En matière de morale, deux principes philosophiques structurent notre vision du monde. Platon a résumé ces deux principes par les figures d’Hermogène et de Cratyle dans le dialogue platonicien qui porte le nom de ce dernier.
Dans un de ses maître-ouvrages1, Renaud Camus signale à juste titre que le premier incarne la gauche, et le second la droite ; l’un le progrès, l’autre le conservatisme. Nôtre monde est sans doute du côté d’Hermogène, et le « mariage pour tous » que Hollande revendique comme un progrès l’exemple type d’une notion acceptée comme une convention sociale, qui se trouve à la merci d’un changement de définition sous l’effet d’un consensus nouveau. Car quoi de commun entre le mariage catholique, qui constitue le raccommodage de la plaie liée au péché originel ainsi que le rachat de la misère humaine par l’immortalité de substitution que lui offre la procréation, et le « mariage » pour tous ? Rien sinon les sept mêmes lettres qui dans un cas disent « cataplasme » et dans l’autre profèrent « droit » et « égalité »…
Cependant, du strict point de vue d’Hermogène, on peut se demander pourquoi s’arrêter subitement au « tous » ? Loin de nous l’idée de vociférer avec les intégristes de tout poil et d’assimiler ce « mariage pour tous » à d’éventuelles perversions criminelles, comme l’inceste et la pédophilie. [...]
Rémi Lélian - La suite sur Causeur