Les présidents se suivent, les formules toutes faites aussi. Pour son premier discours devant le parlement européen hier, François Hollande a affiché un euromondialisme en béton martelant son souhait de « faire resurgir l’envie d’Europe », car « ce qui nous menace aujourd’hui n’est plus la défiance des marchés, mais c’est celle des peuples. L’intérêt national est en train de prendre le pas sur l’intérêt européen ». Intérêt européen qui serait certainement plus fédérateur s’il n’était pas justement perçu, a contrario, comme le faux nez d’un totalitarisme du marché, ouvert à tous les mauvais vents de la mondialisation, et qui ne défend en rien les Etats et les peuples de l’Union. Le chef de l’Etat a également dénoncé comme Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy avant lui « l’euro fort » qui plomberait nos exportations et partant notre économie… M. Hollande omet de préciser que le déficit de notre balance commerciale – plus de 66 milliards d’euros - est aussi la conséquence de tares structurelles propres à la société française, qui pénalisent notre économie et auxquelles les gouvernements successifs n’ont jamais su ou voulu s’attaquer. En effet, la plupart de nos échanges commerciaux se font avec nos voisins européens qui eux aussi ont adopté l’euro… Cela n’empêche pas l’Allemagne, forte de ses grands groupes et de son formidable tissu de PME, de jouir d’une balance commerciale fortement excédentaire – plus de 200 milliards d’euros, devant la Chine – tandis que des pays comme l’Italie ou la Belgique ont également un solde positif, notamment dans leurs échanges avec la France. Mais il est tellement facile et tentant de refiler l’ardoise de ses lâchetés, de ses erreurs, de ses insuffisances, à une Europe bruxelloise à laquelle on abandonne toujours plus avant les décisions engageant notre avenir .
Dans ces conditions, il revient plus que jamais au FN de défendre une autre politique et de parler un langage de vérité aux Français. Il importe aussi que le Mouvement national gagne en crédibilité et sache engager une stratégie encore plus efficace pour convaincre les Français du bien fondé de son programme. Selon le baromètre annuel de TNS-Sofres pour France Info/Le Monde/Canal+, renouant avec le poucentage « record » de 1991, 32% de Français se disent « tout à fait » (6%) ou « assez » (26%) d’accord avec les idées du Front National et de Marine Le Pen , (63% sont en désaccord). Passant pour la première fois sous la barre des 50% seuls 47% des sondés (39% chez les sympathisants de l’UMP) estiment que le FN « représente un danger pour la démocratie » (-6 points). De même, 35% des sondés -40% des sympathisants UMP — jugent désormais que le FN « est un parti qui a la capacité de participer à un gouvernement », en hausse de 10 points sur deux ans. Autre signe de cette normalisation ( ?), 27% des personnes interrogées souhaitent des alliances locales, « au cas par cas », entre l’UMP et le FN, aux municipales de mars 2014 (37% chez les sympathisants UMP) et 25% sont favorables à un « accord national » FN-UMP (37% des sympathisants UMP) à ces élections.
Emmanuel Rivière, directeur du département Opinion chez TNS-Sofres, affirme que l’image du FN s’est améliorée sous l’impulsion de Marine , mais que la « banalisation » n’est pas pour autant acquise puisque , 63% des sondés n’ont « jamais voté » et « n’envisagent pas de voter FN à l’avenir », tandis que 81% des personnes interrogées n’adhèrent pas aux « solutions » préconisées par Mouvement national, même si 35% d’entre eux adhèrent aux « constats ».
Il est à noter que c’est au sein de la jeunesse que le FN séduit le plus, mais aussi les différences très sensibles d’appréciation entre les grandes idées défendues par le FN. Ainsi le rétablissement de la peine de mort poursuit son recul et n’est souhaité que par 32% des sondés, tout comme l’idée de supprimer l’euro et de revenir au franc, à 29%. 24% (en progression de deux points) estiment qu’ « en matière d’emploi », « on doit donner la priorité à un Français sur un immigré en situation régulière » .
