BERLIN (NOVOPress) - C’est l’histoire d’un homme qui avait passé toute sa vie dans le politiquement correct le plus irréprochable et qui, tout d’un coup, bien malgré lui, bascule dans le camp des méchants. Daniel Krause (ci-dessus), 32 ans, docteur en sociologie, était professeur de sciences politiques dans un lycée de Dortmund. Il se définissait comme un homme de gauche, votant pour les Verts, homosexuel déclaré, militant de la cause animale. C’était un habitué des manifestations « antifascistes ». Rien que de hautement respectable.
Las, en juin 2012, Daniel Krause est allé manifester à Cologne contre un grand rassemblement salafiste (baptisé poétiquement « Premier Congrès islamique de la paix »). La manifestation était organisée par le mouvement citoyen Pro NRW / Pro Köln, « contre l’islamisation de l’Allemagne ». Les participants étaient très peu nombreux : quelques dizaines en face de trois cents salafistes. Daniel Krause a pris la parole – selon lui, quelqu’un lui a tout simplement tendu un porte-voix et il a improvisé un petit discours.
Il a déclaré qu’il était de gauche, qu’il n’était pas électeur de Pro NRW, mais que « comme homosexuel déclaré, il avait plus peur en Allemagne des islamistes que des nazis ». « J’ai été si souvent menacé par des islamistes, a-t-il expliqué. Les parents islamistes veulent influencer l’enseignement dans les écoles, comme professeur, je peux souvent le dire. Mon expérience est que l’islamisme est le plus grand danger, alors que l’extrémisme de droite est ce que tout le monde combat aveuglément, sans réfléchir ».
La vidéo de la manifestation a été publiée sur internet. Daniel Krause a été reconnu et dénoncé par le site « antifasciste » Indymedia, qui a publié sa biographie complète, ses coordonnées et même une photo de classe avec ses élèves. La presse s’est immédiatement emparée de l’affaire. Trois jours après, Daniel Krause était suspendu de son enseignement, tandis qu’une procédure disciplinaire était lancée contre lui. Celle-ci a finalement été abandonnée mais le professeur, qui a reçu de nombreuses menaces de mort et a dû vivre dans la clandestinité (« je ne pouvais plus sortir dans la rue ni aller travailler », raconte-t-il), n’a toujours pas pu reprendre son enseignement.
Daniel Krause a pendant ce temps écrit un livre, à paraître en mars : Comme homme de gauche contre l’islamisme. Un professeur gay montre du courage. Dans deux interviews, à la Preussische Allgemeine Zeitung lundi dernier, et aujourd’hui au Citizen Times, il a expliqué sa démarche.
Pour lui, « l’islamisme est le troisième grand mouvement totalitaire après le national-socialisme et le communisme. L’islamisme est aujourd’hui à l’offensive dans le monde entier. De plus en plus de jeunes, allemands comme immigrés, tombent dans cette idéologie qui méprise la dignité humaine ».
Contre l’islamisme, il se réclame des « valeurs de gauche » que sont « l’égalité des droits entre homme et femmes, entre homosexuels et hétérosexuels, l’absence de violence dans l’éducation des enfants, et la séparation de l’État et de la religion ». Il se dit « reconnaissant à la génération de mai 68, qui a établi ces valeurs de gauche en Allemagne ». « C’est à ces valeurs que je dois, en tant qu’homosexuel, de pouvoir vivre aujourd’hui dans l’égalité des droits. Je ressens donc comme une préoccupation “de gauche” le fait de m’engager pour défendre notre société moderne et contre l’islamisme. Je m’appuie aussi sur mes expériences d’homme de gauche pour montrer les contradictions de la gauche. Nous trahissons les valeurs que nous avons conquises avec peine, nous les livrons à nos pires ennemis et nous louons même ceux-ci comme “un enrichissement multiculturel” ».
Daniel Krause dénonce particulièrement ceux qui prétendent parler au nom des homosexuels. « Le Vert gay Volker Beck [député au Bundestag, porte-parole pendant des années de l’association allemande des gays et lesbiennes, N.d.N.] appelle régulièrement à des manifestations contre l’Église catholique. Lors de la visite du Pape à Berlin [en septembre 2011], 10.000 personnes ont ainsi manifesté contre l’homophobie au Vatican. Mais quand 5.000 islamistes homophobes et en plus prêts à la violence tiennent leurs congrès ici, Volker Beck se tait. »
Daniel Krause s’attend du reste à ce que l’islam tienne de plus en plus de place dans la vie politique allemande, en commençant par les élections de cette année. « Les musulmans sont devenus pour les grands partis une importante clientèle électorale ».
En face, il ne croit pas à une alliance entre « critiques de l’islam » de droite et de gauche, du moins en Allemagne. Selon lui, Pro Köln « grouille de nazis camouflés et dégoûtants, même si on ne s’en aperçoit pas au premier coup d’œil ». « Les critiques de droite, ou chrétiens conservateurs, de l’islam se servent d’une religion contre l’autre. Ils diabolisent souvent l’Islam, tandis qu’ils font l’apologie unilatérale du christianisme. Je trouve cela intolérant. Un homme de gauche est équilibré. Je critique aussi régulièrement le Pape. Le Coran et la Bible sont au même titre misogynes et homophobes ».
L’idéal de Daniel Krause est aux Pays-Bas, en la personne de Geert Wilders qui « continue la ligne de Pim Fortuyn. Il défend les droits des femmes et des gays contre l’Islam, sans faire l’apologie du christianisme. Avec Wilders, quelqu’un de gauche peut coopérer ». « L’Allemagne a à apprendre de la Hollande. Nous devons ici aussi défendre la tolérance occidentale contre l’intolérance islamiste ».