ans concernés travaillent dans l’agriculture (60%), contre 26% dans les services et 7% dans l’industrie. Le principal obstacle à la lutte contre le travail des enfants est la non-ratification des conventions de l’OIT sur le travail des enfants (ainsi que les autres conventions fondamentales de l’OIT), la non-adoption des politiques et des programmes nationaux pour garantir des progrès réels dans l’abolition du travail des enfants et l’absence d’initiatives destinées à élargir le mouvement mondial contre le travail des enfants par certains gouvernements.
L’esclavage des enfants en Inde
L’Inde détient le record mondial du travail des enfants. Les enfants, âgés de 5 ans, sont vendus à des trafiquants et réduits en esclavage, très souvent victimes de sévices. Le Parlement indien avait proposé une loi interdisant tout travail des enfants avant 14 ans et fournissant des bourses aux familles les plus pauvres, afin d’envoyer leurs enfants à l’école. Cependant, le projet de loi n’a pas été voté par les députés, entrainant la colère des groupes de protection des droits des enfants en Inde.
Suite à cette décision, de nombreuses organisations de défenses ont fait appel à des associations et ONG occidentales afin d’appeler à une « véritable pression citoyenne ». Les activistes en ligne d’Avaaz ont lancé une pétition afin que les parlementaires votent le projet de loi.
Au cours des trois dernières années, moins de 10% des 450.000 cas de travail des enfants signalés en Inde ont fait l’objet de poursuites judiciaires sous la loi actuelle. La nouvelle loi devrait être plus draconienne. Celle-ci incitera la police à ne plus attendre la décision de justice pour pouvoir agir. Toutes les formes commerciales de travail des enfants de moins de 14 ans seront punies et, au lieu d’amendes ridicules ou de brèves peines de prison, les criminels encourront des peines sévères, a noté Avaaz.
De plus, selon des ONG locales citées par “The Christian Science Monitor”, près de 16,4 millions d’enfants âgés de 5 à 14 ans sont engagés dans des activités économiques, des travaux domestiques ou encore des emplois non rémunérés. La Banque mondiale évalue le nombre d’enfants concernés à 44 millions (…).
Selon l’organisation Save The Children , 74% des enfants embauchés pour des travaux domestiques en Inde ont entre 12 et 16 ans. Face à cette situation, Avaaz espère que la pétition en ligne réunira 1 million de signatures. Celle-ci sera par la suite remise par d’anciens enfants exploités au Parlement indien.
Monde | 1.586.288 | 19,3 | 13,6 | 7,3 |
---|---|---|---|---|
Garçons | 819.891 | 21,4 | 15,6 | 9 |
Filles | 766.397 | 16,9 | 11,4 | 5,4 |
5-11 ans | 852.488 | 10,7 | 10,7 | 3 |
12-14 ans | 364.366 | 23,4 | 17 | 7,4 |
(5-14 ans) | 1.216.854 | 14,5 | 12,6 | 4,3 |
15-17 ans | 369.433 | 35 | 16,9 | 16,9 |
Estimations mondiales concernant les enfants occupés économiquement, ceux qui sont astreints au travail et ceux effectuant des travaux dangereux, 2008 (OIT).