C’est sur les questions touchant à l’identité française au sens large que le niveau d’adhésion est de loin le plus élevé : 54% (+3 points) trouvent qu’ « on accorde trop de droits à l’islam et aux musulmans en France » -71% chez les sympathisants UMP – 54% (+3 points) jugent qu’ « il y a trop d’immigrés en France » – 74% chez les sympathisants UMP. Il se vérifie encore que c’est pour son combat en faveur de la défense des « valeurs » de notre civilisation que le FN est le plus plébiscité. Conséquence certainement de l’offensive du lobby LGBT en faveur du mariage et de l’adoption pour les couples homosexuels, 72% des personnes interrogées (+9 points ) sont d’accord avec l’idée selon laquelle « on ne défend pas assez les valeurs traditionnelles en France. »
Lors d’une rencontre régionale samedi de l’Azione Catolica en Italie, et commentant l’adoption par l’Assemblée nationale française de l’article de loi qui ouvre le mariage aux couples de même sexe, le cardinal Angelo Bagnasco a déclaré que « nous sommes au bord du gouffre ». « L’Europe a oublié ses propres racines chrétiennes, les racines de sa propre culture et de la civilisation elle-même. En cherchant à éliminer systématiquement la religion de son propre horizon elle croit conquérir de nouvelles libertés, une autonomie inconnue à ce jour. (Mais) les pays européens qui ont validé ces lois dévoyées sur la vie, sur la famille, sur la liberté, sont en train d’apporter la preuve qu’ils n’ont pas accédé, au bout du compte, à une civilisation plus humaine ou solidaire, mais au contraire toujours plus individualiste et plus régressive. » « La famille, fondée sur l’union d’un homme et d’une femme liés par un pacte d’amour à travers le mariage et ouverts à la vie, est la cellule fondatrice de la société car c’est là qu’est assuré l’avenir des générations, et que l’on trouve la première cellule d’exercice de l’éducation et de la formation de la personne. »
Un constat qui est partagé par beaucoup, et ce rappel de l’importance de la famille, pilier de nos sociétés, et sur le délitement de laquelle prospère bien des drames, n’est pas pour déplaire aux Français, croyants ou non constate Bruno Gollnisch. Tout juste peut on regretter avec Dominique Venner que « l’Église n’a jamais engagé son influence toujours grande dans le rejet de l’immigration de peuplement extra-européenne ». « Enjeu pour l’avenir autrement plus grave et lourd de conséquences estime M. Venner que les lubies et revendications de la petite minorité homosexuelle ? Sur la question de l’immigration, contrairement à celle du mariage, l’Église n’a rien à objecter. Bien au contraire, elle prêche le devoir d’accueil de l’Autre. Un Autre , fut-il musulman, qui présente l’avantage de se référer à l’interprétation biblique de la transcendance (l’au-delà) face à l’immanence implicite d’une société européenne largement déchristianisée. »
Si l’explication mériterait d’être nuancée, il est en tout cas évident qu’il ne faudra pas compter sur les partis de droite dits libéraux pour revenir sur les mauvaises lois édictées par la gauche . Ainsi, si le parti populaire espagnol revenu au pouvoir après la défaite du parti du Premier ministre Zapatero, dont la majorité parlementaire avait légalisé le mariage gay en 2005, n’a pas aboli cette loi, le retour au pouvoir de l’UMP se solderait par la même inertie. Jamais la droite libérale ne revient sur les réformes dites « sociétales » après les avoir combattues de manière aussi théâtrale que véhémente, comme nous le constatons avec les actuels débats à l’Assemblée.
Ce qui est vrai pour ce projet de loi en faveur du mariage et de l’adoption pour tous, le sera aussi demain le droit de vote des immigrés pour peu que celui soit promulgué dans notre pays. C’est aussi la raison pour laquelle notre pays a besoin d’un FN fort et puissant, un vœu partagé par un nombre croissant de Français comme le poruve le sondage cité plus haut.
Ancien responsable de SOS racisme et actuel député PS de l’Essonne, Malek Boutih a déclaré mardi sur RMC que l’arrivée au pouvoir de la droite nationale populaire et sociale n’était plus dans le domaine du fantasme : « Je vois les idées du Front National pénétrer toutes les couches de la population, y compris dans les banlieues, dans les cités. Aucune catégorie sociale ou culturelle n’est à l’abri des idées de l’extrême droite (sic) ». «On est dans nos débats techniques, nos débats juridiques, nos débats sur le mariage pour tous, mais moi je vois les queues devant les caisses d’allocations familiales, les personnes qui couchent dans la rue… ». « Toutes les conditions sont en train de se réunir pour que (le FN, ndlr) prenne le pouvoir en France » affirme M. Boutih. Il serait temps !